Le recours massif de la grande distribution au chômage partiel est-il justifié ?

Le recours massif de la grande distribution au chômage partiel est-il justifié ?© BERTRAND GUAY Source: AFP
Le rayon jouets d’un supermarché Carrefour de Rosny-sous-Bois photographié le 3 novembre 2020.
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Les rayons non essentiels fermés ne représenteraient pas plus de 25% de perte pour les grandes surfaces. Mais certaines, comme Carrefour, ont placé plus de 80% de leurs salariés en activité partielle. 

Le recours massif au chômage partiel par certaines enseignes de la grande distribution, pour compenser la fermeture des rayons «non essentiels» liée au reconfinement, suscite l'incompréhension des syndicats qui dénoncent une mesure coûteuse et injustifiée.

C’est notamment le cas de Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, cité par l'AFP, qui a évoqué, le 16 novembre «un coût pour les finances publiques» et «une dépense dont on aurait pu s'exonérer». Le dirigeant syndical s’étonne aussi que cette mesure, compréhensible selon lui pour les hypermarchés, concerne aussi les magasins de proximité dont les ventes sont pourtant peu affectées par le confinement.

«C'est un vol organisé couvert par l'Etat», s'est pour sa part insurgée la fédération CGT Commerce-service auprès de l'AFP, qui rappelle que le distributeur Auchan Retail France a annoncé début septembre la suppression de 1 475 nouveaux postes, après plus de 500 début 2020.

Un délégué Force ouvrière chez Carrefour interrogé par le magazine Capitalestime ainsi que la décision des patrons de la grande distribution est politique. «Aujourd’hui, la grande distribution, en clair, dit au gouvernement : vous voulez nous interdire la vente des produits non essentiels, vous allez assumer une partie des salaires de nos entreprises», affirme-t-il.

Le gouvernement «vérifiera» que les demandes sont «justifiées»

Face aux critiques, la ministre du Travail Elisabeth Borne a assuré le 15 novembre sur Radio J que le gouvernement «vérifierait» que toutes les demandes sont «justifiées» et a fait valoir que l'activité partielle servait «à éviter les licenciements».

Mais cette mise en activité partielle est-elle légale pour les grandes entreprises de distribution alors qu’elles semblent moins touchées que d’autres commerces ? «Il n'y a pas, dans le dispositif de chômage partiel, de condition en rapport avec la santé financière de l'entreprise ou avec sa performance ou sa sous-performance par rapport à une période donnée», explique l'avocat Vincent Roulet, du cabinet Eversheds Sutherland cité par l’AFP. «Le vrai critère est de savoir si, légitimement, on a de quoi occuper les collaborateurs de l'entreprise», ajoute-t-il.

«En pratique, la fermeture de ces rayons se traduit par 20% ou 30% de chiffre d'affaires en moins dans certains gros hypermarchés, ainsi qu'une baisse du nombre de clients extrêmement importante», réagit auprès de l'AFP le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) Jacques Creyssel, selon qui la baisse des ventes se ressent «aussi sur les rayons alimentaires». Mais chez Carrefour, la mesure de chômage partiel concerne 78 000 personnes sur 95 000 salariés en France, soit près de 82% des salariés.

Certes, la mise en chômage partiel ne signifie pas la cessation totale de l’activité des salariés concernés. Certains ne travailleront que 50% du temps habituel et d’autres ne chômeront que deux jours par mois. Quoi qu'il en soit, toutes les mesures de chômage partiel impliquent un recours aux financements publics.

«Nous avions alerté le Premier ministre, avant qu'il ne prenne sa décision [de fermer les rayons dits non essentiels], sur le fait que ça aurait des répercussions importantes», explique aussi Jacques Creyssel, précisant que les enseignes concernées sont «celles qui ont les magasins les plus importants en taille», où les produits non-alimentaires représentent la part des ventes la plus importante.

Mais certains témoignages tendent à relativiser l’impact du reconfinement sur les ventes. Ainsi, Patrice Auvinet, délégué CGT dans un Carrefour d'Angers, cité par l’AFP, conteste «l'utilisation des subventions et impôts pour pallier la baisse de chiffre d'affaires». «D'autant, ajoute-t-il, qu'on continue de vendre des jouets aux clients qui le demandent : le client nous dit ce qu'il veut, on va chercher le produit et on l'apporte à l'accueil.»

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