Relancer le tourisme, une ambition française
Assurer à la France sa place de première destination touristique au monde pour les vingt prochaines années. C'est la volonté affichée par Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères qui, pour cela, a déjà lancé un large plan.
Qu'on se le dise, Laurent Fabius ne veille pas seulement sur la diplomatie française. Lui qui a insisté pour adjoindre à son maroquin le dossier Tourisme a fait du développement de ce secteur l'un de ses chevaux de bataille pour ce qu'il appelle «le rayonnement de la France».
L'objectif est du reste ambitieux: atteindre les 100 millions de visiteurs par an d'ici à 2020. En comparaison, la France en a accueilli 84 millions en 2014 et devrait clôre 2015 sur le chiffre de 85 millions.
Dans un rapport officiel dont le titre affiche clairement les ambitions, «La stratégie pour un tourisme français leader mondial», le constat est simple: si le pays est la première destination touristique au monde, il n'arrive qu'en 3e place en termes de recettes.
Le french paradoxe: un champion du tourisme mal en point
Si la France est la première destination touristique au monde depuis les années 1980, le secteur représente plus de 2 millions d'emplois. Mais paradoxalement, en termes de recettes, la France n'est qu'au troisième rang, derrière les Etats-Unis et l'Espagne. Le voisin ibérique, s'il accueille environ 30 % de touristes en moins que la France, selon les années, engrange 10 % de recettes. La raison tient à des séjours plus longs. En chiffres, la France dégage un chiffre d'affaires en stagnation à 42,7 milliards d'euros en 2014 quand les Etats-Unis en gagnent 105, 1 milliards et l'Espagne 45,5 milliards. En France, si les touristes visitent en masse Paris, ils délaissent les autres régions ou y restent trop peu de temps.
Autre point noir dans le tableau, la France perd des parts de marché. D'autres destinations, comme la Thaïlande, ont connu en 10 ans, un doublement du nombre de leurs visiteurs. L'Italie a, quant à elle, progressé de plus de 32%.
La concurrence des pays émergents sera encore plus rude à l'avenir: selon l'Organisation mondiale du tourisme, entre 2010 et 2030 les destinations vers ces pays vont augmenter de 4% par an, soit deux fois plus vite que dans les pays du Nord.
Mais le vrai mal français, pour les spécialistes du secteur, est celui de l’accueil et d’un rapport qualité-prix qui décourage parfois les touristes à dépenser plus.
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Des investissements tous azimuts
Selon Laurent Fabius, si la France double son nombre de visiteurs et donc son excédent dans la balance des services, cela permettrait de réduire le déficit du commerce extérieur de 20 %. Pour le moment, le secteur pèse 7,4% du PIB et emploie près d'un million de salariés. Quoi qu'il en soit, d'ici 2030, la France entend créer 500 000 emplois dans le secteur et capter 5% du milliard de touristes supplémentaires d'ici là.
Le vaste chantier de refonte du secteur touristique cible 4 domaines essentiels : le numérique, l'accueil, la formation, l'investissement. 1 milliard d'euros devront être débloqués pour la construction et la rénovation d'hôtels. Un fonds doté de 500 millions d'euros doit être destiné à investir dans des projets de construction et de rénovation d’hôtels.
Atteindre 100 millions de touristes étrangers d'ici à 2020 : ce matin, début de la conférence annuelle du #Tourismehttp://t.co/aHuGmF78xR
— Caisse des Dépôts (@CaissedesDepots) 8 Octobre 2015
Cinq pôles d’excellence devraient être nouvellement créés: le pôle «œnotourisme», le pôle tourisme de montagne, le pôle «écotourisme/slowtourism», le pôle tourisme de savoir-faire (artisanat, luxe), et enfin le pôle tourisme urbain/nocturne. Le plan Fabius pour le tourisme prévoit donc des investissements lourds pour équiper les principales zones touristiques en wifi.
Une campagne de pub devrait être lancée à l’occasion de l’Euro 2016 dans le but d’encourager les Français à être accueillants avec les touristes. Délivrer des visas plus vite: la Chine, l’Inde, l’Afrique du sud et les pays du Golfe en bénéficient déjà. La Turquie, l’Indonésie et Singapour pourront bientôt obtenir des visas pour la France en moins de 48 heures.