La justice déboute la mairie de Marseille qui voulait interdire le spectacle de Dieudonné
- Avec AFP
Invoquant des risques de troubles à l'ordre public, la mairie de Marseille a tenté de faire annuler un spectacle de Dieudonné. Mais, en l'absence d'«élément précis» pour étayer ces allégations, la justice l'a déboutée de sa demande.
La ville de Marseille, qui avait signé la location d'une salle de spectacle municipale avec Dieudonné avant de finalement annoncer qu'elle ne l'accueillerait pas, a été déboutée le 19 octobre par le tribunal administratif de Marseille, qui a suspendu l'annulation du spectacle.
Le tribunal administratif a en effet jugé dans une décision consultée par l'AFP que «les allégations» de la mairie concernant les risques de troubles à l'ordre public que provoquerait la tenue du spectacle de l'humoriste controversé n'étaient étayées «par aucun élément précis».
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— RT France (@RTenfrancais) 11 mars 2017
«Il est enjoint au maire de la commune de Marseille de respecter la convention de location de la salle du Dôme et de laisser s’y dérouler, le 19 novembre 2017, le spectacle de Dieudonné M’Bala M’Bala», a par conséquent décidé le tribunal. Une décision que compte contester la municipalité devant le Conseil d'Etat, comme elle l'a annoncé immédiatement après le rendu du jugement.
La mairie LR, le Crif et le PS voulaient l'annulation du spectacle
La ville de Marseille, dirigée par Jean-Claude Gaudin (Les Républicains, LR), avait signé en avril 2017 avec la société de production de Dieudonné un contrat de location du Dôme, la plus grande salle de spectacle de Marseille qui appartient à la ville.
Une ville multiculturelle comme Marseille ne peut pas accepter un spectacle qui, au prétexte d'humour, divise, fracture et oppose
Le 18 septembre, la mairie avait toutefois expliqué qu'elle n'accueillerait pas le spectacle de l'humoriste controversé, estimant que la représentation était «susceptible d'engendrer des troubles à l'ordre public». «Une ville multiculturelle comme Marseille ne peut pas accepter un spectacle qui, au prétexte d'humour, divise, fracture et oppose», avait estimé dans un communiqué la mairie LR, rappelant que le polémiste avait déjà été condamné pour incitation à la haine raciale et antisémitisme.
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et le Parti socialiste (PS) avaient ensemble également demandé à la mairie d'annuler ce spectacle. Loin de s'avouer vaincu, Dieudonné avait saisi le tribunal administratif de Marseille, qui lui a donc donné raison ce 19 octobre.
«La mairie s'est pris les pieds dans le tapis, elle a programmé Dieudonné et ne peut plus faire marche arrière», a réagi auprès de l'AFP Benoît Payan, président du groupe socialiste à la mairie de Marseille. «L'avoir programmé relève du pathétique, c'est d'un amateurisme un peu honteux», a-t-il en outre jugé.
En janvier 2014, le spectacle Le Mur avait été interdit par des arrêtés pris par Jean Germain (PS), alors maire de Tours, puis par le maire UMP d'Orléans, Serge Grouard. A Nantes, c'est le préfet qui s'était substitué au maire pour interdire le spectacle, juste après la diffusion par le Premier ministre de l'époque, Manuel Valls, d'une circulaire ouvrant la voie à l'interdiction des spectacles de Dieudonné au nom du respect de l'ordre public et de la dignité humaine. Le Conseil d'Etat saisi en référé par les avocats de ce dernier, avait à chaque fois confirmé l'interdiction.