A peine arrivée au Conseil national du numérique, la militante Rokhaya Diallo est sur la sellette
Après la controverse sur la nomination de Rokhaya Diallo au Conseil national du numérique, Mounir Mahjoubi, secrétaire d'Etat au Numérique, demande à la présidente du Conseil de revenir sur sa décision. Une nouvelle liste sera publiée le 18 décembre.
Mounir Mahjoubi, secrétaire d'Etat au Numérique veut plus de «sérénité» au Conseil national du numérique. Le 13 décembre, après que plusieurs membres du gouvernement se sont inquiétés de la présence de la militante Rokhaya Diallo, adversaire du «racisme d'Etat», au sein de cette institution, il demande à la présidente du Conseil, Marie Ekeland, de revenir sur ce choix.
Dans un communiqué du secrétariat d'Etat au Numérique, il est précisé : «Ce conseil a pour rôle d'orienter les politiques du gouvernement sur les aspects numériques et de penser les transformations du monde. [...] Nous avons souhaité, par souci de bonne gouvernance et afin que le débat démocratique puisse avoir lieu, que le Conseil puisse agir en indépendance, compte tenu de l'importance des sujets à traiter. Dans ce contexte, la présidente du Conseil a pu, ce qui est inédit, composer son équipe, en intégrant des points de vue dont certains peuvent être différents de ceux du gouvernement.»
Le Conseil national du numérique a besoin de sérénité pour travailler
Dans ce courrier signé de sa main, Mounir Mahjoubi ajoute : «Cependant, et eu égard encore une fois à l'ampleur des enjeux qui sont les siens, le Conseil national du numérique a besoin de sérénité pour travailler, et les derniers échanges sur la composition du Conseil soulignent que ces conditions ne sont pas pleinement réunies.»
Mounir Mahjoubi a demandé à Marie Ekeland de proposer une nouvelle composition du CNNum, qui a "besoin de sérénité pour travailler". pic.twitter.com/AcHfX4BSql
— Lucie Ronfaut (@LucieRonfaut) 13 décembre 2017
Si le Conseil national du numérique est censé être une commission consultative indépendante du gouvernement, sa présidente proposera cependant une composition de ses effectifs revue et corrigée la semaine du 18 décembre. Aux côtés de Rokhaya Diallo, on trouve également le rappeur Axiom et la romancière engagée Flore Vasseur.
Découvrez les 30 nouveaux membres du @CNNum >> https://t.co/afv2qVNAkFpic.twitter.com/FsbLyGLapd
— CNNum (@CNNum) 11 décembre 2017
Mais, visiblement, c'est bien la nomination de la militante Rokhaya Diallo qui suscite la polémique et pousse le secrétaire d'Etat à demander une recomposition du Conseil. La jeune militante, également chroniqueuse pour l'émission Touche pas à mon poste, est directement mise en cause par la députée Les Républicains (LR) Valérie Boyer dans une lettre publiée sur son compte Twitter.
L'élue des Bouches-du-Rhône y évoque également certaines sorties controversées du rappeur Axiom et appele le Premier ministre à reconnaître ses «contradictions» : «Vous mettez en avant Rokhaya Diallo qui parle de "femmes racisées" et le rappeur Axiom qui associe les Français à des "porcs". Je cite : "Je m'appelle Hicham et pas Stéphane, voilà qui dérange les porcs."»
Valérie Boyer rappelle également les propos de la militante sur le voile islamique : «Vous souhaitez faire de l'égalité entre les femmes et les hommes une grande cause nationale et en même temps, vous nommez Rokhaya Diallo qui considère le voile comme un "marqueur de féminité".»
Nominations de @RokhayaDiallo et du rappeur #Axiom au Conseil national du numérique : alors que les Français exigent de leurs responsables politiques de la cohérence, je souhaite mettre la lumière sur plusieurs contradictions d'@EPhilippePMpic.twitter.com/0YsMOd9ZFw
— Valérie Boyer (@valerieboyer13) 13 décembre 2017
La députée fait ainsi référence à une phrase prononcée par Rokhaya Diallo lors d'une interview datant du 30 novembre. Elle y a déclaré : «Je ne vois pas en quoi le fait de marquer la féminité par un voile, c'est plus sexiste que de le marquer par des talons aiguilles ou minijupe.»
Le 12 décembre, alors que les internautes s'émouvaient sur Twitter de la nomination de la militante, cette dernière répondait à ses contempteurs : «Je n’ai pas le droit de collaborer avec les instituons de mon propre pays parce que j’ose dire publiquement qu’elles sont imparfaites ? Quelle étrange conception de la démocratie.»