Paris : marche blanche contre l'antisémitisme, en mémoire de Mireille Knoll
Plusieurs milliers de personnes, dont de nombreux politiques et représentants de la société civile, ont défilé le 28 mars en mémoire de Mireille Knoll, octogénaire juive dont le meurtre a ravivé les inquiétudes sur l'antisémitisme en France.
Organisée à Paris par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) en hommage à Mireille Knoll, octogénaire juive assassinée dans son appartement, une marche blanche a démarré le 28 mars à 18h30, depuis la place de la Nation. Selon l'AFP, des milliers de personnes se sont jointes au cortège.
Beaucoup de monde place de la Nation pour la #MarcheBlanche en mémoire de Mireille Knoll pic.twitter.com/Bq4a3GyInt
— Ebra Presse (@EBRApresse) 28 mars 2018
Guidée par des représentants de la société civile, roses blanches en main, suivi d'élus ceints de leurs écharpes tricolores, la marche a parcouru quelques centaines de mètres pour rallier l'immeuble de la victime, là où Mireille Knoll a été tuée le 23 mars, dans le XIe arrondissement.
#MireilleKnoll#Rassemblement - Les associations se rassemblement peu à peu et répondent aux questions de la presse avant le début de la marche contre l'antisémitisme pic.twitter.com/tGIkYVXUDA
— CRIF (@Le_CRIF) 28 mars 2018
Dans le carré de tête, plusieurs ministres et secrétaires d'Etat avaient pris place, dont Gérard Collomb (Intérieur), Françoise Nyssen (Culture) et Jean-Michel Blanquer (Education).
Non à l'antisémitisme.
— Jean-Michel Blanquer (@jmblanquer) 28 mars 2018
Je manifesterai à 18h30 à Nation avec tous ceux que révulse l'assassinat de Mme Knoll.#marcheblanche
Des représentants de tous les partis, dont le délégué général de La République en marche (LREM) Christophe Castaner, le président des Républicains (LR) Laurent Wauquiez, le président du Sénat Gérard Larcher (LR), la maire de Paris Anne Hidalgo (PS) et le secrétaire général du Parti communiste français (PCF) Pierre Laurent étaient également sur place.
«C'est un très beau symbole de voir autant de monde rassemblé», a commenté au micro de RT France Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat, présent dans le cortège.
Plusieurs associations juives, parmi lesquelles la section parisienne de l'American Jewish Committee (AJC), étaient également présentes.
Nous sommes présents à la #Marcheblanche pour honorer la mémoire de #MireilleKnoll, soutenir ses proches et défendre nos valeurs républicaines. pic.twitter.com/tjQqGCgS1v
— AJC Paris (@AJC_Paris) 28 mars 2018
D'autres rassemblements ont eu lieu à Marseille (environ 800 personnes), Strasbourg (700), Lyon (500), Nantes (200) et Bordeaux (200), selon des correspondants de l'AFP et la police.
Les insoumis et le Front national indésirables, Le Pen et Mélenchon hués
L'arrivée dans le cortège du chef de file de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon et de la présidente du Front national (FN) Marine Le Pen, dont la venue n'était pas souhaitée par le CRIF au nom du rejet des «extrêmes» dans lesquelles les antisémites seraient «surreprésentés», a créé des bousculades et une certaine confusion.
Des représentants de LFI et du FN se sont fait abondamment siffler par plusieurs dizaines de jeunes.
#Melenchon et Marine #LePen participeront à la marche blanche en hommage à #MireilleKnoll malgré le refus du #Crif
— RT France (@RTenfrancais) March 28, 2018
➡️https://t.co/h3Huud7RTH#France#Politique#LFI#FNpic.twitter.com/uB1AqcScD4
Aussi, des jeunes ont crié «insoumis, dehors !» à la venue de Jean-Luc Mélenchon. «Vous êtes une honte», a lancé un homme dans la foule, dans une ambiance tendue.
A son arrivée sur les lieux, Marine Le Pen a pour sa par été longuement huée par la foule, aux cris de «nazis, fachos».
Nous sommes à notre place ici, ils se trompent d'ennemis
Marine Le Pen huée à la #Marcheblanche#MireilleKnollpic.twitter.com/lW4taYZYSS
— David Nguyen (@Davidnguyen110) 28 mars 2018
«Nous sommes à notre place ici, ils se trompent d'ennemis», a rétorqué la présidente du FN à ses détracteurs, d'après Adrien Borne, journaliste de LCI. Marine Le Pen comme Jean-Luc Mélenchon ont toutefois dû se résoudre à quitter le cortège en empruntant des rues adjacentes.
Le président du CRIF, Francis Kalifat, avait pourtant prévenu qu'ils ne seraient pas les bienvenus. Il avait en effet estimé sur le plateau de BFMTV que les membres du FN et de LFI étaient «parfois des vecteurs d'antisémitisme» en France et que «la haine d'Israël» était «aussi la haine des juifs en réalité».
Ce même jour, des voix s'étaient élevées pour défendre le droit du FN à participer à la marche. Le médiatique ex-magistrat Philippe Bilger avait par exemple jugé «saugrenue» la position du CRIF.
Totalement saugrenu de la part du @Le_CRIF de s'opposer à la présence du #FN dans la marche blanche en hommage à cette malheureuse juive assassinée comme si l'antisémitisme n'était pas aujourd'hui le fait de l'islamisme ou de jeunes fanatisés des banlieues @Le_Figaro
— Philippe Bilger (@BilgerPhilippe) 27 mars 2018
«Je suis choquée par ce refus, cette marche n'appartient pas au CRIF», avait fait valoir Rachida Dati (LR), maire du VIIe arrondissement de Paris sur BFMTV.
Emmanuel Macron aux obsèques religieuses de Mireille Knoll
Plus tôt dans la journée, le président de la République Emmanuel Macron avait assisté au cimetière parisien de Bagneux (Hauts-de-Seine) aux obsèques religieuses de Mireille Knoll. «[Elle a été] assassinée parce qu'elle était juive», avait-t-il également déclaré quelques heures avant, lors de l'hommage national rendu au gendarme Arnaud Beltram aux Invalides, voyant en Mireille Knoll une victime du même «obscurantisme barbare» que le colonel de gendarmerie tué dans l'Aude.
Le Consistoire israélite devait organiser après la marche une cérémonie de recueillement dans une synagogue parisienne en mémoire de la disparue.
Mireille Knoll, 85 ans, a été poignardée le 24 mars dans son appartement avant que ses assassins ne mettent le feu à son logement. Le caractère antisémite du crime a été retenu par la justice et deux hommes ont été interpellés. La justice les a inculpés le 27 mars pour «homicide volontaire à raison de l'appartenance vraie ou supposée de la victime à une religion».