«Ateliers en non-mixité raciale» : dans la tourmente, Sud Education 93 visé par une plainte
Le syndicat Sud Education 93 organise un stage dans lequel des ateliers se tiendront en «non-mixité raciale», où seront notamment discuté le «racisme d'Etat». Le ministre de l'Education a annoncé son intention de porter plainte pour diffamation.
L'organisation par Sud Education 93 d'un stage syndical contre le racisme a créé une vive polémique le 20 novembre, jusqu'au plus haut sommet de l'Etat.
Intitulé «Au croisement des oppressions – Où en est-on de l’antiracisme à l’école ?», ce stage se tiendra les 18 et 19 décembre prochain, avec pour vocation d'analyser le «racisme d’Etat dans la société et en particulier dans l’Education nationale». Dans cette optique, seront mis en place des «ateliers en non-mixité raciale» – c'est à dire dont sont exclus les blancs – où les participants pourront discuter de la «blanchité» ou encore des enseignants et des élèves qui seraient «racisés» et des «postures dominantes» des «enseignants blancs».
Le ministre de l'Education nationale va porter plainte pour diffamation
Une ségrégation assumée, passée inaperçue jusqu'au 18 novembre, lorsque le secrétaire général du Printemps républicain Nassim Seddiki l'a signalée sur son compte Twitter. Repris dans la foulée par le site Fdesouche, qui a écrit un article à ce sujet, l'information a ensuite largement circulé sur les réseaux sociaux.
La Licra s'est inquiétée de la présence parmi les intervenants du «CCIF [Collectif contre l’islamophobie en France] et [des] compagnons de route des Indigènes de la République», et le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer a condamné un événement qu'il a jugé «inconstitutionnel et inacceptable» dans un message sur Twitter.
Inconstitutionnel & inacceptable
— Jean-Michel Blanquer (@jmblanquer) 20 novembre 2017
Je condamne avec fermeté le projet d'une réunion syndicale triant les membres sur la base de leur origine.
Devant l'Assemblée nationale le 21 novembre, le ministre de l'Education est allé plus loin, annonçant son intention de porter plainte contre le syndicat pour diffamation. «L'expression-même utilisée est absolument scandaleuse, elle ne peut avoir sa place dans l'Education nationale», a-t-il soutenu, notant que «non-mixité» pouvait notamment signifier réservé à des personnes se disant «racisées» (qui s'estiment victimes de préjugés ou de discrimination racistes en raison de leur origine). «C'est pourquoi, puisque ce syndicat a décidé de parler de racisme d'Etat, j'ai décidé de porter plainte pour diffamation à l'encontre de Sud Education 93», a-t-il ajouté.
La présidente du Front national Marine Le Pen avait pour sa part estimé que la réaction du ministre était «salutaire», appelant à «des sanctions exemplaires contre les enseignants fautifs».
La réaction du Ministre est salutaire, mais doit s’accompagner de sanctions exemplaires contre les professeurs fautifs. MLP https://t.co/WnAfGy09nf
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 20 novembre 2017
Sud Education 93 se dit victime de la «vindicte de la fachosphère»
Devant la polémique, Sud Education 93 a publié un communiqué ambigu sur son site internet, semblant nier tout «tri des origines» des participants, et dénonçant «la vindicte de la fachosphère».
«Les attaques portent sur un "tri des origines" qui serait fait sur les participants du stage. Sud Education 93 condamne fermement ces propos et compte porter plainte pour diffamation contre tous les sites et individus qui propageraient ces propos», a annoncé l'organisation syndicale, ajoutant que tous les membres du personnel avaient été invités à s’inscrire à ce stage.
Les offensives conjointes et diffamatoires de l'extrême droite, de la LICRA et Blanquer contre le droit à la formation de @SudEducation93 , ont suscité une avalanche d'attaques et d'insultes. @SudEducation93 compte porter plainte. Nous ne céderons pas.https://t.co/bqHZpEKDLL
— Sud Éducation 93 (@SudEducation93) 20 novembre 2017
La question de la non-mixité raciale s'était déjà posée en mai dernier, lorsque le maire de Paris Anne Hidalgo avait interdit le festival Nyansapo qui prévoyait 80% d'espaces «sans mixité», dans une salle appartenant à la mairie de Paris. Le Front national avait alors évoqué un «acte flagrant de racialisme».
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