Karim Cheurfi, un multirécidiviste qui avait la haine des flics
- Avec AFP
Karim Cheurfi, 39 ans, qui a tué un policier sur les Champs-Élysées le 20 avril avant d'être abattu, était un récidiviste, manifestement obsédé par l'idée de s'en prendre aux forces de l'ordre, mais n'était pas connu comme islamiste radicalisé.
«C'est quelqu'un qui a perdu la raison, de psychologiquement vraiment atteint», confie à l'AFP sous couvert d'anonymat un habitant du quartier calme et pavillonnaire de Chelles (Seine-et-Marne) dans lequel vivait Karim Cheurfi. «Ses actes, ses réactions, sa façon de marcher, son attitude étaient en décalage, comme s'il venait de Mars.» Le profil de l'auteur de l'attentat qui a frappé Paris le 20 avril est celui d'un homme violent qui a connu de multiples démêlés avec les autorités.
Fleurs et messages de soutien aux policiers sur les #ChampsElysees
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Un lourd passif avec la justice
Il avait «un grain», confirme Salim, qui se présente comme un ami d'un de ses cousins.
Né le 31 décembre 1977 à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), Karim Chaurfi avait été arrêté le 23 février, après avoir affirmé en décembre 2016 à un proche vouloir «tuer des policiers en représailles de ce qui se passait en Syrie», pris des contacts pour acheter des armes et acheté des couteaux commando, une mini-caméra et des masques sur internet.
Attentat aux #ChampsElysees: trois membres de l'entourage de l'assaillant interrogés en garde à vue https://t.co/TbrpHtLDwnpic.twitter.com/7dXn3VXvEz
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À l'issue de sa garde à vue, il est relâché, faute d'éléments suffisants. Chez lui, «les enquêteurs n'avaient pu retrouver aucune trace de documentation, de consultation de sites à caractère apologétique», a déclaré le 21 avril le procureur de Paris, François Molins. Une enquête antiterroriste avait été néanmoins ouverte en mars le concernant.
Cet homme sans profession connue avait déjà été condamné quatre fois, notamment pour tentatives d'homicide et d'assassinat.
Course-poursuite et arme à feu
En février 2005, il avait ainsi été condamné en appel à quinze ans de réclusion pour avoir tenté de tuer un élève gardien de la paix et le frère de celui-ci.
Les faits remontaient à 2001 : Karim Cheurfi, au volant d'une voiture volée, avait pris la fuite après avoir percuté un autre véhicule. Armé d'un revolver, il avait grièvement blessé les deux frères qui tentaient de le rattraper. Deux jours plus tard, il avait tenté de tuer un autre policier, après s'être emparé de son arme durant sa garde à vue.
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En mars 2008, il avait été condamné pour violences sur un agent pénitentiaire, alors qu'il était en détention. Nouvelle condamnation en novembre 2009 : cette fois, Karim Cheurfi doit répondre de violences aggravées sur un codétenu.
Il avait été placé en semi-liberté en juillet 2012, puis avait bénéficié d'une libération conditionnelle en septembre 2013. Celle-ci avait été révoquée après de nouveaux faits, dont un vol avec effraction, qui lui vaudront une condamnation en juillet 2014.
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Sorti de prison en octobre 2015, il faisait depuis l'objet d'un suivi par un juge de l'application des peines (JAP). Après sa garde à vue de février dernier, la justice avait découvert un voyage de Karim Cheurfi en Algérie du 15 janvier au 14 février, «pour s'y marier» selon lui. Le JAP l'avait convoqué le 7 avril pour qu'il s'en explique, mais sans «procéder à la révocation de son sursis mise à l'épreuve», a relevé le procureur de Paris.
«Haine de la police»
François Molins a souligné que «tout au long de sa période d'incarcération, donc pendant une période de quasiment 14 ans», Karim Cheurfi n'avait «pas présenté» de «signes de radicalisation» ou de «prosélytisme».
«On avait plutôt affaire à quelqu'un de très solitaire et d'introverti, avec de gros problèmes de communication», se souvient Maître Jean-Laurent Panier, son ancien avocat. «C'était quelqu'un de renfermé sur lui-même», abonde une source pénitentiaire.
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Pour Mohammed, 21 ans, qui habite dans la petite cité HLM proche du pavillon où Karim Cheurfi vivait avec sa mère, «il avait une haine de la justice et de la police, il a peut-être pété un plomb en sortant de prison». Il n'était pas spécialement connu pour avoir une quelconque pratique musulmane communautaire. «Je vais souvent à la mosquée, je ne l'y ai jamais vu», dit Salim.
Pourtant, un morceau de papier sur lequel figurait «un message manuscrit défendant la cause de Daech» a été découvert à proximité de son corps. Le groupe djihadiste Etat islamique a également dans la foulée revendiqué son acte, d'après François Molins, tandis qu'un Coran a été trouvé dans sa voiture.