L'ancien porte-parole de Macron, Laurence Haïm, relaie une «fake news» de 2014 sur la Syrie
La journaliste, qui avait rejoint la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron, s'est illustrée sur Twitter en reprenant une fausse information, avant de s'excuser. Et ce alors même que le gouvernement planche sur une loi contre les fake news.
Heureusement, le projet de loi contre les «fake news» voulu par le gouvernement, qui envisage notamment d’accroître les pouvoirs du CSA et de sévir davantage contre la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux, n'est pas encore en vigueur.
Laurence Haïm, qui s'est fait connaître comme journaliste de télévision, notamment en devenant correspondante pour les médias français aux Etats-Unis, puis en assurant le rôle de porte-parole d'Emmanuel Macron pendant sa campagne, a ainsi eu un moment d'égarement sur Twitter le 11 mars en relayant une information erronée datant de 2014.
Sur la photographie qu'a retweetée la journaliste, on voit un enfant et des bénévoles humanitaires, avec une légende qu'elle a écrite : «Photo de la semaine circulant dans notre monde sur les réseaux. 4 mars. Un enfant migrant de 4 ans entre la Syrie et la Jordanie croise une équipe d'UNHCR. Il a dans son petit sac les vêtements de sa mère et sœur tuées en Syrie.»
Malheureusement pour l'ancienne porte-parole d'Emmanuel Macron, il s'agit d'une fausse nouvelle qui avait déjà été démontée en 2014 par des journalistes, manifestement plus scrupuleux qu'elle, notamment dans le journal britannique The Guardian.
Le quotidien d'outre-Manche avait alors expliqué que l'enfant, renommé Marwan à l'époque pour respecter son anonymat, n'était pas du tout en train d'errer seul dans le désert, mais qu'il faisait en fait partie d'un plus large groupe de personnes qu'on voyait apparaître sur une autre photographie.
S'il s'agit bien de Syriens épuisés, fuyant les conflits et traversant la frontière syrio-jordanienne, le mystère demeure quant à l'affirmation de Laurence Haïm à propos du contenu du sac de l'enfant.
Déjà en 2014, les internautes et les lecteurs avaient été nombreux à s'émouvoir de cette séquence en plein cœur de la crise syrienne lorsque la communication des Nations unies avait tweeté l'image en précisant : «Voici le petit Marwan, 4 ans, qui a été temporairement séparé de sa famille...»
La nouvelle avait été reprise par un présentateur de CNN sur Twitter, qui ajoutait que l'enfant était «seul»... Il s'était ensuite avéré que l'enfant n'avait été séparé de sa famille que pendant dix minutes, le temps d'une photographie, avant de retrouver sa mère, comme l'avait fait savoir le photographe.
Fake news ?
Alors que le gouvernement d'Emmanuel Macron prépare actuellement une loi sur les fake news que le Syndicat national des journalistes (SNJ) qualifie de «forme de censure», Laurence Haïm, anciennement proche de l'actuel président aurait peut-être dû tourner sept fois autour de son clavier avant de retweeter. Elle s'est en tout cas rendue compte de son erreur, plusieurs heures après, et a relayé l'article du Guardian, commentant : «La photo circulait sur les réseaux, ce que j'ai vu et bien précisé. Le Guardian a enquêté sur la date. Le drame syrien demeure. Toutes mes excuses.»
https://t.co/YfGrp9T1wN circulait sur les reseaux ce que j ai vu et bien precise. . Le Guardian a enquete sur la date.
— LAURENCE HAIM (@lauhaim) 12 mars 2018
Le drame syrien demeure. Toutes mes excuses.
S'il semble donc que la journaliste n'avait pas l’intention de diffuser une information erronée, il n'en reste pas moins qu'elle a relayé, au sens strict du terme, une fausse information. Un cas d'école sur lequel le gouvernement pourrait se pencher pour affiner son projet de loi, en répondant à une question essentielle : comment définir ce qu'est une «fake news» ?
Laurence Haïm avait brutalement quitté l'équipe d'Emmanuel Macron en juillet 2017 lorsque Le Canard enchaîné avait révélé qu'une fois élu, le nouveau président français lui avait refusé un poste d'ambassadeur. Une prétention que la principale intéressée avait réfutée.