Le CRIF demande l'interdiction d'une manifestation pour la Palestine à Paris
Estimant qu'elle appelle au boycott des produits israéliens, ce que la loi interdit, le CRIF demande au préfet de Paris d'interdire une manifestation de soutien à la Palestine qui doit se tenir dans la capitale le 1er avril prochain.
Le 1er avril prochain aura lieu dans le quartier Beaubourg, au centre de Paris, une manifestation de soutien à la Palestine. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a publié un communiqué dans lequel il demande au gouvernement d'interdire le rassemblement auquel ont notamment appelé EuroPalestine, le PIR (Parti des indigènes de la République) et le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions).
«Si la manifestation est officiellement en soutien au peuple palestinien, les appels sur internet et les réseaux sociaux [évoquent] directement le boycott d'Israël», estime le CRIF, qui s'en inquiète. Son président, Francis Kalifat, dit y voir «un appel à la haine d'Israël et par extension à la haine des Juifs».
Il a donc décidé d'adresser un courrier au préfet de Paris afin de lui demander d'interdire la manifestation. Dénonçant un mouvement «illicite et contraire aux lois de notre pays», le CRIF espère empêcher le rassemblement à la dernière minute.
La démarche du CRIF s'appuie sur le fait que les discours prônant le boycott de produits israéliens en guise de contestation de la politique de colonisation israélienne sont illégaux en France. Depuis deux arrêts rendus par la Cour de Cassation en octobre 2015, la justice assimile les politiques de boycott à de la «provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race, ou une religion déterminée».
D'ores et déjà, une contre-manifestation a été annoncée sur les réseaux sociaux. C'est d'ailleurs sur internet que la bataille entre les adversaires et les défenseurs du droit à l'appel au boycott d'Israël fait le plus rage. Gil Taïeb, vice-président du CRIF, interpelle la préfecture en mettant en avant l'un des slogans des manifestants qui revendiquent la «séparation du CRIF et de l'Etat» – un mot d'ordre qu'il juge antisémite.
Un des slogans du #BDS est séparation du @Le_CRIF et de l'état Ce n'est pas de l'#Antisemitism ça?@prefpolice@Place_Beauvau@BCazeneuve
— Gil Taieb. (@GilTaieb) 27 mars 2017
La question a même fait réagir parmi les politiques. Nathalie Kosciusko-Morizet, conseillère de Paris, a publié sur Twitter un message adressé au préfet.
.@prefpolice Il faut faire respecter notre vœu voté en #ConseildeParis. Non @Le_CRIF et l'Etat ne sont pas rattachés https://t.co/GdqCAmKENPpic.twitter.com/d5lMbUzDLY
— N. Kosciusko-Morizet (@nk_m) 28 mars 2017
Pour l'instant, les autorités n'ont pas encore réagi et la manifestation devrait avoir lieu comme prévu.