Antiraciste mais antisioniste ? Danièle Obono plombée par sa proximité avec le PIR

Antiraciste mais antisioniste ? Danièle Obono plombée par sa proximité avec le PIR
Alexis Corbière, Danièle Obono, Jean-Luc Mélenchon et Adrien Quatennens en juin 2017, photo ©Martin BUREAU / AFP
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Militante antiraciste, la députée insoumise est de plus en plus embarrassée par ses accointances avec le Parti des indigènes de la République. Le 6 octobre, la Licra a exigé de Jean-Luc Mélenchon, le leader du parti, qu'il clarifie sa position.

Le refus par Danièle Obono de condamner clairement le Parti des indigènes de la République et sa fondatrice controversée, Houria Bouteldja, pourrait bien lui coûter cher. «Je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'elle dit, mais c'est une militante antiraciste [...] Je considère Houria Bouteldja comme une camarade, parce qu'elle fait partie de ce mouvement-là», argumentait ainsi Danièle Obono le 5 novembre 2017 au micro de Radio J, refusant ainsi de désavouer une Houria Bouteldja.

La fondatrice du PIR est connue notamment pour sa dénonciation du «colonialisme blanc» et du racisme, mais qui affiche également des positions clairement critiques à l'égard d'Israël que d'aucuns assimilent à de l'antisémitisme. «Les juifs sont les boucliers, les tirailleurs de la politique impérialiste française et de sa politique islamophobe», affirmait par exemple celle-ci en mars 2015, entre autres prises de positions polémiques.

Aussi, dès le lendemain 6 novembre, la pression s'est-elle encore accentuée sur Danièle Obono, Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise (LFI), alors que la Licra – association de lutte contre le racisme et l'antisémitisme – entrait solennellement dans l'arène. Succédant à Alain Jakubowicz, Mario Stasi a inauguré son premier jour à sa tête de l'organisation en envoyant une lettre à Jean-Luc Mélenchon, visant nommément Danièle Obono, qualifiant le PIR de «groupuscule extrémiste» et évoquant enfin «une doctrine exclusivement vertébrée par le racisme et son obsession des juifs».

«Il est urgent de sortir de l’ambiguïté, fût-ce au détriment d’une stratégie électoraliste faite sur le dos des valeurs les plus essentielles de notre République», écrivait-il alors également sur Facebook, ajoutant : «Je lui demande de clarifier publiquement sa position et celle de son parti.»

Jean-Luc Mélenchon peu loquace

Ce 7 novembre, Jean-Luc Mélenchon n'avait pas encore donné suite à la demande de la Licra. Mais la mise en demeure pourrait bien révéler les lignes de fractures qui parcourent LFI, qui compte aussi dans son électorat une gauche plus historique, pro-palestinienne et critique à l'égard d'Israël. En 2014, alors co-président de ce qui était le Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon fustigeait sans ambages l'intervention militaire d'Israël dans la bande de Gaza. Il s'en était notamment pris avec virulence à l'organisation ayant vocation à représenter les juifs de France, le Crif. «Nous ne baisserons pas les yeux. Je voudrais dire au Crif que ça commence à bien faire : les balayages de rayons paralysants», avait-il lancé, sous les applaudissements d'Alexis Corbière et Adrien Quatennens, aujourd'hui députés LFI.

Pour autant, la mise en demeure de la Licra semble commencer à produire ses effets. A défaut de s'exprimer lui-même, Jean-Luc Mélenchon a partagé sur Facebook le post d'un responsable du Parti de gauche, Elliot Aubin, condamnant les idées du PIR. Thomas Guénolé, politologue médiatique proche de LFI, a plus directement désavoué Danièle Obono. «Les propos de la députée [...] sur Houria Bouteldja n'ont aucun rapport avec le projet de LFI. Donc, ils n'engagent qu'elle», a-t-il jugé sur Twitter.

Lors d'une conférence de presse le 6 novembre, Manuel Bompard, directeur des campagnes de LFI a tenté de désamorcer la polémique, soulignant que Danièle Obono ne rejoignait Houria Bouteldja que sur l'antiracisme. «LFI a été le mouvement qui a été le plus clair sur tous ces sujets depuis le début», a-t-il plaidé devant les journalistes, qualifiant les propos de Danièle Obono de «position individuelle».

La France insoumise fissurée ?

De fait, les déclarations de Danièle Obono mettent La France insoumise dans une position délicate, surtout après les échanges peu amènes entre Jean-Luc Mélenchon et Manuel Valls en octobre 2017. Le leader de La France insoumise avait notamment reproché à Manuel Valls d'être proche de «l'extrême droite israélienne». L'ex-Premier ministre avait qualifié pour sa part Danièle Obono d'«islamo-gauchiste».

Aussi, ce même 6 novembre, la députée LFI a tenté d'éteindre l'incendie en publiant une «mise au point» sur Facebook et Twitter.

Danièle Obono y réaffirme que son seul programme est celui de La France insoumise. «Continuons à agir ensemble, chaque jour, partout, pour défendre une République plus juste et plus digne», martèle encore l'Insoumise. Cette mise au point vise notamment à convaincre ses détracteurs. Mais suffira-t-elle à convaincre son propre camp ?

Alexandre Keller

Lire aussi : Emmanuel Macron : «Nous ne céderons rien à l'antisionisme, forme réinventée de l'antisémitisme»

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