«Une stupidité»? Des téléphones fixes dans chaque cellule de prison, la décision qui fait polémique
- Avec AFP
Le ministère de la Justice a décidé d'équiper les cellules de prison de téléphones fixes afin, entre autres, d'aider les détenus à maintenir un lien avec leurs proches. Le FN grince des dents et Debout la France juge qu'il s'agit d'une «stupidité».
Un téléphone fixe par cellule en prison : cette initiative inédite du ministère de la Justice vise à aider les détenus à maintenir un lien avec leurs proches, et aussi à mieux lutter contre le trafic de portables.
Les détenus pourront appeler quatre numéros autorisés par le juge ou l'administration pénitentiaire. L'objectif, a expliqué la Chancellerie à l'AFP, est d'avoir «un téléphone par cellule», à l'exception des quartiers disciplinaires. Plus de 50 000 cellules de 178 établissements pénitentiaires seront concernées, selon Le Monde, qui a révélé l'information. Un appel d'offres pour une concession de dix ans a été lancé par la Chancellerie.
Une décision qui fait polémique
«Bonne nouvelle pour les personnes détenues», a salué, dans un tweet, l'Observatoire international des prisons (OIP), une ONG française qui défend les droits des prisonniers. «Un téléphone par cellule, cela permet de maintenir l'intimité quand on parle à sa famille. Plus encore, le fait de pouvoir appeler quand on le veut va permettre de parler à ses enfants après leur retour de l'école», a expliqué à l'AFP François Bes, de l'OIP.
Bonne nouvelle pour les personnes détenues : le ministère de la Justice va installer un téléphone dans chaque cellule de #prisonhttps://t.co/jJPo9ZD3PR
— OIP (@OIP_sectionfr) 2 janvier 2018
«Le problème, c'est le coût trop élevé des communications. Actuellement, l'appel, facturé à la minute, coûte environ 80 centimes. Si on applique les 20% de réduction négociés à Montmédy, on arrivera à environ 65 centimes la minute, ce qui reste beaucoup trop cher pour la plupart des détenus», ajoute-t-il.
Aujourd’hui, @lemondefr nous apprend que le ministère de la Justice a lancé un appel d'offres pour équiper les cellules des prisons françaises en téléphone.
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 2 janvier 2018
Retrouvez mon dernier communiqué de presse : #Prisons : ils sont devenus fous !
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Son de cloche radicalement différent du côté de Nicolas Dupont-Aignan, qui a estimé dans un communiqué : «Après les événements intolérables survenus à Champigny, la seule réponse du ministre de la Justice est donc d'assurer davantage de confort aux détenus avec une décision d'une stupidité sans doute jamais atteinte.»
Selon le président de Debout la France, celle-ci engendrera «la fragilisation du système carcéral avec un risque d’évasion accru» et permettra aux personnes incarcérées «de piloter leurs trafics depuis les murs de la prison». «Par son idéologie laxiste teintée de fausse compassion, le gouvernement, dans la droite lignée de son prédécesseur, a choisi son camp : celui des bandes qui dévalisent, violentent ou dépouillent dans nos quartiers, celui des caïds et des voyous qui pourrissent la vie de nos concitoyens», s'est-il indigné.
Face au trafic de téléphones portables en prison, le Ministère de la Justice va sévir ? Non, il va abdiquer et installer des téléphones pour les détenus... Bientôt également des distributeurs de chichon dans chaque cellule ? https://t.co/JO215KFkAm
— David Rachline (@david_rachline) 2 janvier 2018
«Face au trafic de téléphones portables en prison, le ministère de la Justice va sévir ? Non, il va abdiquer et installer des téléphones pour les détenus... Bientôt également des distributeurs de chichon dans chaque cellule ?», a tweeté de son côté le maire Front national de Fréjus, David Rachline.
Une première expérimentation concluante
Ce dispositif était expérimenté depuis juillet 2016 dans la prison de Montmédy (Meuse). Une expérimentation concluante, qui a «permis d'apaiser les tensions» dans cet établissement, selon le ministère. «Cela favorise la réinsertion, en maintenant les liens familiaux», a-t-on expliqué.
Actuellement, les détenus ont accès à des cabines téléphoniques situées notamment sur les coursives. «Mais les personnels doivent accompagner [les détenus], ce qui demande du temps et de la disponibilité. C'est donc compliqué», a mis en avant la Chancellerie. «Parfois, un détenu a quatre personnes avant lui pour accéder au téléphone sur la coursive. Et quand c'est son tour, il faut retourner en cellule. Cela crée de la tension», raconte Christopher Dorangeville, secrétaire général de la CGT Pénitentiaire.