Saint-Etienne-du-Rouvray : le renseignement militaire aurait été au courant d'un projet d'attentat
Le Canard enchaîné fait de nouvelles révélations concernant l'un des terroristes de Saint-Etienne-du-Rouvray : son profil et son intention de passer à l'acte auraient été signalés à la direction du renseignement militaire.
Dans son édition du 31 janvier, le Canard enchaîné fait de nouvelles révélations concernant l'attaque terroriste survenue en juillet 2016 à Saint-Etienne-du-Rouvray, lors de laquelle le prêtre Jacques Hamel avait été assassiné dans son église. Selon le quotidien, la direction du renseignement militaire (DRM) était au courant de la dangerosité de l'un des auteurs de l'attaque, Adel Kermiche.
Si Mediapart avait déjà révélé que la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP) pistait Adel Kermiche sur internet, le Canard Enchaîné affirme que la DRM s'était infiltrée dans la chaîne Telegram où celui-ci publiait des menaces à l'encontre d'églises sous le pseudonyme de «Jayyed». Les 22, 25 et 26 juillet, la DRM aurait même rédigé trois bulletins de renseignement classés «secret défense» à ce sujet avant de les transmettre à une cellule de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).
Seul problème : la première de ces notes aurait été envoyée un vendredi... soit juste avant le week-end, et n'aurait donc pas été lue. La deuxième aurait été reçue par la DCRI un lundi, qui n'en aurait pas non plus pris connaissance dans l'immédiat. Quant à la troisième, lorsque le représentant de la DRM au sein de la DCRI en aurait pris connaissance, il était déjà trop tard : le père Hamel avait été tué quelques heures après son envoi.
Une troisième alerte se serait également perdue dans les rouages du renseignement. Le 21 juillet, le Service central du renseignement territorial (SCRT) aurait ainsi envoyé une note à tous les services de police. Celle-ci évoque les appels à commettre des attentats contre des églises diffusés par «Jayyed» sur les réseaux sociaux : une photographie est même jointe au document, que la DCRI reçoit, sans pour autant juger nécessaire d'activer une procédure d'urgence.