Polémique Houria Bouteldja à Limoges : l'organisateur du colloque assume et s'attaque aux opposants

Polémique Houria Bouteldja à Limoges : l'organisateur du colloque assume et s'attaque aux opposants© Babsy
La faculté de lettres et des sciences humaines de Limoges a finalement renoncé à inviter Houria Bouteldja, porte-parole des Indigènes de la République
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Joint par RT France, le professeur Philippe Colin assume l'invitation à un colloque universitaire faite à Houria Bouteldja, souvent taxée de «racialisme». Un débat qui a dû être annulé face au front qu'il juge «réductionniste sur la laïcité».

L'université de Limoges est au cœur d'une polémique depuis plusieurs jours. En effet, à l'initiative du chercheur Philippe Colin, l'un de ses laboratoires de recherche en Sciences humaines avait invité Houria Bouteldja, membre des Indigènes de la République, personnalité controversée jugée comme «racialiste» par certains politiques et associations. La faculté avait donc proposé pour ce 24 novembre un «séminaire d'études décoloniales», qualifié de «scientifique» par l'université, pour débattre avec la militante, après la parution de son livre, lui aussi polémiqueLes Blancs, les Juifs et nous : vers une politique de l'amour révolutionnaire (La Fabrique Editions).

Mais face au tollé qu'a suscité cette invitation, le professeur Philippe Colin a estimé, par un communiqué, que «les conditions d'un débat scientifique raisonnable et serein n'étaient plus réunies». 

Un bloc, de la gauche à l'extrême droite, aurait fait plier l'université

Contacté par RT France, Philippe Colin ne comprend pas cet acharnement et accuse «les conditions d'hystérie collective actuelles» : «On a eu des réactions très violentes à la fois à l'intérieur de l'université et hors de l'université [avec] des élus régionaux et locaux qui se sont positionnés contre la venue d'Houria Bouteldja.»

Philippe Colin s'en prend également à ce qu'il appelle «une alliance de fait» dans «un bloc très large» constitué pour le maître de conférence «d'une gauche qui a une conception [...] réductionniste sur la laïcité – on pourrait mettre là-dedans le Printemps républicain – jusqu'à l'extrême droite.»

Le Printemps républicain est l'une des cibles de Philippe Colin. En effet, cette association qui entend défendre la laïcité avait alerté sur les réseaux sociaux sur la venue d'Houria Bouteldja pour un colloque universitaire : «un moyen de faire la promotion des thèses racialistes».

Le professeur ne se démonte pas. Cette invitation, il l'assume. Lui, qui travaille et s'est spécialisé sur les théories décoloniales en Amérique du Sud, considère Houria Bouteldja comme «l'une des meilleures spécialistes sur ces questions en France».

Idée réfutée par Fatiha Boudjhalat, co-fondatrice de Viv(r)e la République, un autre mouvement de défense de la laïcité, contactée quelques jours plus tôt par RT France : «Houria Bouteldja est invitée en tant que personne experte, à quel titre ? Au nom de son bouquin qui est antisémite ?»  

Les thèses d'Houria Bouteldja sont «pertinentes»  selon Philippe Colin

Philippe Colin s'offusque. Il juge les thèses d'Houria Bouteldja «pertinentes», sans les cautionner dans «l'intégralité» mais qui «méritent de toute façon d'être discutées» :«D'ailleurs, je ne suis pas le seul universitaire à le dire. Elle a été invitée dans une multitude d'universités dont certaines prestigieuses. Je me demande comment les personnes qui ont dit qu'elle n'avait aucune valeur scientifique pouvait se considérer mieux à même de juger que, par exemple, un Cornel West à Princeton.»

Et Philippe Colin de défendre : «Il ne s'agissait absolument pas de tenter de déguiser sous des atours scientifiques un meeting politique [...] Houria Bouteldja utilise, dans son ouvrage, un certain nombre de catégories qui ont été forgées par des chercheurs universitaires, comme la catégorie de "colonialité". Pour moi, il était intéressant de savoir comment elle utilisait ces catégories, ce qu'elle en faisait.»

Fatiha Boudjhalat, quant à elle, ne remet pas en cause cette liberté d'expression mais s'en prend au «discours unique» en n'invitant uniquement que l'auteur du livre Les Blancs, les Juifs et nous : vers une politique de l'amour révolutionnaire : «Son livre était très mal écrit et n'était qu'un recueil d'impressions. On ne crée pas du débat en invitant une militante qui est indigéniste, islamiste, homophobe et antisémite, qui n'a personne pour lui donner la réplique, qui n'a personne pour contre-argumenter.»

Là encore Philippe Colin rétorque. Selon lui, un séminaire scientifique dans l'université n'a pas vocation à «mettre des contradicteurs». Le débat devait avoir lieu avec les chercheurs invités pour travailler la question décoloniale dont «la question de la race» ou de la «domination blanche». Cette dernière est une «catégorie analytique qui aurait pu être questionnée, travaillée» : «Un débat contradictoire avec une personne issue d'une autre mouvance de l'antiracisme ne m'intéressait pas. On sortait du caractère scientifique. Mon but n'était pas de mettre en place une polémique entre les deux pôles opposés de l'antiracisme», avance-t-il.

A la question de savoir si Houria Bouteldja allait de nouveau être invitée par la faculté, Philippe Colon répond sans détour : «Houria Bouteldja n'est pas persona non grata à l'université, ça c'est certain.» 

Bastien Gouly

Lire aussi : «Ateliers en non-mixité raciale» : dans la tourmente, Sud Education 93 visé par une plainte

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