Retraites : un déficit abyssal en vue malgré la réforme des retraites d’Emmanuel Macron
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Le dernier rapport de la Cour des comptes alerte sur l’avenir des retraites en France. Malgré la réforme de 2023 portant l’âge légal à 64 ans, le déficit atteindra 15 milliards d’euros en 2035 et 30 milliards en 2045. Ces projections remettent en cause l’efficacité de la réforme et annoncent de possibles mesures supplémentaires.
Le système de retraites français est en péril. Selon le rapport de la Cour des comptes remis le 20 février, le déficit atteindra 15 milliards d’euros en 2035 et doublera pour s’élever à 30 milliards en 2045. Une prévision qui illustre l’échec des réformes engagées et la nécessité de nouvelles mesures pour préserver l’équilibre financier du système.
Malgré une légère embellie en 2023 avec un excédent de 8,5 milliards d’euros, la situation financière des caisses de retraite s’aggrave dès 2024, avec un déficit de 6,6 milliards d’euros. À partir de 2030, la tendance se détériore, notamment en raison de l’augmentation du nombre de retraités et de la diminution du nombre d’actifs cotisants. La Cour des comptes souligne que la réforme de 2023, bien qu’ayant limité temporairement les pertes, ne suffira pas à rétablir un équilibre durable.
Le poids de la dette et l’impact des réformes
L’accumulation des déficits entraînera une dette supplémentaire de 470 milliards d’euros d’ici 2045, un poids colossal qui menace l’ensemble des finances publiques françaises. La réforme de 2023, qui a fait passer l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, devait garantir la viabilité du système, mais elle ne représente qu’un gain temporaire. La Cour des comptes estime qu’une nouvelle augmentation de l’âge de départ à 65 ans pourrait permettre d’économiser 17,7 milliards d’euros d’ici 2035. Toutefois, allonger la durée de cotisation, en augmentant le nombre d’années travaillées pour percevoir une pension complète, pourrait aussi rapporter 5,2 milliards d’euros sur la même période. Une autre possibilité consisterait à revoir à la hausse les cotisations des actifs, une solution qui pèserait toutefois sur les entreprises et les travailleurs. Enfin, la désindexation partielle des pensions par rapport à l’inflation pourrait permettre de réaliser des économies significatives, bien que cette mesure soit politiquement risquée et socialement contestée.
Une impasse politique et sociale
Le Premier ministre François Bayrou, commanditaire du rapport, se retrouve face à un dilemme politique. D’un côté, les syndicats réclament l’abrogation de la réforme de 2023 et un retour à un âge de départ à 62 ou 63 ans, ce qui alourdirait encore davantage le déficit, avec un coût estimé à 5,8 milliards d’euros supplémentaires par an d’ici 2035. De l’autre, le gouvernement ne peut ignorer les chiffres alarmants avancés par la Cour des comptes, qui plaide pour une stabilisation du système à long terme.
La question des retraites reste un sujet explosif en France. La réforme de 2023, imposée par le gouvernement Macron en contournant le Parlement, avait provoqué une contestation sociale massive. Aujourd’hui, la perspective d’une nouvelle réforme ou d’un durcissement des règles risque de raviver les tensions.
Un avenir incertain pour les retraités
Si la Cour des comptes ne préconise pas explicitement de nouvelles mesures, elle met en évidence la gravité de la situation. Pierre Moscovici, président de l’institution, a également tenu à clarifier un point contesté par François Bayrou : «Il n’existe aucun déficit caché des retraites des fonctionnaires». Cette déclaration met un terme aux spéculations sur un prétendu trou financier supplémentaire de 45 milliards d’euros et souligne l’urgence d’une réflexion sur des solutions viables.
Avec ces projections inquiétantes, le débat sur les retraites est loin d’être clos. Les discussions entre syndicats et patronat, qui débuteront le 27 février, seront décisives pour l’avenir du système. Pourtant, une chose est sûre : sans réforme supplémentaire, la retraite par répartition telle que la France la connaît aujourd’hui risque de devenir tout simplement impossible.