Interdiction de la manifestation de jeudi à Paris : le gouvernement fait volte-face
Après avoir annoncé l'interdiction de la manifestation contre la loi travail jeudi 23 juin à Paris, le gouvernement, cédant à une forte vague de critiques, a finalement accordé aux syndicats le droit de défiler.
A la suite de discussions entre le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et les organisations syndicales mercredi matin, celles-ci sont parvenues à obtenir le droit de manifester à Paris sur un court trajet allant de la place de la Bastille au bassin de l'Arsenal, a annoncé le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez. «L'autorisation de manifester le 28 juin selon des modalités à déterminer», a-t-il ajouté, a également été décrochée par les syndicats.
Le leader cégétiste a qualifié de «victoire pour les syndicats et la démocratie» cette volte-face du ministère de l'Intérieur, qui s'était jusqu'à présent montré ferme dans son opposition à la marche des manifestants, pour des raisons de sécurité.
«Il n'y a plus d'autorité, mais plus qu'une girouette au sommet de l'Etat»
Les réactions de la classe politique face à cette incapacité du gouvernement à maintenir son cap n'ont pas tardé : le sénateur et maire FN Stéphane Ravier a notamment évoqué un «vrai sketch au sommet de l'Etat», tandis que Jean-Luc Mélenchon a pointé du doigt la «confusion» de Manuel Valls.
La manif officiellement interdite est officiellement autorisée à tourner en rond de façon statique. Valls obtus et confus. #manif23juin
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 22 juin 2016
C'est sous la pression que le gouvernement a dû renoncer ce matin à interdire la manif de jeudi. Un vrai sketch au sommet de l'Etat !
— Stéphane Ravier (@Stephane_Ravier) 22 juin 2016
La manif aura lieu demain ! Syndicats : 1 / Valls : 0 Qu'il démissionne ! Retrait #LoiTravail
— Simonnet Danielle (@Simonnet2) 22 juin 2016
Manif interdite puis autorisée ! L'anarchie règne au sommet de l'Etat. Pathétique ! #manif23juin
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 22 juin 2016
Une fois encore, la position du #Gouvernement sur les manifestations est floue. La politique de rétropédalage doit cesser au plus vite !
— Valérie Boyer ن (@valerieboyer13) 22 juin 2016
L'instabilité du gouvernement a également suscité de nombreux commentaires ironiques sur les réseaux sociaux :
#manif23juin à nouveau autorisée! Il n'y a plus d'autorité ms plus qu'1 girouette au sommet de l'Etat @lesRep_Senatpic.twitter.com/5ULXXJrSWI
— François GROSDIDIER (@GrosdidierSenat) 22 juin 2016
Là le préfet me demande si la manif est interdite ou autorisée. Je lui réponds "les 2" et je raccroche #manif23juinpic.twitter.com/weEG2GK4ba
— Antoine Adam (@Ant1Adam) 22 juin 2016
#whatElse? #manif23juinpic.twitter.com/P637S5CstF
— Doc Philou (@DocPhilou) 22 juin 2016
Afin de faire bonne figure face à cette victoire des syndicats, le ministre de l'Intérieur a tenu à préciser qu'«aucun débordement, aucune violence» ne seraient tolérés par les forces de l'ordre. Le Premier Manuel Valls, de son côté, a tenu à dire que «tout [avait] été fait» par l'exécutif pour permettre à la manifestation de se tenir...
Mercredi 22 juin au matin, le préfet de police de Paris avait annoncé l'interdiction de la manifestation de jeudi, au motif que les «représentants des syndicats refus[aient] catégoriquement la tenue d'un rassemblement statique et formul[aient] ensuite des propositions alternatives d'itinéraires».
Cette décision avait provoqué une condamnation unanime de la classe politique, de la gauche au FN. Parmi les personnalités ayant fait part de leur indignation, le leader des députés socialistes «frondeurs» Christian Paul avait dénoncé une «faute historique», tandis qu'à l'autre bord de l'échiquier politique, Marine Le Pen avait regretté une «démission face aux casseurs» et «une atteinte grave à la démocratie».