L'exposition d'animaux de cirque au froid de la place de la République provoque de vives réactions
Des cirques ont emmené sur la place de la République les animaux qu’ils utilisent lors de leurs représentations, pour protester contre le harcèlement dont ils affirment faire l'objet de la part de «groupuscules animalistes». Les réactions ont fusé.
Dans la matinée du 17 janvier, surprise pour les Parisiens arpentant la place de la République : zébus, singes, chameaux et zèbres, exposés à des températures hivernales, y contemplaient les passants d’un œil morne. Drôle d’endroit pour une rencontre avec ces bêtes sauvages, mais qui se sont avérés être des animaux de cirque. Leur présence, dans des enclos, a déclenché la colère d'associations et de nombreux internautes.
L'association de protection des animaux 30 millions d'amis et la fondation Brigitte Bardot se sont ainsi fendus de tweets indignés.
Des animaux de #cirque en pleine Place de la République avec des températures de 0ºC. ressenties ?! Mme @Anne_Hidalgo, Paris ne devait-elle pas être la capitale d’un #cirqueSANSanimaux sauvages ?! Où est la cohérence ? pic.twitter.com/P4TVMMYNVN
— 30 Millions d'Amis (@30millionsdamis) 17 janvier 2018
Aujourd'hui, place de la République à Paris, des animaux sauvages sont exhibés dans leurs cages de transport pour défendre un cirque archaïque, banni dans de nombreux pays, qui réduit l'animal à l'esclavage. @N_Hulot agissez... Oui aux cirques SANS animaux ! pic.twitter.com/wXachpDIHB
— FONDATION B. BARDOT (@FBB_PORTEPAROLE) 17 janvier 2018
Parmi les internautes, l'un note avec ironie que les animaux «ont l'air vraiment ravis et à leur aise».
Le cirque Zavatta s’est installé place de la République. Les animaux ont l’air vraiment ravis et à leur aise. 😡 pic.twitter.com/2eDsaJmNVa
— Clémence Leleu (@clemenceleleu) 17 janvier 2018
Quelqu'un m'explique en quel honneur on expose des chameaux, des lamas et autres animaux "exotiques" sur la place de la République dans des micro-enclos au milieu de la circulation en janvier à Paris par 4 degrés ? @FBB_PORTEPAROLEpic.twitter.com/XwkF4qpGHj
— Mickael (@_Mick____) 17 janvier 2018
Cette militante pour le droit des animaux a fait le tour de la place en vidéo, pour dénoncer la présence animale sur la place.
@JihemDoe et les autres #parisiensvegan amis #animalistes et #antispecistes voici le #spectacle tragique sur la #placedelarepublique#agissons !! pic.twitter.com/jM7qF3Ijem
— Yayya Ⓥ (@yayyascopes) 17 janvier 2018
Même si de nombreux passants l’ignoraient, en montrant leurs animaux, les cirques venaient protester contre le harcèlement dont ils affirment faire l'objet. Une vingtaine de cirques, dont celui des Zavatta, avaient répondu à l'appel de l'association de défense des cirques des familles, l'ADCF, qui estime être en butte aux «groupuscules animalistes».
Anthony Dubois, son président, a déclaré au Parisien que ces derniers harcelaient «les pouvoirs publics en déversant des tombereaux d’insultes sur la profession du cirque» et qu’il était temps, pour eux, de s'«expliquer et d’aller à la rencontre des Parisiens».
Venez découvrir par vous même les animaux du cirque le 17 janvier place de la République a paris pic.twitter.com/EAeVgwFPac
— dubois anthony (@dubgdv) 12 janvier 2018
Anne Hidalgo en pleine contorsion sur la question des animaux de cirque
L'étonnement de certains Parisiens à l'égard de cet événement peut venir du fait qu'une proposition relative à l'interdiction des animaux de cirque a été votée le 13 décembre 2017.
Un internaute a ainsi relevé que la tenue de l'événement était «contradictoire» avec les récentes déclarations d'Anne Hidalgo.
Je ne comprends pas @Anne_Hidalgo un cirque s’installe place de la République. Des animaux en cage ou parqués. Un peu contradictoire avec vos déclas récentes sur les cirques dans Paris non ? pic.twitter.com/V22sBVxwFK
— Julien Pescatore 🐠 (@julienpescatore) 17 janvier 2018
«Tous les élus parisiens ont voté le 13/12/2017 le vœu d'Anne Hidalgo de bannir les cirques avec animaux», critique cet internaute.
@Parisjecoute tous les élus parisiens ont voté le 13/12/17 le voeu d’Anne Hidalgo de bannir les cirques avec animaux sauvages. Ce matin un cirque s’installe place de la République avec zèbres, et autres animaux non domestiques. Totale incomprehension au delà du pb sanitaire 🤪
— Pierre Chanal (@PierreChanal75) 17 janvier 2018
Mais la réalité est bien plus complexe. Le Conseil de Paris a eu à évaluer l'interdiction des animaux dans les cirques, à la demande d'élus écologistes et UDI-Modem à la mi-décembre.
Ces derniers sont opposés à leur exploitation et déplorent le confinement, les mauvais traitements, le stress endurés par les bêtes hors de leur milieu naturel. La mort d'une tigresse échappée d'un cirque en novembre, et abattue par son propriétaire dans le XVe arrondissement de Paris, venait à l'appui de la requête. Mais les socialistes se sont opposés à l'interdiction immédiate des animaux dans les cirques de Paris. Toutefois le Conseil a adopté à l'unanimité un texte qui s'engage à interdire sous conditions l'utilisation d'animaux sauvages dans les cirques à Paris, dont Anne Hidalgo s'était fait l'écho.
#Paris s'est engagée mercredi à devenir une ville sans animaux sauvages dans les cirques. Merci aux conseillers de Paris qui ont adopté à l'UNANIMITÉ cette proposition que je leur soumettais avec mon adjointe @PKOMITES. 👍
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 13 décembre 2017
Ce souhait est, précisément, conditionné à une concertation avec ces professionnels du spectacle. Le texte appelle l'Etat à organiser des réunions avec les circassiens pour étudier le futur des animaux en question... et repousse, de fait, l'interdiction aux calendes grecques.
Les opposants à l'exploitation animale dans les spectacles ont donc obtenu un résultat en demi-teinte. Jacques Boutault, maire écologiste du IIe arrondissement l'avait déploré : «Nous regrettons que l’exécutif n’ait pas eu le courage de prendre clairement position pour des cirques sans animaux sauvages sur son territoire». L'élu Modem Yann Wehrling avait exprimé ses regrets sur Facebook : «Déçu du rejet de mon vœu.»