Côte d'Ivoire : La justice française veut entendre MAM, Villepin et Barnier sur l'affaire Bouaké

Côte d'Ivoire : La justice française veut entendre MAM, Villepin et Barnier sur l'affaire Bouaké Source: Reuters
Michel Barnier, Dominique de Villepin sur la gauche et Michèlle Alliot-Marie à l'extrême droite de l'image lors d'un conseil des ministres présidé par Jean-Pierre Rafarin en 2004
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Nouvel épisode dans l'affaire de Bouaké en Côte d'Ivoire en 2004, particulièrement clivant dans l'histoire trouble des relations «françafricaines» : Villepin, Alliot-Marie et Barnier ont été renvoyés devant la Cour de justice de la République.

Selon un article de Mediapart paru ce mardi 23 février, ces trois personnalités auraient tout fait pour que ne soient pas entendus les pilotes des avions qui ont bombardé une base française en Côte d’Ivoire le 6 novembre 2004. Neuf soldats français et un humanitaire américain avaient alors été tués. A ce moment, le président ivoirien Laurent Gbagbo qui commence à ne plus être en odeur de sainteté à Paris, selon certains témoignages, est en prise avec une rébellion qui contrôle la moitié nord du pays depuis 2002.

Alors que la supériorité militaire de l'armée ivoirienne ne tient qu'à son aviation, tous ses avions sont bombardés suite à l'épisode de Bouaké de 2004. Pour les partisans de l'ex-président actuellement jugé par la Cour pénale internationale (CPI), c'est un véritable basculement qui s'opère dans le soutien de la France, de Laurent Gbagbo à la rébellion qui portera au pouvoir l'actuel chef d'Etat Alassane Ouattara en 2011.

Trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende ?

La juge d’instruction Sabine Kheris a sollicité le renvoi du Premier ministre, du ministre de la Défense et du ministre des Affaires étrangères de l'époque devant la Cour de justice de la République, la seule habilitée à juger des délits commis par des membres du gouvernement. «Il est apparu tout au long du dossier que tout avait été orchestré afin qu’il ne soit pas possible d’arrêter, d’interroger ou de juger les auteurs biélorusses du bombardement», a indiqué la juge au bout de 12 pages de démonstration.

Pour faire obstacle à l'enquête, les trois anciens ministres de Jacques Chirac se seraient organisés après «concertation à un haut niveau de l'Etat». Ils encourent trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende pour avoir «fourni à la personne auteur ou complice d'un crime ou d'un acte de terrorisme puni d'au moins dix ans d'emprisonnement un logement, un lieu de retraite, des subsides, des moyens d'existence ou tout autre moyen de la soustraire aux recherches» (article 434-6 du Code pénal).

«Une tentative de coup d'État manquée»

«Il résulte de tous les éléments énoncés qu’il n’existe pas d’éléments permettant de mettre en cause les hautes autorités de l’Etat dans l’assassinat des militaires français et américains du camp Descartes», a déclaré Sabine Kheris.

Pour Maître Jean Balan, avocat des victimes, «le bombardement de Bouaké est une tentative de coup d'Etat manquée. En France, une petite clique a voulu se débarrasser de Gbagbo en faisant croire qu’il avait attaqué l’armée française». «Ce qui était hier une hypothèse est aujourd’hui corroborée par les faits», a ajouté l'avocat.

«La ministre a menti sous serment alors qu’elle était Garde des sceaux !», s'est esclaffé Maître Balan au sujet de l'audition de Michèle Alliot Marie sur cette affaire en 2010. Elle avait à l'époque avancé des arguments juridiques non crédibles au sujet du fait que les pilotes des avions ayant effectué le bombardement qui a tué les soldats français en 2004 aient été relâchés sur instruction française alors qu'ils étaient détenus au Togo. «Nous avions l’intime conviction qu’ils avaient bombardé la position française», a expliqué le ministre de l’Intérieur Togolais de l’époque, François Boko.

Selon une source proche de l'enquête, les ministres auraient fait entrave à l'audition des mercenaires pour ne pas lever le voile sur certains réseaux de trafics d'armes en Afrique dans un contexte où le président Laurent Gbagbo était alors soutenu par le président gabonais omar Bongo et camerounais, Denis Sassou Nguesso auprès de Jacques Chirac, rapporte Mediapart.

«La France avait bien l’intention de déposer Laurent Gbagbo»

Pourtant, au même moment, le soir du 6 novembre, les partisans de Laurent Gbagbo, notamment Charles Blé Goudé qui estiment que la France a délibérément comploté pour anéantir l'aviation ivoirienne, sont envoyés en direction de la base française d'Abidjan près de l'aéroport pour manifester leur mécontentement. Des hélicoptères français tirent alors sur la foule et font des dizaines de morts.

Dans la nuit du 7 au 8 novembre 2004, un escadron blindé de l'armée française se retrouve en face de la résidence du président Laurent Gbagbo à Abidjan. «Une invraisemblable erreur d’orientation» , selon le colonel français Destremau, à l'époque. «La France avait bien l’intention de déposer Laurent Gbagbo, mais au dernier moment, le haut responsable ivoirien qui devait prendre les rênes du pouvoir se serait "dégonflé"», selon une autre version exposée par le journaliste de Libération Thomas Hofnung l'année d'après. Le 9 novembre, la crise est à son comble, les soldats français réfugiés à l'Hôtel Ivoire de la capitale ivoirienne tirent à nouveau sur les manifestants en colère qui entourent le bâtiment.

Lire aussi : L'Union africaine adopte une proposition pour un retrait des pays africains de la CPI

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