Selon l'Insee, le mouvement des Gilets jaunes a pesé sur une croissance déjà atone
La crise des Gilets jaunes aura coûté 0,2 point de PIB à la croissance en France, laquelle devrait plafonner à 1,5% au lieu des 1,7% attendus. En 2019, la situation devrait encore se dégrader et faire dérailler le déficit budgétaire à 3,2%.
En France, la croissance s’est essoufflée au cours du dernier trimestre 2018, selon la dernière note de conjoncture de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Pour l’ensemble de l’année, l’Insee a calculé une progression du produit intérieur brut (PIB) de seulement 1,5% contre 1,9% en moyenne dans la zone euro. C’est également 0,2 points de PIB de moins que le scénario sur lequel Bercy avait basé le budget de la France pour l’année écoulée, qui tablait sur une croissance de 1,7%.
L’Insee estime que la crise des Gilets jaunes a eu un impact de 0,1 point de PIB au dernier trimestre. Mais cette croissance un peu plus faible qu’attendue s’explique aussi par d’autres facteurs, comme le ralentissement de l’activité économique chez les principaux voisins et partenaires de la France, en particulier l’Allemagne et l’Italie.
Au quatrième trimestre, la consommation des ménages et les investissements se sont tassés, tout comme la production industrielle pour laquelle on prévoyait une légère croissance. Quant au chômage, il est resté stable, à 9,1% de la population active, selon les critères du Bureau international du travail (BIT) alors qu’une baisse était attendue avec une moyenne de 8,9% au dernier trimestre 2018.
Une croissance encore plus faible attendue en 2019
A propos d’emploi, la note de conjoncture de décembre de l’Insee révèle aussi un facteur inattendu pesant sur les embauches : la difficulté à recruter une main-d’œuvre qualifiée. Ce facteur de frein à l'embauche est passé devant l’incertitude économique et le coût du travail dès le second trimestre 2017, au point que se pose aujourd’hui la question de la pertinence des aides aux entreprises par l’abaissement des charges sociales sur les bas salaires. C’est en effet en haut de l’échelle des rémunérations que les entreprises peinent désormais à recruter.
Projet de loi de finances : des avantages fiscaux pour les plus riches qui passent mal#Economie
— RT France (@RTenfrancais) 25 novembre 2018
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L’institut rappelle en outre qu’en 2019, les entreprises percevront pour la dernière fois le crédit d’impôts au titre des rémunérations versées en 2018, en même temps qu’elles bénéficieront de cotisations réduites de 6 % sur les salaires compris entre 1 et 2,5 smic. La dépense publique sera donc double au chapitre des aides à la compétitivité des entreprises, mais l’Insee estime prudemment que l’ «effet en termes d’incitation à l’emploi est incertain».
Pour l’année à venir, les perspectives ne sont pas meilleures. L’Insee estime par exemple que le chômage ne devrait reculer que très légèrement, pour passer de 9,1% à 9% de la population active. Mais c’est en ce qui concerne la croissance que les prévisions de l’Insee sont les plus inquiétantes. Dans un contexte international qui reste incertain et marqué par les tensions protectionnistes, l’activité économique dans la zone euro montre des signes d’essoufflement.
L’institut prend en compte les quelque 10 milliards d’euros de mesures annoncées récemment par le gouvernement, mais n’anticipe pour le moment que 1% de croissance acquis au premier semestre 2019. Sur l’ensemble de l’année, les prévisions de l’Insee ne permettent pas d’espérer une croissance au-delà de 1,3%. Or, le budget de la France pour 2019, qui prévoit déjà un déficit important équivalent à 3,2% du PIB, le plus élevé de la zone euro, repose sur l’hypothèse d’une croissance de 1,7% qui semble hors d’atteinte. Le déficit budgétaire 2019 devrait donc être encore plus élevé que prévu.
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