Primaire ou pas primaire ? Le président-candidat risque d’aggraver la crise du PS
Si l'entourage de François Hollande l'encourage à passer outre le processus interne de sélection du candidat PS à l'élection présidentielle, Jean-Christophe Cambadélis souhaite calmer une situation qui pourrait dégénérer au sein du parti.
Un président sortant doit-il se présenter à la primaire de son parti ? C'est la question qui taraude actuellement le camp Hollande, à quelques jours de la date limite des dépôts de candidatures pour représenter le Parti socialiste à l'élection présidentielle de 2017.
«François Hollande peut échapper à la primaire parce qu’il est président de la République. [...] le président sortant n’a pas à se présenter devant un conseil de famille mais devant le peuple tout entier», a déclaré Jean-Pierre Mignard, avocat de François Hollande, sur RTL.
François Hollande "doit échapper à la primaire" pour Jean-Pierre Mignard https://t.co/UZoUPTN34H
— PasquisDum#FH2017 (@FPasquisDumont) 28 novembre 2016
Un avis partagé par un ardent soutien du président, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll. «Ça fait quatre ans et demi qu’il y a un débat au sein de la gauche. Faire une primaire pour refaire ce débat, ça ne sert à rien. Ceux qui le pensent font une erreur colossale», a-t-il affirmé au quotidien économique Les Echos.
Stéphane Le Foll en court et en résumé : François Hollande va être candidat, et il ne passera pas par la primaire. pic.twitter.com/aIab141Ag6
— Antoine Bayet (@fcinq) 29 novembre 2016
Vers un «49.3 élyséen» ?
Le camp Hollande craint-il un scénario à la Nicolas Sarkozy, et de ne pouvoir passer le cap de la primaire ? Car des électeurs de droite pourraient effectivement décider de venir participer au scrutin afin de défavoriser le président sortant. C'est en tout cas l'invitation qu'a faite Arnaud Montebourg le 24 novembre sur RTL, appelant tous les Français à voter pour «battre» François Hollande.
#Primaire#gauche : #Montebourg appelle #électeurs (même de #droite) à "battre" #Hollande -> "#Honnêteté" ? (suite) https://t.co/W69C0IbJ25
— MICHEL BONTE (@MICHELBONTE) 29 novembre 2016
Dans un nouvel entretien accordé au journal Le Monde, Arnaud Montebourg a estimé que si le président refusait «un processus qu’il a accepté parce qu'il n’aurait pas l’heur de lui donner la certitude d’être désigné serait un coup de force dont il ne se relèverait jamais». «Un président qui commettrait une sorte de 49.3 élyséen contre la primaire se rendrait coupable d’une œuvre de destruction de nos progrès démocratiques», a-t-il ajouté.
Soutien de l'ex-ministre du Redressement productif, Aurélie Filipetti a estimé sur France Inter «inimaginable» et «intolérable» l'idée d'un passage en force de François Hollande. «Il y a un processus qui a été décidé collectivement. Personne, fût-il président de la République, ne peut s’en abstraire», a-t-elle averti.
Primaire à gauche: Aurélie Filippetti met en garde François Hollande pic.twitter.com/vUngiZDG7i
— l'Opinion (@Lopinion_fr) 28 novembre 2016
Invité d'Europe 1 le 29 novembre, Jean-Christophe Cambadélis a cherché à rassurer son camp en assurant qu'il y aura une primaire de la gauche. «A chaque élection il doit y avoir une primaire, on respecte les statuts du PS. [...] Personne ne me fera reculer là-dessus» a-t-il affirmé. Interrogé sur la participation de François Hollande au scrutin, le premier secrétaire du PS a assuré que le président lui avait dit, en privé, qu'il s'y soumettrait.
Peu importe les decla des proches de #Hollande#Cambadelis l'assure "le #ps organisera la primaire de la Belle alliance populaire" pic.twitter.com/vqQVc8LAY9
— Thibaut Le Gal (@LGThibaut) 29 novembre 2016
Le Parti Socialiste reste secoué suite à un embryon de crise institutionnelle créé par l'hypothèse émise par Manuel Valls de se présenter face à François Hollande à la primaire de la gauche. Néanmoins, le Premier ministre est rentré dans le rang le 28 novembre, excluant visiblement de démissionner et de participer au scrutin.