Trop d’info tue l’info : six rescapés de l’Hyper Cacher portent plainte contre les médias

Six personnes qui s’étaient cachées dans une chambre froide durant l’assaut d’Amedy Coulibaly dans l’Hyper Cacher portent plainte contre les médias pour avoir divulgué leur cachette en direct pendant la prise d’otages.
9 janvier, 14h58, plusieurs médias dont BFMTV couvrant la prise d’otage de l’Hyper Cacher diffusent l’information comme quoi «une femme se serait réfugiée dans la chambre froide», alors même que le preneur d’otages est sur les lieux.
En savoir plus : les médias français dévoilent le détail de l’attaque du magasin casher à Paris
C’est cette façon de couvrir l’information que Me Patrick Klugman, l’avocat de six rescapés de la prise d’otages de l’Hyper Cacher dénonce, en déposant plainte contre X pour «mise en danger de la vie d’autrui», qui vise notamment la chaine de télévision BFMTV.
Attentats de Paris : six ex-otages de l'Hyper Casher portent plainte contre les médias http://t.co/C4xRh32BUkpic.twitter.com/e4TKE90vxx
— France Bleu (@francebleu) 3 Avril 2015
Les plaignants reprochent à cette dernière d’avoir révélé que des clients s’étaient cachés dans la chambre froide pendant la prise d’otage, ce qui pour l'avocat relève d’un délit de mise en danger de la vie d'autrui ; la vie de ses clients «aurait été exposée si Coulibaly avait eu connaissance en temps réel de l'information».
Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFMTV avait par la suite fait la tournée des plateaux de télévision pour expliquer que le journaliste sur place avait reçu un «feu vert» des forces de police pour pouvoir dévoiler l’information. Il a tout de même fini par admettre que la révélation de ce renseignement était «inopportune, c’était une erreur».
Hervé Béroud reconnaît que BFM TV est critiquable et que de vraies erreurs ont été commises.
#LPJpic.twitter.com/IWwZdGoqD1"
— info (@encolere75) 27 Mars 2015
Tous les griefs ne sont pas retenus envers la même chaine, «de nombreux autres médias manquaient aux règles les plus élémentaires de prudence», notamment en retransmettant en direct des images des opérations ou en annonçant l'assaut contre les frères Kouachi.
HYPERCASHER. PLAINTE CONTRE BFM. #BFMTV#ONPC#LEFIGAROpic.twitter.com/H9hKtaaCrw
— jameslamygale (@jameslamygale) 3 Avril 2015
Début février, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a mis en demeure six médias pour la façon dont ils ont couvert l’événement. Dans une lettre ouverte, les médias concernés ont dénoncé une atteinte à la liberté d’informer.
Mais la leçon ne semble pas avoir été retenue. Lors de l’attaque du musée du Bardo à Tunis le 18 mars dernier, des journalistes d’iTélé et de BFMTV ont joint par téléphone pendant la prise d’otages des personnes qui se trouvaient dans le musée, mettant leur sécurité en péril.
On s'en fout des leçons de Charlie, on va appeler les personnes retranchées (en espérant qu'ils soient sur vibreur) https://t.co/0S0QnBcQ0u
— Matgoa (@Matgoa) 18 Mars 2015
Le délit de «mise en danger de la vie d’autrui» est passible de 15 000 euros d’amende et d’un an de prison. La question que le tribunal devra trancher si coupable il y a, est qui de la personne morale, la direction de l’information ou bien le journaliste a sa responsabilité d’engagée.