Assemblée nationale : une 17e motion de censure rejetée
Le gouvernement d’Elisabeth Borne a été visé par une 17e motion de censure ce 12 juin. La France insoumise, à l’origine de ce vote de défiance, n’est pas parvenue à rassembler les 289 voix nécessaires pour le faire tomber.
Deux cent trente-neuf votes en faveur de la motion de censure. Seulement. Faute du soutien des Républicains (LR) et des élus du groupe Liot dont seuls deux ont voté, la motion de censure déposée par Mathilde Panot le 8 juin, et défendue par la Nupes, n’a pas abouti.
Une séance agitée
La motion de censure a été présentée et défendue dans un premier temps par Valérie Rabault du Parti socialiste (PS), vice-présidente de l’Assemblée nationale. La Première ministre Elisabeth Borne a ensuite pris la parole et chauffé un hémicycle déjà très remonté, lançant à la tribune : «Moi, je ne confonds pas le courage et les décibels.» Ledéputé du Val-de-Marne Louis Boyard a interrompu Elisabeth Borne à plusieurs reprises, arguant : «Je n'ai pas de leçons à recevoir de la majorité.»Il a finalement été rappelé à l’ordre par la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.
La présidente de l'Assemblée nationale @YaelBRAUNPIVET demande à @LouisBoyard de se taire pendant l'intervention de la Première ministre, avant de prononcer un rappel à l'ordre avec inscription au procès verbal. #MotionDeCensure#DirectANpic.twitter.com/XLCFt8413T
— LCP (@LCP) June 12, 2023
Ont suivi les seconds couteaux des différentes oppositions : Cyrielle Chatelain pour Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Hubert Wulfranc pour le Parti communiste, Bertrand Pancher pour le groupe Liot, Julie Lechanteux pour le Rassemblement national (RN). Côté majorité présidentielle, les alliés du groupe Horizon ont laissé la parole à Laurent Marcangeli, ceux du MoDem au député Jean-Louis Bourlangues. Le parti présidentiel Renaissance a confié sa prise de parole à Amélia Lakrafi.
Du côté des Républicains, c’est le député de Seine-et-Marne Jean-Louis Thiériot qui a pris la parole. Réputé favorable à un rapprochement avec la majorité, il a fustigé le vote commun de la Nupes et du RN, qu’il qualifiera à la tribune de «l’alliance de la carpe et du lapin», suscitant la colère dans les rangs de l’Assemblée.
Une impossible majorité d’opposition
Il manquait neuf voix à la motion de censure le 20 mars pour renverser Elisabeth Borne. Celle de ce 12 juin en est très loin avec 50 voix manquantes pour atteindre la majorité de 289 voix nécessaires.
Dès l’annonce du dépôt d’une motion de censure par la présidente du groupe La France insoumise (LFI) à l’Assemblée Mathilde Panot, les réactions des différents groupes d’opposition laissaient entrevoir une mobilisation moindre que lors du dernier vote. En mars, 19 députés LR avaient voté en faveur de la motion, contre l’avis du président du parti Eric Ciotti. Le 11 juin, l’une des figures du vote contre cette motion de mars, Aurélien Pradié, avait déclaré sur les ondes de RMC ne pas souhaiter voter cette motion car «elle [lui paraissait] déconnectée du sujet de la réforme des retraites».
.@BertrandPancher s'adresse à @Elisabeth_Borne : "Vous deviez apaiser le pays en 100 jours et vous échouez."
— LCP (@LCP) June 12, 2023
"Vous devriez tirer vous-même les conclusions qui s'imposent, votre responsabilité désormais serait de démissionner."#MotionDeCensure#DirectANpic.twitter.com/TAlDX3MRwr
Le groupe Liot, à l’origine de la précédente motion de censure, n’a pas donné de consigne de vote à ses députés, se justifiant sur les réseaux sociaux par le fait que «les conditions de succès d'une telle motion ne sont pas réunies actuellement». A la tribune, le président du groupe n’a pas ménagé la majorité et demandé à Elisabeth Borne de démissionner.
La fin de la bataille des retraites ?
La motion de censure de La France insoumise avait en apparence de quoi séduire les oppositions. Elle visait à dénoncer ce que Mathilde Panot nomme un «coup de force» après l’annonce de la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, qui avait déclaré irrecevables les amendements portant sur l’abrogation du report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans.
C’est finalement sans trop de conviction que le vote a eu lieu, même si le Rassemblement national avait annoncé le 11 juin soutenir la motion. «Nous voulons qu'Elisabeth Borne s'en aille, avec sa réforme sous le bras, et surtout, nous voulons qu'il y ait un vote car il n'y a pas eu de vote à l'Assemblée nationale», avait ainsi déclaré le député du Nord Sébastien Chenu à RTL-Le Figaro-LCI. Il y aura donc bien eu un vote, probablement le dernier sur la question des retraites. Le sujet ne devrait cependant pas quitter totalement le débat public et plusieurs partis affirment déjà vouloir abroger la loi en cas de victoire électorale.
📹 Nous reviendrons sur la #RéformeDesRetraites, qui est injuste. Elisabeth Borne et Emmanuel Macron n'ont pas réussi à convaincre les Français et ils ont imposé cette réforme. @LCI#LeGrandJurypic.twitter.com/iMvSfWThHI
— Sébastien Chenu (@sebchenu) June 11, 2023
Cette 17e motion de censure en un an contre le gouvernement a échoué et semble marquer la fin de la séquence politique de contestation contre la réforme des retraites. La Première ministre Elisabeth Borne tient le record du nombre de motions de censure, loin devant ses prédécesseurs.