Thierry Ardisson s’excuse après avoir comparé Gaza à Auschwitz

Après avoir comparé la situation à Gaza au camp d’Auschwitz, Thierry Ardisson présente ses excuses publiques, reconnaissant une «erreur de langage». La polémique met en lumière combien le discours public sur Gaza, même neutre, compassionnel ou descriptif, est devenu un champ miné, face aux levées de boucliers systématiques de la communauté juive.
Thierry Ardisson a présenté ses excuses publiques après avoir suscité une controverse auprès de la communauté juive en déclarant dans l'émission Quelle époque ! sur France 2 le 10 mai, que « Gaza aujourd’hui, c’est Auschwitz. Voilà. C'est tout ce qu'il y a à dire ! ».
L’animateur réagissait à une question sur la guerre dévastatrice en cours à Gaza et disait vouloir alerter sur la situation humanitaire dramatique dans l’enclave palestinienne. Mais la comparaison a immédiatement déclenché une vague d’indignation dans les rangs de la communauté juive.
Dans un communiqué relayé par plusieurs médias ce 12 mai, Ardisson a reconnu une faute : « Je m’excuse d’avoir employé cette analogie. Ce n’était ni juste ni approprié. Je n’ai jamais voulu insulter la mémoire des victimes de la Shoah, ni banaliser les crimes nazis. » Il a également précisé qu’il voulait exprimer son émotion face aux souffrances des civils palestiniens.
Guerre des mots
La phrase a été largement commentée. Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Yonathan Arfi, a jugé cette comparaison « odieuse et dangereuse », rappelant que l’assimilation d’un conflit contemporain avec le génocide nazi contribue à banaliser la Shoah.
Dans le camp inverse, certains défenseurs de la cause palestinienne ont défendu Ardisson, soulignant que sa formule visait à exprimer un choc moral face aux bombardements intensifs de civils désarmés à Gaza, au blocus alimentaire et à l’effondrement du système sanitaire.
Cette controverse illustre à quel point le langage autour de Gaza est devenu explosif et comment tout discours même neutre, descriptif ou porté par des intentions compassionnelles sur la situation humanitaire catastrophique dans l’enclave se heurte systématiquement à des accusations d’antisémitisme brandies constamment par la communauté juive.
La guerre à Gaza a fait 52 862 morts palestiniens, en majorité des femmes et des enfants et 119 648 blessés depuis le 7 octobre 2023, selon le dernier bilan officiel du ministère palestinien de la Santé. Une étude publiée dans le Lancet le 8 février 2025, recoupant plusieurs sources, estime que ces chiffres sont sous-évalués de 40 %, plusieurs milliers de cadavres étant toujours disparus ou ensevelis sous les décombres, selon les agences de l'ONU.