Hausse des suicides dans la police : symptôme d'une profession désemparée ?
En une dizaine d'années, 709 policiers se sont suicidés. Après une baisse sensible en 2016, les chiffres repartent à la hausse en 2017. Du poids de l'état d'urgence au manque de moyens mis à leur disposition, les policiers sont à bout de souffle.
Après le suicide de dix policiers depuis la fin de l'été, le mal-être de la profession revient sur le devant de la scène avec une réaction alarmée des syndicats sur le sujet, recueillie par France Bleu.
Les chiffres de 2016 déjà dépassés en 2017
L'année noire pour la police reste 1996, lorsque 71 policiers s'étaient donné la mort. 2014 a également marqué un tournant avec 55 suicides, mais depuis la tendance était à la baisse et en 2016, 36 fonctionnaires s'étaient tués.
Malheureusement, entre le 1er janvier et début novembre, ce chiffre a déjà été dépassé. Deux autres cas font encore l'objet d'une enquête.
Selon les informations de France Bleu, le suicide concerne tous les grades et toutes les classes d'âge. En revanche, ce sont surtout les hommes qui sont touchés. Il a également été constaté que l'arme de service était utilisée dans un cas sur deux lors de ces passages à l'acte.
Par ailleurs, dans la mesure où cette région concentre un tiers des effectifs de terrain avec 36 000 policiers, c'est l'Ile-de-France qui est la plus concernée par le phénomène.
A la police, on se suicide trois fois plus qu'ailleurs
Par ailleurs, selon des données que France Bleu a pu consulter, 1 133 policiers se sont suicidés ces 25 dernières années, ce qui en fait une des professions les plus durement touchées par le phénomène : on s'y suicide trois fois plus que dans les autres corps de métiers. Les syndicats, cités par BFMTV, qualifient ce constat d'«alarmant» et pointent des cadences de travail trop importantes, avec cinq weekends travaillés sur six et une explosion des heures supplémentaires.
L'éloignement familial, le stress, les divorces et séparations résultant en partie de ces conditions de travail difficiles sont également pointées comme éléments déclencheurs dans les cas de suicide.
C'est également ce qu'avait confirmé Nicolas Pucheu, directeur départemental adjoint d'Unsa Police Paris lors d'une interview accordée à RT France en octobre. Le syndicaliste avait évoqué l'importance de la solidité des liens familiaux dans la vie intime de ses collègues et avait déploré la stabilité du taux de suicide au sein des forces de l'ordre.
Si un plan d'action avait été mis en place par le ministère de l'Intérieur en 2014, les attaques terroristes perpétrées sur le territoire français depuis 2015 et l'état d'urgence qui s'en est suivi ont compliqué son application.
#Antiterrorisme : le nouveau «Sentinelle» mettra-t-il les Parisiens en danger ?
— RT France (@RTenfrancais) November 2, 2017
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