Deux mois après la défaite, un FN plus divisé que jamais veut croire en une «refondation»
Les cadres du Front national se réunissent à huis-clos afin de tenter de recoller les morceaux. Mais les sujets de discorde sont nombreux, alors que les partisans et les adversaires d'une sortie de l'euro campent sur leurs positions.
Le Front national (FN) a décidé de crever l'abcès, à huis-clos et dans son siège de Nanterre. Ces 21 et 22 juillet 2017, le «séminaire de refondation» se donne pour but de faire le bilan de l'échec du FN et de resserrer les rangs, alors que des désaccords sur les fondamentaux du parti se font jour, notamment sur la question de la sortie de l'euro.
A quelques heures du séminaire, le secrétaire général du FN, Nicolas Bay, partisan d'un abandon du projet de sortie de la monnaie unique, n'a pas hésité à maintenir la pression. «Je crois qu'il faut entendre ce qu'ont dit les Français. Nos compatriotes ont eu l'occasion de s'exprimer là-dessus aussi à la présidentielle. C'est une idée sur laquelle nous n'avons pas convaincu», a-t-il ainsi martelé sur France Info.
L'opportunité d'un «Frexit» divise ouvertement la formation partisane, et ce depuis les premiers jours ayant suivi la défaite à la présidentielle, le 7 mai 2017. «Pour nous, la question de l'euro, c'est terminé, le peuple a fait son référendum dimanche dernier [le 7 mai]», avait ainsi tempêté le député Gilbert Collard le 11 mai.
La sortie de l'euro, responsable de la défaite du FN ?
Répondant notamment au bouillonnant député, Florian Philippot avait menacé du tac au tac de quitter le parti au cas où celui-ci abandonnerait le projet de sortir de la monnaie unique européenne. Une mesure programmatique qui a sans doute plombé le FN pendant la campagne présidentielle, Marine Le Pen n'ayant pas réussi à convaincre les électeurs sur une question très technique : sa proposition de mettre en circulation une monnaie nationale souveraine, parallèlement à une monnaie commune, simple unité de compte entre les Etats membres.
Dans l'amertume de la défaite, une guerre interne pourrait secouer le #FN après les #législativeshttps://t.co/GUw4yWnVem
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Pire, Marine Le Pen, faisant sans doute le constat que le message n'était pas passé auprès des électeurs, a mis de l'eau dans son vin dans l'entre-deux-tours, donnant l'impression de renoncer à l'une de ses mesures phares, brouillant encore un peu plus sa position sur la sortie de l'euro.
#MarineLePen veut remplacer l'#Euro, monnaie unique, par une monnaie commune de type #ECUhttps://t.co/NuEpPmgjNhpic.twitter.com/jkUGdyWM33
— RT France (@RTenfrancais) 4 janvier 2017
Même Florian Philippot a décidé de jeter l'éponge sur le sujet : «Abandonnons cette histoire de double monnaie. A la fin de la présidentielle, ça a été complètement incompréhensible et à juste titre [...] Il faut faire simple», a-t-il déclaré sur BFMTV ce 21 juillet. Une façon de lâcher un peu de lest, alors que Florian Philippot paraît de plus en plus isolé au sein du parti, notamment après que Sophie Montel, une de ses proches, a été évincée de la présidence du groupe FN de la région Bourgogne-Franche-Comté le 30 juin dernier. Signe que l'entente parfaite entre Marine Le Pen et Florian Philippot fait partie du passé ?
#MarineLePen étrille #FlorianPhilippot «en vacances» pendant les législatives
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Vers un FN moins «anxiogène» ?
Mais ce n'est pas le seul sujet qui risque de fâcher au FN, qui s'engage dans deux jours de débats à huis-clos, ces 21 et 22 juillet. Faut-il changer le nom du parti, jugé par exemple trop anxiogène par Florian Philippot ? Faut-il mettre un terme à l'isolement du FN et opter pour une stratégie d'alliance, mais avec qui ? Faut-il se focaliser sur la thématique migratoire, ou au contraire la minorer ? Autant de questions que ce «séminaire de refondation» a pour ambition de trancher. Or, les dirigeants du parti, qui arrivent avec des positions pour le moins cristallisées et rigides, n'ont que deux jours pour se mettre d'accord, avant d'en référer aux adhérents, lesquels seront consultés à la rentrée.
Le FN semble donc se trouver à la croisée des chemins. Avant de prétendre incarner l'opposition, il lui faut trouver une ligne claire, en plus de sa critique de la politique d'Emmanuel Macron et d'Edouard Philippe. Au risque de se trouver cantonné à une opposition au cas par cas, comme par exemple lors de la démission du chef d'état-major des Armées Pierre de Villiers. Les deux jours du séminaire suffiront-ils ?
Alexandre Keller
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