Présidence de LR : l'ancrage à droite de la ligne Wauquiez suscite une levée de boucliers
Tandis que Laurent Wauquiez ancre son discours à droite, tout en se posant en rassembleur, Valérie Pécresse entend bien animer l'opposition à la candidature de celui dont elle dénonce la «porosité» avec le Front national.
La candidature de Laurent Wauquiez à la présidence du parti Les Républicains (LR), pour laquelle il fait figure de favori, ne semble pas du goût de tout le monde à droite. Ce 4 septembre, Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, a fait savoir sur France Inter qu'elle n'excluait pas de quitter son parti si le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes en était élu président en décembre prochain.
Valérie Pécresse a dénoncé la «porosité» de Laurent Wauquiez avec le Front national (FN), rappelant que des mains lui avaient été tendues par une partie des cadres frontistes, notamment parmi la frange la plus désireuse de réaliser une union des droites. «Moi, je constate une chose, c'est qu'aucun leader du FN ne dit qu'il veut travailler avec moi», a-t-elle fait savoir. L'ancienne députée FN Marion Maréchal-Le Pen avait en effet estimé qu'il y avait «des choses à faire» avec Laurent Wauquiez. Quant à Florian Philippot, vice-président du FN, il avait dit vouloir prendre un café, entre autres, avec le candidat à la présidence de LR.
La présidente de la région Ile-de-France, qui a renoncé à être candidate à la présidence de LR pour ne pas cumuler les deux fonctions en cas de victoire, n'a pas pour autant renoncé à jouer un rôle actif dans la campagne qui s'ouvre. Après avoir déjà assuré que l'élection de Laurent Wauquiez provoquerait l'«implosion» du parti, elle avait qualifié son programme de «repli identitaire». Elle n'est d'ailleurs pas la seule au sein de son parti à critiquer le candidat : récemment, l'ancien ministre Frédéric Lefebvre, dans une tribune parue dans le Huffington Post, appelait à l'unité face à «la droite sectaire de Wauquiez».
Face au monopole de Macron sur le centre, Wauquiez veut-il siphonner les voix du FN ?
Pour l'instant, Laurent Wauquiez ne semble pas s'inquiéter de ces attaques. Alors que ses adversaires déclarés, Daniel Fasquelle, Florence Portelli, Julien Aubert et Laurence Sailliet, demeurent relativement méconnus, il semble assumer son ancrage à droite. Dénonçant l'assistanat et la pression migratoire, il compte ses premiers soutiens parmi les cadres de la frange la plus à droite de LR, notamment le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, et celui de l'Yonne, Guillaume Larrivé.
Mais Laurent Wauquiez jouit aussi de l'appui de nombreux sarkozystes, qui se souviennent qu'il avait affiché son soutien à l'ex-président lors de la primaire de la droite en 2016. Mais ce n'est pas tout, le 3 septembre dernier, a première adjointe au maire de Bordeaux et soutien de longue date de ce dernier, Virginie Calmels, annonçait son ralliement à Laurent Wauquiez, lui apportant une caution centriste remarquée et lui permettant de démontrer sa capacité à rassembler.
Le calcul de Laurent Wauquiez est simple : la vague Macron ayant rendu inutile tout recentrage de son parti, il faudrait au contraire profiter de l'affaiblissement du FN et séduire les électeurs de Marine Le Pen, comme l'avait fait avec succès Nicolas Sarkozy en 2007. «Chez lui, tout est tendu vers la récupération des voix du FN, autrement dit, il veut vider l’électorat du Front : c’est donc un raccourci d’imaginer LR pactiser avec le FN, cela ne se fera évidemment jamais», confie ainsi au JDD Patrick Mignola, élu MoDem dans la même région que Laurent Wauquiez.
Alors que Valérie Pécresse confie qu'elle aurait voté la réforme du code du travail d'Emmanuel Macron si elle avait été parlementaire, que le Premier ministre est lui-même issu des rangs de LR et que le groupe parlementaire Les Constructifs, émanant de l'UDI mais aussi de la droite, s'est constitué pour soutenir le président de la République, Laurent Wauquiez a décidé de prendre à rebours le mouvement dominant au sein de sa formation politique.
Si Laurent Wauquiez est élu en décembre prochain, le positionnement stratégique de LR devrait s'en trouver clarifié. Ses opposants seraient alors confrontés au choix de quitter le parti ou de se ranger à sa ligne. Pour l'heure, ces derniers voient dans les difficultés rencontrées par le président de la République le signe qu'un espace ne tardera pas à se libérer au centre, et entendent bien faire en sorte que LR soit prêt à l'occuper.