Une loi pour contrôler internet au nom des «fake news» ? L'annonce de Macron fait polémique
Le président a annoncé une montée en puissance de l'Etat dans le contrôle des informations circulant sur internet. Certains pointent les limites d'un dispositif où la presse classique et la puissance publique sont à la fois juge et partie.
Ce 3 janvier 2017, lors de ses vœux à la presse, Emmanuel Macron a annoncé que la puissance publique allait se saisir de la qualité des informations diffusées sur internet, au nom de la «liberté d'expression» et de la «vitalité démocratique». «En cas de propagation d'une fausse nouvelle, il sera possible de saisir le juge [afin] de supprimer le contenu mis en cause, de dé-référencer le site, de fermer le compte utilisateur concerné, voire de bloquer l'accès au site internet», a-t-il martelé, dénonçant la «propagande» et les «fake news», non seulement de la part des internautes sur les réseaux sociaux, mais aussi de médias, notamment «étrangers».
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La déclaration a suscité plusieurs réactions au sein de la classe politique. Le maire de Bordeaux et candidat malheureux à la primaire de la droite et du centre, Alain Juppé, a salué l'annonce d'Emmanuel Macron. «Combattre les fake news, c'est protéger la démocratie», a-t-il jugé sur Twitter.
En plein accord avec @EmmanuelMacron.
— Alain Juppé (@alainjuppe) 3 janvier 2018
Combattre les "Fake News" c'est protéger la démocratie.
Il est aussi essentiel de former les plus jeunes à l'esprit critique.
«Ca pose des questions plus fondamentales : où commence la fake news, où s'arrête-t-elle ?» s'interroge pour sa part François Kalfon (PS), conseiller régional d'Ile-de-France, ajoutant : «Ce n'est pas si simple que ça de légiférer sur ces sujets-là.»
"Fake News": Kalfon ironise sur les promesses de campagne non tenues de Macron pic.twitter.com/2akMHC8glE
— BFMTV (@BFMTV) 3 janvier 2018
Le Front national condamne pour sa part la judiciarisation de la désinformation. Marine Le Pen se demande qui exactement décidera de ce qui est vrai ou faux dans le cadre de la lutte contre les fausses informations.
Qui va décider si une information est fausse ? Des juges du Syndicat de la Magistrature ? Le gouvernement ? MLP #VoeuxÀLaPressehttps://t.co/ABxEL6QnW8
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 3 janvier 2018
Dans un autre tweet, la présidente du FN s'interroge encore : «La France est-elle toujours une démocratie si elle musèle ses citoyens ?»
Contrôle de la parole libre sur internet, judiciarisation supplémentaire de la société : la France est-elle toujours une démocratie si elle musèle ses citoyens ? Très inquiétant ! MLPhttps://t.co/Z0A1EYpQkC#VoeuxÀLaPresse
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 3 janvier 2018
Steeve Briois, maire frontiste d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), a jugé les propos d'Emmanuel Macron «inquiétants». «Bientôt l'annonce de la création d'un orwellien Ministère de la Vérité ?», a-t-il écrit sur Twitter, en référence au roman dystopique de George Orwell, 1984.
Très inquiétants propos d'Emmanuel Macron dans ses #VoeuxÀLaPresse, remettant gravement en cause la liberté d'expression et d'opinion sur Internet, sous prétexte de lutte contre les "fake news". Bientôt l'annonce de la création d'un orwellien Ministère de la Vérité ?
— Steeve Briois (@SteeveBriois) 3 janvier 2018
Florian Philippot, qui a quitté le FN pour fonder son propre parti, Les Patriotes, craint qu'Emmanuel Macron ne mette un «étouffoir» sur la liberté d'expression sur internet.
Macron veut mettre l’étouffoir sur Internet en période électorale : retrouvez mon communiqué de presse ➡️ https://t.co/58ehJjTc7p#voeuxpressepic.twitter.com/oZ1QzY1Qac
— Florian Philippot (@f_philippot) 3 janvier 2018
Le député de La France insoumise Loïc Prud'homme a pour sa part choisi l'ironie, évoquant les «fake news du gouvernement Macron».
Les #FakeNews du gouvernement #Macron :
— Loïc Prud'homme (@Prudhomme2017) 3 janvier 2018
- les chômeurs refusent de travailler
- les sdf refusent d'être logés
Ben y'a du boulot pour remettre un minimum d’honnêteté dans cette #FakePolitique ...
#VoeuxALaPresse#Macron veut "une saine distance" entre le pouvoir et les journalistes. Je salue cette extraordinaire capacité à dire avec aplomb le contraire de ce qu'il fait. Qu'en pensent Bruno Roger-Petit @PPElysee et Laurence Haïm @lauhaim ? pic.twitter.com/fWSTME0Xdk
— Loïc Prud'homme (@Prudhomme2017) 3 janvier 2018