Démission de Michel Lussault : la page Najat Vallaud-Belkacem se tourne

Démission de Michel Lussault : la page Najat Vallaud-Belkacem se tourne© Thomas Samson
Michel Lussault, ex-président du Conseil supérieur des programmes, le 18 septembre 2015
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La démission orageuse de Michel Lussault de la tête du Conseil supérieur des programmes témoigne d'un conflit ancien avec le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer. Elle signe la fin des réformes controversées de Najat Vallaud-Belkacem.

Michel Lussault, ex-président du Conseil supérieur des programmes (CSP), veut que son départ volontaire annoncé le 25 septembre résonne comme un avertissement pour le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer. «Je démissionne pour peut-être envoyer un message au ministre», a-t-il annoncé sur l’antenne de France Inter le 26 septembre. Ce choix laissera les coudées franches au gouvernement pour de nouvelles réformes des programmes que Jean-Michel Blanquer appelait de ses vœux bien avant de devenir membre du gouvernement.

Il y a aussi certainement de l’amertume quant aux décisions «sans discussion ni concertation» qu'il attribue à Jean-Michel Blanquer, et qui sonnent comme un désaveu de sa politique menée depuis 2014. Michel Lussault avait été nommé par l'ancienne ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem à la tête du CSP, organisme mis en place par Vincent Peillon en 2013, chargé de superviser la refonte des programmes scolaires. Michel Lussault a fait part de sa décision sur Twitter.

De profonds désaccords idéologiques

Ce départ avec fracas et médiatisation signe de graves désaccords avec Jean-Michel Blanquer. Pour preuve de cette incommunicabilité, leur unique rencontre le 1er août avait laissé peu d’espoir quand à une entente fructueuse. «Je lui ai dit que le CSP permettait notamment de ­sortir des débats partisans. Je n’ai pas réussi à le convaincre», avait rapporté Michel Lussault au Monde

Jean-Michel Blanquer est accusé par l’ex-directeur du CSP d’une forme de droitisation de la politique éducative. Michel Lussault le taxe même d'être «réactionnaire», un fait signé selon lui par les interviews du ministre accordées à Causeur ou à Valeurs actuelles. Mais aussi par ses déclarations et ses partis pris fermes et lisibles. Deux hommes, deux styles. Là où Jean-Michel Blanquer martèle «la méthode syllabique, c'est le b.a. ba», Michel Lussault plaidait pour un dépassement des clivages entre méthodes globale et syllabique et pour le croisement de divers outils pédagogiques et la multiplicité des exercices.

Cette divergence montre selon Michel Lussault une forme de clientélisme politique. Il s'en est confié à France Inter le 27 septembre : «Je souhaite essayer d'arrêter le jeu qui est lancé depuis quelques semaines, qui consiste à agiter un certain nombre de sujets et à satisfaire ce que je crois être quelques bas instincts d'une clientèle politique. Je pense que l'Education vaut mieux que ce qu'on est en train de faire.» Des propos qu'il fait suivre d'un tweet.

La réaction du ministre de l’Education nationale sur RTL fut lapidaire : «Son départ ne me gêne pas du tout, ce n'est pas un problème. Je suis dans un travail d'organisation de l'Education nationale pour que tous les enfants sachent lire, écrire, compter et respecter autrui à la sortie de l'école primaire. Si ça gêne monsieur Lussault, ce n'est vraiment pas grave.»

Ce que cela va changer pour l'école

Reconnu comme un universitaire de qualité, ancien président de l'Université de Tours, Michel Lussault a cessé de faire l’unanimité lorsqu’il a investi son poste au CSP. A la tête de réformes titanesques, il avait pour mission de rédiger un socle commun précisant les lignes des programmes, puis les rédiger, de la maternelle au collège.

Il avait fait grincer des dents en ressuscitant le concept grammatical du prédicat, censé faciliter l’apprentissage du complément d’objet direct. Ce que ses détracteurs trouvent superfétatoires et créant une confusion inutile. Il était moqué pour son style jargonnant comme le «milieu aquatique profond standardisé», pour évoquer la piscine. 

Un autre sujet de friction concernait la suppression du grec et du latin, prévue dans sa première mouture du projet en 2015. Par cette annonce, Michel Lussault avait notamment été accusé de vouloir niveler le niveau des collégiens par le bas. Ses partisans estimaient quant à eux qu’il était contre-productif d'abreuver des élèves de connaissances qui ne seraient utiles qu’à une minorité d’entre eux. Jean-Michel Blanquer, qui était alors directeur de l'Essec, avait fait connaître son opposition au projet. Sur France 3, il avait regretté que «le sort réservé au latin et grec» soit «autant de coups portés aux spécificités des établissements». Une première opposition frontale qui annonçait leurs futures divergences. 

Le nouveau ministre de l'Education nationale a depuis fait connaître ses intentions : apprentissage des quatre opérations mathématiques dès le CP, méthode syllabique, retour du grec et du latin, suppression du prédicat, enseignement chronologique de la littérature et cours sur quatre jours. 

Vives réactions de joie au départ de Michel Lussault

Sur Twitter, trolls et détracteurs de Lussault se répandent en invectives. Certains professeurs se plaignent de programmes trop importants ou pas adaptés.

D'autres fantasment sur des disparitions d'éléments du programme qui existent toujours.

 Michel Lussault pourra néanmoins se consoler avec quelques soutiens...

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