Escroquerie de frais de campagne : Claude Guéant condamné à six mois de prison ferme aménagés
- Avec AFP
L'ancien ministre de l'Intérieur de Sarkozy a écopé ce 22 novembre d'une peine d'emprisonnement de dix-huit mois, dont douze mois assortis d'un sursis probatoire pendant deux ans pour avoir minoré ses comptes de la campagne législative de 2012 .
L'ancien ministre Claude Guéant a été condamné le 22 novembre à Nanterre (Hauts-de-Seine) à six mois d'emprisonnement ferme aménagés pour avoir sciemment minoré ses comptes de la campagne législative de 2012 et bénéficié d'un «remboursement indu».
Claude Guéant a été condamné à une peine d'emprisonnement de dix-huit mois, dont douze mois assortis d'un sursis probatoire pendant deux ans. Pour la partie ferme de sa peine d'emprisonnement (six mois), le tribunal a demandé un aménagement sous la forme d'une détention à domicile sous surveillance électronique.
Claude Guéant, absent lors du délibéré, a également écopé d'une amende de 30 000 euros. Son avocat a fait appel du jugement dans la foulée. «M. Guéant a le sentiment de ne pas avoir été entendu par la justice» pendant son procès en octobre, a réagi maître Philippe Bouchez El Ghozi auprès de l'AFP.
Interdiction d'exercer une profession commerciale
«On ne connaît pas encore les motivations» du jugement, mais «évidemment, M. Guéant n'est pas d'accord avec cette condamnation», a poursuivi son avocat, assurant qu'il n'y avait «pas eu d'escroquerie aux comptes de campagne».
Le tribunal a également interdit à Claude Guéant d'exercer toute profession commerciale ou industrielle pendant une durée de cinq ans. Il doit en outre verser 30 529 euros «au titre du remboursement indu de ses frais de campagne» à l'agent judiciaire de l'Etat, partie civile, a aussi précisé la présidente.
Ancien secrétaire général de la Présidence (2007-2011) puis ministre de l'Intérieur (2011-2012), cet homme incontournable de la présidence de Nicolas Sarkozy, aujourd'hui âgé de 77 ans, était en 2012 candidat à la députation dans les Hauts-de-Seine. L'accusation lui a reproché d'avoir sciemment minoré ses comptes de campagne et ainsi obtenu un remboursement de plus de 30 000 euros.
Un courrier aux électeurs qui vaut cher
Un courrier de quatre pages est au cœur de cette affaire. Dans une lettre du 3 janvier 2012, Pierre-Christophe Baguet, maire UMP (devenu LR) de Boulogne-Billancourt et député sortant des Hauts-de-Seine, avait annoncé soutenir Claude Guéant pour lui succéder à l'Assemblée nationale.
Il y avait joint la déclaration de candidature de ce dernier. Les deux prévenus ont contesté, tout au long du procès, avoir cherché à faire financer ce courrier par la ville de Boulogne-Billancourt.
Le 22 novembre, le tribunal a également condamné Pierre-Christophe Baguet pour financement illicite de campagne, à huit mois d'emprisonnement assortis d'un sursis simple et à une amende de 3 750 euros.
«La déclaration de culpabilité et la lourdeur de la peine sont incompréhensibles», a réagi auprès de l'AFP son avocat, maître Mario Stasi. «Nous réfléchissons à faire appel, s'agissant d'une affaire où il n'y a pas de détournement de fonds publics, ni enrichissement personnel, ni préjudice de la ville», a-t-il fait valoir.
Un gérant d'imprimerie, reconnu coupable de financement illicite de campagne, et deux anciennes employées de mairie ont également été condamnés à des peines d'emprisonnement avec sursis simple et des amendes.
Un ministre habitué aux mises en examen
Dans ses réquisitions, le parquet avait demandé trois ans d'emprisonnement avec sursis probatoire contre Claude Guéant. «La probité des futurs élus commence par la probité des candidats qui briguent les suffrages», avait déclaré la procureure Nathalie Foy.
Claude Guéant avait pourtant assuré n'être «coupable de rien». L'ancien ministre, qui n'en est pas à sa première péripétie judiciaire, avait fait part de son sentiment de «très grandes injustices» face à des procédures pénales «répétées».
L'ancien ministre de l'Intérieur est le premier locataire de la place Beauvau à avoir été incarcéré, du 13 décembre 2021 au 9 février 2022. La justice avait estimé qu'il ne s'acquittait pas dans les temps de l'amende et des dommages et intérêts qu'il avait été condamné à payer dans l'affaire dite des primes en liquide du ministère de l'Intérieur.
L'ex-ministre doit par ailleurs être rejugé dans le dossier des sondages de l'Elysée, après avoir fait appel de sa condamnation en janvier à un an de prison, dont huit mois ferme, pour favoritisme. Il est également mis en examen dans l'affaire des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle victorieuse de Nicolas Sarkozy en 2007.