Bruno Le Maire «supplie» les entreprises du bâtiment d'éviter le recours aux travailleurs détachés
Le ministre de l'Economie a assuré que l'Etat allait soutenir les entreprises du bâtiment. Il les a suppliées de limiter au strict minimum le recours aux travailleurs détachés. Marine Le Pen et Florian Philippot ont moqué cette intervention.
Bruno Le Maire a tenu à rassurer les patrons du bâtiment le 27 août lors des universités d'été de l'organisation patronale du Medef. Le ministre de l'Economie leur a ainsi promis plusieurs milliards d'euros d'aide du futur plan de relance. «A tous les entrepreneurs du bâtiment, des travaux publics, nous allons vous soutenir massivement, nous allons accélérer la rénovation énergétique des bâtiments et nous allons mettre des milliards d'euros pour accélérer ces projets», leur a-t-il notamment dit. Bruno Le Maire les a toutefois suppliés pour qu'ils emploient davantage d'ouvriers français et réduisent l'embauche des travailleurs détachés : «Mais je vous en supplie, limitez au strict minimum, au strict minimum, le recours aux travailleurs détachés. Faites travailler les ouvriers français. Engagez les jeunes, formez-les, qualifiez-les, parce que de ça dépend le succès du plan de relance.»
Précisions sur le plan de relance sur la rénovation énergétique des bâtiments publics, privés et chez les particuliers par @BrunoLeMaire question par @cmazaud69#LaREF20pic.twitter.com/QHojGn9I02
— Olivier Salleron (@OSalleron) August 27, 2020
Applaudi par l'assistance, Bruno Le Maire a aussi regretté que les délocalisations d'usines de ces dernières décennies aient permis au Front national (FN) de s'installer dans les territoires. La présidente du Rassemblement national (RN, ex-FN) Marine Le Pen, a d'ailleurs commenté avec ironie le discours du ministre, voyant dans sa réponse un manque de courage : «Voilà où en est notre pays : devoir supplier les entreprises de ne pas appliquer le dumping social et la concurrence déloyale imposés par l’UE. Un peu de courage que diable : interdisez le travail détaché !»
Voilà où en est notre pays... : devoir supplier les entreprises de ne pas appliquer le dumping social et la concurrence déloyale imposés par l’UE.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) August 28, 2020
Un peu de courage que diable : interdisez le travail détaché ! MLP pic.twitter.com/5avGnfNLpf
L'eurodéputé RN Jordan Bardella a également commenté : «[Emmanuel] Macron s'était vanté d'avoir arraché un accord "ambitieux" sur le travail détaché. Trois ans après, Bruno Le Maire supplie les employeurs de ne pas y avoir recours ! Un pays dépossédé de sa souveraineté est un pays soumis. Cette directive doit être abrogée !»
Macron s'était vanté d'avoir arraché un accord "ambitieux" sur le travail détaché. 3 ans après, @BrunoLeMaire supplie les employeurs de ne pas y avoir recours !
— Jordan Bardella (@J_Bardella) August 28, 2020
Un pays dépossédé de sa souveraineté est un pays soumis. Cette directive doit être ABROGÉE !https://t.co/rvDebXOEJr
Le président des Patriotes, Florian Philippot, voit également un hiatus entre les directives de l'Union européenne et la volonté de Bruno Le Maire qui ne pourrait faire que «supplier» : «Le ministre français de l’Economie "supplie" les entreprises de ne pas recruter des travailleurs détachés... Tout simplement parce que membre de l’UE, la France est obligée d’appliquer cette directive ! Les eurogagas supplient. Les Patriotes préfèrent le Frexit, vite !»
Le ministre français de l’Economie « supplie » les entreprises de ne pas recruter des travailleurs détachés... Tout simplement parce que membre de l’UE, la France est obligée d’appliquer cette directive !
— Florian Philippot (@f_philippot) August 27, 2020
Les eurogagas supplient. Les Patriotes préfèrent le Frexit, vite ! https://t.co/UzpRHxslVF
Le 28 août, le président Emmanuel Macron a d'ailleurs tweeté, comme un prolongement au discours de Bruno Le Maire : «Nous devons relocaliser et recréer des forces de production sur nos territoires.»
Nous devons relocaliser et recréer des forces de production sur nos territoires. La souveraineté sanitaire et industrielle sera l’un des piliers du plan de relance.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) August 28, 2020