De la lutte antiterroriste au malaise policier, de lourds dossiers pour Collomb à l'Intérieur
- Avec AFP
Terrorisme, coordination du renseignement, malaise policier : de lourds dossiers attendent Gérard Collomb, nouveau ministre de l'Intérieur, dont la nomination à la place de numéro 2 du gouvernement consacre l'importance des enjeux sécuritaires.
Tout un symbole : Gérard Collomb a effectué dans la soirée du 17 mai son premier déplacement de ministre d'abord dans la grande banlieue parisienne puis sur les Champs-Elysées, où un policier a été assassiné le 20 avril dans une attaque revendiquée par le groupe djihadiste Etat islamique.
Après un quinquennat marqué par une vague d'attentats ayant fait 239 morts depuis janvier 2015, la lutte antiterroriste s'impose comme le premier dossier du nouveau locataire de la place Beauvau, soutien de la première heure d'Emmanuel Macron.
«Nous savons tous aujourd'hui que l'Europe et en particulier la France sont la cible des terroristes et donc j'ai conscience, en arrivant ici, que mon premier devoir sera de tout faire pour protéger nos concitoyens», a déclaré l'ancien sénateur-maire PS de Lyon lors de la passation de pouvoirs avec son prédécesseur Matthias Fekl.
Le programme du candidat Macron exclut un nouveau grand chambardement dans la politique du renseignement. Comme l'a rappelé le patron de la Direction générale du renseignement intérieur (DGSI) Patrick Calvar, lors d'une audition à l'Assemblée nationale en février, les services de renseignement ont été «bouleversés en permanence depuis 2007».
Dans une lettre ouverte aux policiers diffusée pendant l'entre-deux-tours, Emmanuel Macron a promis d'augmenter et de diversifier le recrutement mais «sans bouleverser les structures». Il a axé ses propositions sur une meilleure coordination entre différents services, via une future «task-force anti-Daesh», composée de 50 à 100 agents.
Quatrième ministre de l'Intérieur à exercer ses fonctions sous l'état d'urgence mis en place au soir des attentats du 13 novembre 2015, Gérard Collomb devra gérer les conséquences opérationnelles et politiques d'une éventuelle levée d'un dispositif vivement critiqué par les défenseurs des libertés publiques.
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Emmanuel Macron a pris soin de garder toutes les options ouvertes. Il reviendra au prochain Parlement de voter ou non la levée de ce régime d'exception.
«Crise profonde dans la police»
Moins de six mois après de retentissantes manifestations de policiers dans les rues du pays, l'attente des syndicats aussi est forte. «Il est important que le ministre [...] soit le plus rapidement possible dans le dialogue social», estime Jean-Claude Delage, secrétaire général du syndicat Alliance.
L'attractivité des métiers de la sécurité publique, la délicate réforme des cycles de travail, la reconnaissance de l'investigation ou encore le recentrage des missions sur le cœur de métier : les organisations syndicales ont déjà dressé la liste des doléances.
En visite au commissariat de Trappes (Yvelines), le nouveau ministre a évoqué un autre sujet sensible pour les policiers. «Lorsqu'ils interpellent un individu qui a commis un délit et que le lendemain ou le surlendemain ils le revoient sur le territoire, c'est pour eux un choc terrible et ça, on va travailler avec le ministre de la Justice pour faire en sorte que cela ne se reproduise plus à l'avenir», a-t-il déclaré.
À Trappes, aux côtés de nos forces de police qui s'engagent au quotidien pour assurer la sécurité de nos concitoyens. pic.twitter.com/xA6KUIv9dE
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) 17 mai 2017
Il aura en tout cas à gérer les suites du malaise policier révélé par leur récent et inédit mouvement de colère, malgré un plan de 250 millions d'euros et une nouvelle loi assouplissant les règles de la légitime défense.
«Si on pense que la page de ce qui s'est passé cet automne est refermée, on se trompe lourdement. Il y a une crise profonde dans la police», estime un ex-conseiller ministériel.
Un malaise attisé aussi par les vives polémiques sur les violences policières au cours de l'année écoulée. «Je veux réconcilier la population française avec sa police, qu'elle la respecte – mieux, qu'elle l'aime», a lancé Gérard Collomb.
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Quant au budget, le nouveau ministre continuera de bénéficier d'arbitrages favorables puisque Emmanuel Macron a promis le recrutement de 7 500 policiers et 2 500 gendarmes au cours des cinq prochaines années, en plus du remplacement des départs à la retraite.