Alstom-Siemens : La commissaire européenne ne croit pas à la menace chinoise et interdit la fusion

- Avec AFP

Alstom-Siemens : La commissaire européenne ne croit pas à la menace chinoise et interdit la fusion Source: AFP
Un employé d'Alstom passe devant un TGV sur le site du constructeur de trains français Alstom à Belfort le 26 octobre 2017.
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La Commission européenne a finalement interdit la fusion entre les branches ferroviaires d'Alstom et de Siemens, à la fureur de Berlin et de Paris. La commissaire Margrethe Vestager en a profité pour démonter l'argument de la menace chinoise.

La Commission européenne a décidé, ce 6 février, d'interdire la fusion entre les entités ferroviaires des groupes industriels français et allemand Alstom et Siemens.

La Danoise Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence, n'aura donc pas hésité à se mettre à dos les deux Etats les plus influents aux sein de l'Union, au nom de la protection des consommateurs européens.

«Bien entendu, l'intérêt [pour la fusion] a été très élevé en France et en Allemagne, mais il y a 26 autres Etats membres qui ont un intérêt sur le marché [de l’équipement ferroviaire]», a-t-elle expliqué lors d'une conférence de presse à Bruxelles le 6 janvier.

«Et il est important de ne pas seulement écouter ceux qui sont très bavards dans les médias», a-t-elle ajouté taclant implicitement le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, qui s'est emporté le jour même contre sa décision finale, mais aussi des responsables allemands.

La décision de la Commission est une mauvaise décision. [...]Elle me semble avoir été prise sur de mauvais fondements

«Je crois que les jeux sont faits», a déploré le ministre français sur la chaîne de télévision France 2 en fin de matinée, parlant d'une «erreur économique» qui va selon lui servir les intérêts de la Chine.

«La décision de la Commission est une mauvaise décision. C'est un mauvais coup à l'industrie européenne. Elle me semble avoir été prise sur de mauvais fondements», a, pour sa part déclaré Edouard Philippe devant les députés, dénonçant une décision «extravagante» et une «conception du droit extrêmement datée».

Quant au patron de la SNCF, Guillaume Pepy, il a déclaré à l'AFP : «C'est une triste nouvelle que l'on ne puisse pas construire un champion européen de taille mondiale dans une industrie qui se mondialise pour de vrai.»

En Allemagne on appelle déjà à «modifier les règles européennes de la concurrence»

Même son de cloche de l'autre côté du Rhin, où des déclarations de responsables politiques de haut niveau donnent l'impression qu'on considère que si la Commission ose s'opposer à une décision de Paris et de Berlin, il faut revoir les règles du jeu. «Nous sommes convaincus que nous devons repenser et modifier les règles européennes de la concurrence», a ainsi été déclaré, selon l'AFP, le ministre allemand de l'Economie Peter Altmaier (CDU), en annonçant «la préparation d'une initiative germano-française», sans en préciser les contours.

Le patron de Siemens, Joe Kaeser, a dénoncé une Europe qui ne serait pas à la hauteur. «Protéger les intérêts des clients localement ne signifie pas se priver d'être sur un pied d'égalité avec des pays leaders comme la Chine et les Etats-Unis», a-t-il dit dans un communiqué.

Aucun fournisseur chinois n'a jusqu'ici participé à une offre publique en Europe [...], ni fourni un train à très grande vitesse hors de Chine

Mais pour la commissaire européenne, la menace chinoise n'est pas près de se concrétiser en Europe et elle l'a expliqué lors de la conférence de presse annonçant l'interdiction de la fusion en déclarant :  «Aucun fournisseur chinois n'a jusqu'ici participé à une offre publique en Europe pour vendre sa signalisation, ni fourni un train à très grande vitesse hors de Chine. Il n'y a aucune perspective de l'arrivée des Chinois sur le marché européen dans un futur proche.» 

Margrethe Vestager a aussi expliqué que la Commission avait interdit la concentration parce que Siemens et Alstom n'avaient pas fait de propositions suffisantes pour palier les problème de disparition de concurrence entre les deux plus importants constructeurs du secteur en Europe.

Selon elle, le rapprochement aurait réduit le nombre d'industriels rivaux dans l'Union, ce qui aurait risqué de faire monter les prix des trains pour les compagnies ferroviaires, et celui des billets pour les consommateurs.

En 30 ans 6 000 fusions autorisées, 30 refusées

La Commission européenne, qui dispose depuis 1989 d'un droit de veto sur les grands projets de fusion, n'en a pas souvent fait usage. En près de trente ans, plus de 6 000 fusions ont été approuvées et moins d'une trentaine ont été bloquées. Depuis le début de son mandat, fin 2014, l’actuelle commissaire européenne à la concurrence n'en a interdit que trois.

Les deux capitales, comme les industriels, craignent la concurrence du chinois CRRC, numéro un mondial du ferroviaire né du rapprochement de deux entreprises d'Etat contrôlées par Pékin.

Les deux groupes, français et allemand, ont tenté d'amadouer la Commission en proposant de vendre certaines activités. Mais les cessions d'actifs envisagées, correspondant à 4% du chiffre d'affaires cumulé des deux entités, n'ont pas convaincu.

«Alstom va désormais se concentrer sur la poursuite de sa croissance en tant que leader mondial du secteur de la mobilité», a déclaré le constructeur ferroviaire dans un communiqué.

L'interdiction de la fusion devrait faire le bonheur des syndicats belge et français d'Alstom, qui avaient réitéré lors d'une rencontre avec Margrethe Vestager à Paris le 21 janvier leur opposition au projet, craignant d'importantes suppressions de postes. Le canadien Bombardier, rival des deux groupes, s'est également dit «heureux».

Marine Le Pen, la dirigeante du Rassemblement national (RN) s'est, elle, réjouie de la décision de Bruxelles en déclarant sur France Info : «Ce n'était d'ailleurs pas un mariage, objectivement, c'était un don que nous faisions à Siemens de Alstom, qui est une très grande industrie.» 



 

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