Collectif Adama : la «marche pacifique» interdite par la préfecture du Val-d'Oise
L'interdiction d'une marche en hommage à Adama Traoré, mort il y a sept ans, suscite la colère des organisateurs et de la gauche. La majorité invoque de son côté des impératifs d'ordre public.
Après une procédure contradictoire, le préfet du Val-d’Oise a interdit la manifestation annuelle du collectif «Vérité pour Adama», qui devait se dérouler le 8 juillet à Persan et à Beaumont-sur-Oise.
🔴 A la suite de la procédure contradictoire engagée avec le comité « Vérité pour Adama », #prefet95 interdit la manifestation et les rassemblements prévus le samedi 8 juillet 2023 à Persan et à Beaumont-sur-Oise. pic.twitter.com/J8IHJIjQej
— Préfet du Val-d'Oise (@Prefet95) July 6, 2023
Tous les ans au mois de juillet, le comité Adama organise une marche en hommage à Adama Traoré, un jeune homme noir mort en juillet 2016 à Persan lors d’une interpellation policière. La gauche politique et associative s’est mobilisée pour soutenir l’organisation quand la majorité évoque un risque de trouble à l’ordre public.
La gauche à la rescousse du collectif Adama
La députée de La France insoumise (LFI) Clémentine Autain s’est insurgée ce 7 juillet sur LCI contre la décision du préfet d’interdire la manifestation.
«Il n’y a jamais eu de débordements, il n’y a jamais eu de violence» en six ans, a fait valoir l'élue. Cette dernière voit une contradiction majeure dans le fait d’interdire un rendez-vous qu'elle juge «pacifique, démocratique, républicain» juste après les émeutes.
Les soutiens se sont multipliés à gauche : la présidente du groupe parlementaire insoumis à l’Assemblée, Mathilde Panot, a même affirmé que LFI se tiendrait aux côtés des associations organisatrices puisque celles-ci ont décidé de maintenir l’appel. Toujours dans la coalition Nupes, l'écologiste Aurélien Taché, transfuge de la majorité macroniste et député du Val-d’Oise, a aussi dénoncé cette interdiction.
Nous, députés #NUPES du Val d’Oise, condamnons fermement l’interdiction de la marche pour Adama par le préfet. Une semaine après la mort du jeune Nahel, ce message est une provocation & une atteinte à notre démocratie.
— Aurélien Taché (@Aurelientache) July 7, 2023
📍RDV demain, 14h à la gare de Persan ! https://t.co/GiyDSlsg8u
Le président de l’association SOS Racisme Dominique Soppo s’est insurgé, également en soutien à cette marche, estimant que «l'interdiction d'une manif (sic) qui n'a jamais donné lieu à débordements est inadmissible».
Une majorité timide mais quelques détracteurs
Le député Renaissance de l’Essonne Paul Midy a lui affirmé sur BFMTV que des «groupuscules d’ultra-gauche, notamment Les Soulèvements de la Terre, ont appelé à manifester». La présence de ce collectif récemment dissous par le ministre de l’Intérieur pourrait avoir pesé dans la balance, le député évoquant les «scènes de guerre» qui ont eu cours à Sainte-Soline.
La @jeune_garde sera présente aux marches de ce samedi 8 juillet :
— Raphaël Arnault (@ArnaultRaphael) July 7, 2023
• Strasbourg —> 10h république
• Lille —> 14h30 république
• Région parisienne —> 14h à Beaumont-sur-Oise (marche Adama)
• Lyon —> 15h Gare de Vénissieux
En deuil et en colère. #JusticePourNahelpic.twitter.com/oJAq3kJ78U
Aucun député de la majorité du département n’a réagi publiquement à cette interdiction. La présence de groupuscules «antifascistes» réputés violents a été confirmée, à l’image de l’organisation Jeune Garde, très présente sur les réseaux sociaux.
L'interdiction contestée devant la justice administrative
Le polémiste Raphaël Enthoven a de son côté critiqué le soutien à la marche de LFI, évoquant le passé criminel d’Adama Traoré qui avait utilisé une fourchette pour obtenir les faveurs sexuelles d’un codétenu.
Après la marche, un grand dîner est prévu, pour tous ceux qui ont un bon coup de fourchette. 🍴 https://t.co/cXodUkbUDy
— Raphaël Enthoven (@Enthoven_R) July 7, 2023
Dans l'après-midi, le tribunal administratif du Val-d’Oise devait examiner un recours du comité Adama contestant l’interdiction de la marche. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron il y a six ans, 33 organisations ont été dissoutes et les interdictions de manifester se sont multipliées.