A un an du référendum d'indépendance, Edouard Philippe en visite en Nouvelle-Calédonie

A un an du référendum d'indépendance, Edouard Philippe en visite en Nouvelle-Calédonie© Marc Le Chelard Source: AFP
Quartiers résidentiels de Nouméa
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Le gouvernement calédonien est parvenu à mettre un terme à la crise politique qui paralyse la collectivité ultramarine depuis trois mois juste avant la visite d'Edouard Philippe, et un an avant le référendum d'autodétermination.

A peine quelques heures avant l'arrivée du Premier ministre Edouard Philippe en Nouvelle-Calédonie ce 1er décembre, le gouvernement de cette collectivité d'outre-mer est parvenu à mettre un terme au blocage politique en cours depuis fin août. A un an du référendum qui doit permettre aux habitants de décider du futur statut de la Nouvelle-Calédonie, la situation sur place est loin d'être apaisée.

Au terme de longues négociations, indépendantistes et partisans d'un lien avec la métropole sont parvenus à se mettre d'accord pour élire un chef de l'exécutif – il s'agit du président du gouvernement sortant Philippe Germain (membre de Calédonie ensemble, parti classé à droite). Sans doute l'imminence de la visite d'Edouard Philippe a-t-elle permis une accélération des discussions. «Si on n'avait pas eu un gouvernement en ordre de marche, le Premier ministre n'aurait vu qu'un factotum, et non un président de plein exercice», a souligné auprès de l'AFP le député Philippe Gomès, membre du groupe parlementaire des Constructifs.

Dans une déclaration commune lue solennellement devant la presse, les élus calédoniens ont exprimé leur «volonté partagée d'ouvrir un dialogue approfondi entre les formations indépendantistes et non-indépendantistes afin de préparer l'échéance du référendum et son lendemain». 

Des insatisfactions et une incertitude

Si les élus calédoniens ayant contribué à l'accord de gouvernement se félicitent d'«un message important qui est adressé aux Calédoniens à quelques mois du référendum», d'autres, à l'instar des Républicains calédoniens (qui ne comptent qu'un seul représentant au sein de l'exécutif), dénoncent des compromis concédés aux partisans de l'indépendance – à laquelle ils sont eux-mêmes farouchement opposés. Selon eux, l'accord obtenu juste avant le voyage du Premier ministre acterait «de nouveaux transferts de compétences à la Nouvelle-Calédonie, éloignant un peu plus celle-ci de la République», comme ils le notent dans un communiqué.

D'autre part, l'issue du référendum demeure encore incertaine. Peu de sondages ont été réalisés. Selon une enquête de l'Institut I-Scope pour Caledonia, rendue publique en mai dernier, plus de 54% des personnes inscrites sur les listes électorales se prononceraient contre. Mais, avec un taux d'indécis qui tourne autour de 20%, tout reste possible. Dans ce contexte, la démographie joue un rôle primordial : les Kanaks, population mélanésienne autochtone, sont très majoritairement indépendantistes... mais minoritaires au sein du corps électoral – ils représentent 40% de la population.

La Nouvelle-Calédonie jouit d'un statut très particulier et unique en son genre. Elle dispose de prérogatives exceptionnelles concernant le droit du travail, la réglementation des hydrocarbures ou encore le droit de vote, qui est fortement restreint puisqu'il faut résider sur le territoire depuis un certain temps pour participer aux élections provinciales. Outre ces critères exorbitants, sujets de nombreux litiges juridiques et constitutionnels, la Nouvelle-Calédonie profite de larges transferts de compétences de la métropole, qui se cantonne à ses missions régaliennes.

Un feuilleton politique qui a traversé les décennies

Depuis Djibouti en 1977, jamais la France n'a accordé d'indépendance à une portion de son territoire. L'issue de ce référendum sera de toute façon historique, puisqu'il viendra théoriquement clore un feuilleton à rebondissement qui dure depuis plusieurs décennies. Au printemps 1988, après plusieurs années de tensions, 19 Kanaks avaient séquestré des gendarmes dans une grotte d'Ouvéa. Deux d'entre eux seront tués, ainsi que deux gendarmes. 

Faisant suite à cette crise, les accords de Matignon sont signés le 26 juin 1988 entre indépendantistes et non-indépendantistes, après des discussions conduites par le Premier ministre de l'époque, Michel Rocard. Ratifié par un référendum organisé dans toute la France, le texte prévoit l'organisation d'un référendum dans les dix ans. Or, cette échéance dépassée, aucun vote n'a encore été organisé, et Lionel Jospin, qui siège désormais à Matignon, doit concéder d'importants transferts de compétences (police, justice, éducation...) pour obtenir un nouveau consensus : l'accord de Nouméa, signé en 1998. 

C'est en vertu de ce texte qu'un référendum d'autodétermination doit être organisé d'ici 2018. Il appartient désormais au nouveau Premier ministre, Edouard Philippe, de se pencher sur ce dossier qui a traversé les majorités successives depuis 30 ans. Et la tâche ne sera pas aisée. Car, si «le calendrier est serré», comme en convient Matignon, les modalités du scrutin sont loin d'être simples à régler, et l'on ignore pour l'instant la question qui sera posée.

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