Fermeture ciblée dans les centres commerciaux : une mesure diversement accueillie par le secteur
L'annonce de la fermeture des magasins non alimentaires dans les grands centres commerciaux a été saluée par une partie des représentants du secteur, satisfaits que les autres commerces restent ouverts. Elle soulève néanmoins des craintes.
«A compter de ce dimanche [31 janvier 2021], les centres commerciaux non alimentaires d'une surface supérieure à 20 000 mètres carrés, c'est-à-dire ceux qui favorisent le plus de brassage des populations, seront fermés», a annoncé parmi d'autres mesures le Premier ministre Jean Castex au soir du 29 janvier, à l'issue d'un conseil de défense sanitaire. En outre, le chef du gouvernement a fait savoir que dès le 1er février, «les jauges ser[aient] renforcées dans toutes les grandes surfaces». «Le "quoi qu'il en coûte" (prêts garantis par l'Etat, fonds de solidarité, chômage partiel) s'appliquera bien sûr pour tous les salariés et les entreprises concernés», a-t-il précisé.
Concrètement, détaille l'AFP, dès le dimanche 31 janvier, dans les grands centres commerciaux pourront seulement rester ouverts les supermarchés et hypermarchés, ainsi que les magasins alimentaires présents dans les galeries marchandes.
Des professionnels soulagés par cette fermeture très ciblée
Ces mesures, annoncées alors que se profilait le spectre d'un nouveau confinement, ont été positivement accueillies par un certain nombre de représentants du monde de la distribution. Ainsi, le président de la Confédération des commerçants de France (qui représente les indépendants) Francis Palombi, cité par l'AFP, a considéré que les annonces gouvernementales étaient «responsables» et allaient dans le bon sens.
De même, le président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD, regroupant la plupart des enseignes de la grande distribution) Jacques Creyssel a déclaré à la même agence de presse qu'il s'agissait d'une nouvelle «plus positive qu'une fermeture généralisée des commerces non alimentaires, qui avait été envisagée».
En outre, le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux a loué la capacité de l'exécutif à concilier «exigences sanitaires et économiques», en prenant des «mesures de freinage» plutôt que d'un confinement strict.
En conciliant exigences sanitaires et économiques, le @gouvernementFR tire les leçons des premiers confinements. Des mesures de freinage plutôt qu’un confinement trop dur qui aurait provoqué un effondrement de l’économie.
— Geoffroy Roux de Bézieux (@GeoffroyRDB) January 29, 2021
Sentiment d'injustice et craintes relatives aux soldes
Tous les représentants du secteur ne partagent pas cette satisfaction. Cité par Le Parisien, le délégué général du Procos (la Fédération représentative du commerce spécialisé) Emmanuel Le Roch considère que «tout cela n'a pas de sens», faisant valoir que des commerces identiques vont être fermés dans les centres commerciaux, mais rester ouverts en dehors. «Un Promod [marque française de prêt-à-porter féminin] installé dans un centre-ville ou en périphérie va rester ouvert, tandis qu'un Promod dans un centre commercial fermé devra baisser le rideau», prend-il pour exemple. Emmanuel Le Roch s'inquiète par ailleurs de l'impact de cette mesure durant les soldes qui avaient déjà été repoussés de 15 jours.
Cela va toucher plusieurs milliers d'entreprises. Et personne ne nous a donné une date de fin
Yohann Petiot, directeur général de l'Alliance du commerce, exprime lui aussi certaines réserves. «D'un certain côté, il y a une forme de soulagement, car on craignait une fermeture totale de tous les commerces. Mais cela va toucher plusieurs milliers d'entreprises. Et personne ne nous a donné une date de fin», confie-t-il au Parisien. «Ce sont des milliers de travailleurs et de commerçants qui ont appris qu'ils allaient fermer dimanche prochain», relève-t-il également auprès de France Info.
Selon le bilan des autorités sanitaires nationales du 29 janvier, plus de 3 150 000 personnes ont été contaminées en France depuis le début de la pandémie et 75 620 sont mortes en lien avec le Covid.