Des couvreurs en «exosquelettes» ? L'étrange justification d'un macroniste pour la retraite à 65 ans

Des couvreurs en «exosquelettes» ? L'étrange justification d'un macroniste pour la retraite à 65 ans© CHARLY TRIBALLEAU / AFP
Une travailleuse en exosquelette à l'usine Renault de Cléon en Seine-Maritime (image d'illustration).
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Le sénateur Renaissance François Patriat a avancé un argument qui n'est pas passé inaperçu pour justifier son changement d'opinion sur la retraite à 65 ans : les travailleurs de métiers pénibles disposeraient maintenant d'«exosquelettes».

Sur quel chantier est-il allé chercher ça ? Le sénateur macroniste François Patriat, qui fut député socialiste dès 1981 à l'époque du passage de la retraite à 60 ans, en faveur de laquelle il dit aujourd'hui avoir voté, estime désormais que la retraite peut être fixée à 65 ans. A l'en croire, les travailleurs manuels disposent de nos jours de meilleures conditions de travail, notamment grâce à des «exosquelettes». 

«La nature même des carrières difficiles était différente», a-t-il voulu expliquer, affirmant du haut de sa longue expérience que les temps «n'étaient pas ceux d'aujourd'hui». «Moi mon voisin, à l'époque dans mon village, qui était maçon couvreur et qui montait sur les toits, me disait : "je n'en peux plus"», a-t-il raconté.

Et le sénateur de poursuivre : «les déménageurs, les couvreurs, les gens dans les travaux publics sont équipés d'"exosquelettes", de matériaux, aujourd'hui la pénibilité n'est plus la même, les soins sont meilleurs aujourd'hui». 

Les internautes brocardent un parlementaire hors-sol

Mais l'argument n'a semble-t-il pas convaincu un grand nombre d'internautes qui ont remarqué qu'on croisait rarement, voire jamais, d'ouvriers en exosquelettes sur les chantiers et les toits de France. 

«Encore un bourgeois déconnecté des réalités du monde du travail. Qu'il aille demander aux ouvriers des chantiers des jeux olympiques où sont les exosquelettes. Et dire que c'est des gens comme lui qui décident de jusqu'à quel âge on devra travailler», a déclaré par exemple le sociologue Juan Sebastian Carbonell. 

«François Patriat ira donc s'embaucher comme maçon après la fin de son mandat au Sénat. Y'a pas d'âge», a déclaré le député insoumis Bastien Lachaud, rappelant que la France «est le mauvais élève de l'Europe en matière d'accidents du travail, avec plus de 650 000 par an dont plus de 700 mortels». 

Autre passage ayant beaucoup fait réagir, le rappel que l'élu était déjà député en 1981. 

«Quand le socialo-macroniste François Patriat nous rappelle qu’il était déjà parlementaire il y a 40 ans», a ironisé le député RN Julien Odoul. 

«M. Patriat, 79 ans, élu sans interruption depuis 1976, aujourd’hui président du groupe LREM au Sénat (où il a été élu il y a 14 ans), sait ce qu’est la pénibilité», a estimé non sans dérision la magistrate Hélène Franco. 

Interrogé plus tard par BFMTV, l'élu a reconnu avoir «un peu forcé le trait». «Mais c'était pour montrer que des travaux difficiles, il y en a de moins en moins», s'est-il néanmoins justifié. «J'entends parler de la souffrance au travail pour des gens qui sont en télétravail. Bientôt, il ne faudra plus travailler», a-t-il encore déclaré. 

Vers une crise parlementaire ? 

Au cours du même passage TV, le sénateur a aussi évoqué un possible passage en force du texte de la réforme des retraites par le gouvernement compte tenu des forces en présence à l'Assemblée : «L’objectif, c’est qu’il n’y ait pas de 49.3, mais pour le cas où les oppositions durciraient leur position et s’opposeraient systématiquement, on doit se garder la carte de pouvoir avancer par 49.3», a-t-il précisé. La présentation de la réforme a été repoussée au 10 janvier par le président le 12 décembre pour une entrée en vigueur prévue à l'été 2023. 

De son côté Elisabeth Borne en est à son neuvième 49.3 à l'Assemblée. Un député LR, Raphaël Schellenberger, a évoqué la possibilité d'une motion de censure déposée par la droite en cas de tentative de passage en force sur la réforme des retraites. Cette motion serait plus risquée que celles de gauche ou du RN pour l'exécutif qui ne dispose que de la majorité relative à la chambre basse. Unies, les oppositions sont en capacité théorique de renverser le gouvernement mais une partie de la gauche refuse d'associer ses voix à ceux du RN et les députés LR n'ont soutenu aucune motion de censure à ce jour. 

De son côté, Emmanuel Macron a menacé de dissoudre l'Assemblée nationale si une motion de censure aboutissait, ce qui irait à l'encontre de l'intérêt de partis d'opposition, qui risqueraient d'y laisser de nombreux sièges. 

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