35 000 livres pour un dollar : la monnaie libanaise a perdu 95% de sa valeur en deux ans
La livre libanaise a atteint un nouveau plus bas historique sur le marché noir ce 26 mai, dépassant les 35 000 livres pour un dollar. Selon les critères de l’ONU, quatre Libanais sur cinq vivent désormais sous le seuil de pauvreté
Selon les sites et les applications mobiles les plus largement utilisés au Liban pour suivre le cours du marché noir, il fallait dans la matinée du 26 mai 35 000 livres libanaises pour acheter un dollar. Fixée officiellement depuis 1997 au taux de 1 500 livres pour un dollar, la livre libanaise a ainsi perdu 95% de sa valeur en deux ans de crise économique.
En parallèle, les prix des carburants et de plusieurs produits de première nécessité – qui ne sont plus subventionnés par les autorités – ne cessent d'augmenter. Quatre Libanais sur cinq vivent désormais en dessous du seuil de pauvreté de l'ONU, une paupérisation accélérée notamment par une inflation à trois chiffres.
Cette nouvelle chute intervient en dépit d'un accord préliminaire entre le gouvernement sortant et le Fonds monétaire international qui devrait allouer au Liban en crise une aide de trois milliards de dollars échelonnée sur quatre ans.
Mais l'incertitude demeure, car les législatives – qui n’ont attiré que 49% des électeurs – ont légèrement modifié la composition de la Chambre des députés. Sur 13 formations politiques, six ont recueilli entre 13 et 19 des 128 sièges du Parlement monocaméral libanais, impliquant la création d’une nouvelle coalition.
Depuis 2019, le Liban est plongé dans une sévère crise socio-économique. En mars 2020, le pays a fait défaut sur le remboursement de sa dette en devises étrangères, qui s’élevait à environ 32 milliards de dollars (38 milliards aujourd’hui) sur un total proche désormais des 100 milliards de dollars.
Selon un rapport de la Banque mondiale publié à l’automne 2021, le produit intérieur brut a plongé de près de 60% en deux ans (entre 2019 et 2021), soit la plus forte baisse au monde, et se situerait aujourd’hui aux environs de 22 milliards de dollars. Selon ce rapport l’endettement du pays, longtemps évalué à 170% de son PIB, serait donc passé à une proportion proche de 500%.