Veto sur le budget de l'EU : Berlin espère une solution rapide, Tusk veut exclure Orban du PPE
Alors que Budapest et Varsovie ont opposé leur veto à l'adoption du budget européen 2021-2027, l'Allemagne s'est dit convaincue qu'une solution serait rapidement trouvée. Le président du PPE Donald Tusk demande l'exclusion du parti de Viktor Orban.
«Dans les heures et les jours à venir, nous allons nous asseoir avec toutes les parties concernées pour trouver une solution» : lors d'une conférence de presse tenue ce 17 novembre, le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas – dont le pays assure jusqu'à la fin de l'année la présidence du Conseil de l'Union européenne – a fait part de sa confiance dans la capacité des Vingt-Sept à trouver un compromis pour l'adoption du budget 2021-2027, contre lequel la Hongrie et la Pologne ont mis leur veto.
«L'Allemagne, dans son rôle actuel de présidente, est en partie responsable de trouver une solution après que la Pologne et la Hongrie ont mis leur veto, comme nous le sommes dans notre rôle de facilitateur de ce processus», a fait savoir le chef de la diplomatie allemande. «Je suis convaincu qu'il y aura une solution», a-t-il encore martelé, soulignant la nécessité que l'issue soit trouvée rapidement en raison des besoins des pays de l'UE.
La Hongrie et la Pologne ont bloqué le 16 novembre l'adoption du budget de l'Union européenne et du plan de relance massif qui lui est adossé, prévus pour faire face à la crise du Covid-19, lors d'une réunion des représentants des Vingt-Sept. Budapest et Varsovie ont mis leur veto pour s'opposer à la mise en place d'un mécanisme permettant de priver de fonds européens les pays de l'Union accusés de violer l'Etat de droit (indépendance de la justice, respect des droits fondamentaux), estimant que la définition de cette notion n'était pas claire et pouvait entraîner une ingérence politique dans les affaires intérieures des pays.
Tusk veut sanctionner Orban
Le Polonais Donald Tusk, président du Parti Populaire européen, la première famille politique de l'UE, a de son côté demandé à ce que le Premier ministre hongrois Viktor Orban soit exclu du parti pour sanctionner son veto.
«Quiconque est contre le principe de l'Etat de droit est contre l'Europe. J'attends de tous les partis du PPE une position claire à ce sujet. Les opposants à nos valeurs fondamentales ne devraient plus être protégés par quiconque», a-t-il déclaré dans un message publié sur son compte Twitter.
Whoever is against the principle of the rule of law is against Europe. I expect a clear position on this from all the EPP parties. The opponents of our fundamental values should no longer be protected by anyone.
— Donald Tusk (@donaldtuskEPP) November 16, 2020
Ce n'est pas la première fois que le Premier ministre hongrois et sa formation Fidesz font des remous au sein du Parti populaire européen. En avril dernier, 13 des 82 partis membres du PPE avaient déjà demandé l'exclusion du parti hongrois, suspendu depuis mars 2019 sine die. Mais aucune des grandes formations politiques, notamment la CDU allemande et le Parti Populaire espagnol, ne s'étaient associées à cette démarche. Il faut dire que la première famille politique de l'UE peut difficilement se passer des élus du Fidesz, et encore moins les laisser rejoindre les eurosceptiques du groupe Conservateurs et réformistes européens (CRE), formation en pleine expansion à laquelle appartient notamment le PiS polonais.
Les chefs d'Etat et de gouvernement européens s'étaient mis d'accord en juillet, au terme de quatre jours et quatre nuits d'un sommet marathon, sur un plan de relance qualifié d'«historique» pour aider les économies des 27 à surmonter la crise provoquée par la pandémie. D'un montant de 750 milliards d'euros, il est lié à un budget pluriannuel (2021-2027) de plus de 1 000 milliards d'euros.