Dans l'entourage du vainqueur de la primaire de la droite et du centre, dimanche 27 novembre, l'heure était évidemment à la joie à l'annonce des résultats du scrutin – mais également au rassemblement. Président du groupe Les Républicains (LR) au Sénat et soutien de François Fillon, Bruno Retailleau s'est ainsi félicité sur BFM TV d'un score (69,5%) «permettant d'unifier naturellement l'ensemble de la droite [et] en même temps tout le centre». De même, Gérard Larcher, président du Sénat et soutien de longue date du député de Paris, a déclaré qu'une «nouvelle bataille» s'ouvrait, durant laquelle la droite devrait aller «à la rencontre de tous les Français».
Candidat malheureux au premier tour de la primaire ayant appelé à voter Fillon au second tour, Bruno Le Maire a quant à lui déclaré sur Twitter que le «combat pour l'alternance» était lancé.
Le succès de François Fillon, selon sa porte-parole et députée des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer, est une «victoire des convictions» – un constat partagé par le député filloniste Thierry Mariani, interrogé par RT, selon qui l'électorat de droite avait souhaité «revenir aux fondamentaux».
Les Sarkozystes encensent Fillon
Les Sarkozystes, qui avaient unanimement pris parti pour Fillon après l'élimination de leur champion, se sont sans surprise félicités du résultat du second tour de la primaire. L'ex-président de la République a lui-même tenu à adresser à François Fillon (pour qui il avait appelé à voter), dans un communiqué, ses «sincères félicitations pour sa victoire», avant d'ajouter qu'il était temps pour sa famille politique de se rassembler.
Sur Twitter, le bras droit de l'ancien chef d'Etat François Baroin, sénateur de l'Aube, a fait part de ses «chaleureuses félicitations à François Fillon et à son équipe pour cette remarquable et incontestable victoire», tandis qu'Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes et également lieutenant de Nicolas Sarkozy, a vu dans l'avènement de François Fillon «un mouvement inédit dans l'histoire politique contemporaine».
Autre soutien de l'ancien locataire de l'Elysée, le président des Républicains Laurent Wauquiez a lui aussi félicité «chaleureusement» le nouveau champion de la droite, soulignant «la constance, la volonté jamais démentie de dire la vérité» de celui-ci.
Les soutiens de Juppé se rallient au vainqueur
Bons joueurs, les partisans d'Alain Juppé aussi ont massivement applaudi la nomination du candidat Fillon pour la présidentielle de 2017. Le porte-parole du maire de Bordeaux, Benoist Apparu, a félicité le vainqueur de la primaire, tout en assurant qu'il était désormais temps aux Républicains de se montrer unis : «Il faut féliciter François Fillon, on n'est pas là pour poser des conditions au rassemblement, on a tous signé un engagement», a ainsi déclaré le député de la Marne, selon l'agence AFP.
De même, la malchanceuse Valérie Pécresse (qui avait quitté l'équipe de Fillon en cours de campagne pour rallier celle de Juppé), présidente de la région Ile-de-France, a déclaré sur Facebook : «Quelles que soient nos différences de sensibilité, nous devons tous nous rassembler dès aujourd'hui pour réussir le redressement de notre pays».
Soutiens d'Alain Juppé au deuxième tour, les candidats malheureux à la primaire Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-François Copé ont eux aussi resserré les rangs derrière l'ancien chef du gouvernement. La première, qui avait pourtant déclaré «ne pas partager sa vision conservatrice de la société» dans l'entre-deux-tours, a finalement considéré sur Twitter qu'avec la victoire de François Fillon, «c'est la droite républicaine et le centre qui gagnent».
Le maire de Meaux, quant à lui, a promis de mettre «toute [son] énergie» au service du candidat de la droite à l'élection présidentielle.
Dans son discours de défaite, Alain Juppé lui-même, qui s'était montré très offensif avant le second tour de la primaire (au point de provoquer l'indignation de certains partisans de François Fillon), a souhaité «bonne chance pour [la] campagne présidentielle [de son ancien rival] et la victoire en mai prochain».
Le cas Guaino
Seule note dissonante au milieu du concert de louanges adressé par les Républicains à François Fillon : la prise de parole d'Henri Guaino, à l'issue de la primaire. Invité dimanche soir sur Europe 1, le député des Yvelines a confié sa vision très peu enthousiaste du projet porté par l'ex-Premier ministre : «Ce programme, je le combattrai avec toute mon énergie, jusqu'au bout.»
Le programme de François Fillon, c'est une purge comme on n'en a jamais proposée depuis la Seconde Guerre mondiale
En cause, selon l'ex-plume de Nicolas Sarkozy se revendiquant du gaullisme : des mesures économiques jugées trop libérales, à même selon lui de décourager les classes populaires et moyennes et d'offrir un angle d'attaque aisé au Front national. N'y allant pas de main morte, le disciple de Philippe Séguin a même lâché : «Le programme de François Fillon, c'est une purge comme on n'en a jamais proposée depuis la Seconde Guerre mondiale.»
Un centre divisé ?
Allergiques à Nicolas Sarkozy et favorables à une victoire d'Alain Juppé, les centristes se sont montrés pris au dépourvu par le triomphe de François Fillon... Au point d'apparaître éclatés, à l'issu du deuxième tour de la primaire de la droite et du centre. Certains ont choisi l'alliance claire et nette avec le camp républicain, rassemblé derrière le député de Paris : ainsi, le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, a indiqué sans ambages dans un communiqué que «la victoire claire de François Fillon [...] en fait le candidat légitime à l’élection présidentielle». Une opinion partagée par son camarade de parti et député de l'Eure Hervé Morin, qui a appelé sur Twitter les élus et les militants centristes à rejoindre François Fillon, et par le président du goupe de l'UDI à l'Assemblée nationale, Philippe Vigier, interrogé par RT.
Bien que membre de l'UDI lui-aussi, Yves Jégo a fait entendre une voix tout à fait dissonante : face à «la puissance de l'ultra-droite souverainiste et réactionnaire», le député de Seine-et-Marne a en effet appelé à la constitution d'une «alternative humaniste, européenne et laïque», selon Le Figaro.
Egalement opposée à une mobilisation du centre derrière l'ex-Premier ministre, l'ex-UDI Rama Yade s'est présentée comme la candidate «des centristes» à l'élection présidentielle, face à un Fillon «de la droite ET du centre».
La grande inconnue reste néanmoins, toujours, le choix du président du Modem François Bayrou : le maire de Pau, qui comptait se présenter à la présidentielle en cas de victoire de Nicolas Sarkozy à la primaire, ne sait en effet toujours pas comment traiter la candidature Fillon – se contentant, depuis dimanche, de se demander si le programme de celui-ci «est au point d’équilibre qu'exige l'avenir de notre pays». Une hésitation qui a conduit Emmanuel Macron à lui proposer de se rallier à lui. Proche des idées centristes, le leader du mouvement «En marche !» se présente en effet comme un concurrent de François Fillon à la présidentielle de 2017, et a dénoncé sur France 2 le «retour en arrière» qu'impliquerait la vision de la société française portée par celui-ci.
Le Front national déjà dans l'entre-deux tours
Prêt à attaquer Alain Juppé sur son «identité heureuse» et à Nicolas Sarkozy sur son bilan de président et ses «affaires», le Front national souhaite se montrer capable d'en découdre avec le candidat «surprise» de la droite, François Fillon. Alors que les sondages laissent envisager un duel entre celui-ci et Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, les dirigeants frontistes ont attaqué frontalement le député de Paris dès l'annonce des résultats de la primaire. «C'est le pire programme de casse sociale qui ait jamais existé [...]. Jamais aucun candidat n'est allé aussi loin dans la soumission aux exigences ultralibérales de l'Union européenne», a lancé dimanche la présidente du parti, tout en employant sur Twitter d'autres angles d'attaque, liés au bilan de Premier ministre de François Fillon.
Un bilan également présenté comme un boulet par la députée du Vaucluse, Marion Maréchal-Le Pen, qui a en outre évoqué sur Twitter le parti-pris pro-Clinton du député de Paris durant la campagne présidentielle américaine.
Florian Philippot, lui, a dépeint sur BFM TV et RMC le champion de la droite en candidat de la «mondialisation sauvage», dont le programme constituerait une «saignée». Sur Twitter, le vice-président du FN a également accusé François Fillon de vouloir ramener la France au XIXe siècle (sous-entendu : en détruisant le modèle social français).
En dépit de cette effervescence, François Fillon ne «pose strictement aucun» problème à la candidature de Marine Le Pen, a assuré sur Europe 1 David Rachline, sénateur-maire FN de Fréjus. Il suffira en effet aux responsables frontistes, selon lui, de rappeler son «bilan catastrophique» de Premier ministre et de dénoncer son «programme extrêmement inquiétant», sur les thèmes de la fiscalité et de la sécurité sociale.
D'une seule voix, la gauche dénonce la menace de «l'ultra-droite» Fillon
Plus désunie que jamais, la gauche est toutefois parvenue à trouver une certaine unité à l'issu du second tour de la primaire de la droite et du centre, autour de la description du fléau économique et social que représenterait une présidence Fillon. «L'ultra-droite», a évoqué sans prendre de gants le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Jean-Christophe Cambadélis sur Twitter...
... tandis que la secrétaire d'Etat de l'Aide aux victimes, Juliette Méadel (PS), a préféré selon l'agence AFP le terme de «droite dure et thatchérienne», et le chef de file des «frondeurs» Christian Paul, celui de «Révolution conservatrice».
Toujours du côté socialiste, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg ont partagé leurs craintes quant au sort réservé par François Fillon aux fonctionnaires, le premier dénonçant sur BFM TV «un esprit de revanche» qui ciblerait ces derniers, et le second s'inquiétant sur Twitter d'«un plan social de fonctionnaires». Des menaces qui ont poussé François Rebsamen, maire de Dijon et proche de François Hollande, à prôner sur Twitter «l'unité et [au] rassemblement» de la gauche en 2017.
Relevant lui aussi un discours filloniste «contre l'Etat [et] les fonctionnaires», le leader du mouvement «France insoumise» Jean-Luc Mélenchon a tempéré ces inquiétudes, assurant sur France 2 que le candidat de la droite se trompait s'il imaginait pouvoir remporter la présidentielle avec ces positions. «La masse des Français est en attente de services publics qui fonctionnent, d'une santé qui marche, d'une Education nationale qui tourne rond», a-t-il en effet assuré.
Moins serein, le porte parole du PCF – qui a annoncé samedi son soutien à l'ex-chef du Front de gauche –, Olivier Dartigolles, a vu dans le programme de François Fillon «un projet d'une violence inédite».
Enfin, le porte-parole d'Europe Ecologie Les Verts (EELV) Julien Bayou a appelé à faire barrage à la droite «conservatrice» et «libérale» de François Fillon... sans pour autant prêcher l'unité de toutes les gauches.
Lire aussi : Présidentielle : François Fillon devancerait Marine le Pen dès le premier tour