Le patron du Medef veut-il contrôler les médecins prescrivant trop d'arrêts maladie à son goût ?
Le nouveau président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, veut encadrer plus strictement la délivrance d'arrêts maladie. Dans une interview, il met notamment en cause les «gros prescripteurs» et les salariés qui bénéficieraient de leurs largesses.
Le nouveau président du Mouvement des entreprises de France (Medef), Geoffroy Roux de Bézieux, n'a succédé à Pierre Gattaz qu'en juillet 2018, mais il a déjà des idées à faire valoir : il a notamment défendu une de ses trouvailles dans une interview accordée au Figaro, publiée le 16 octobre.
Le nouveau chef du syndicat patronal estime qu'«il pourrait, par exemple, y avoir un contrôle systématique après le quatrième arrêt prescrit». Le patron des patrons préconise donc de «renforcer les contrôles avec une action ciblée sur les médecins gros prescripteurs et les salariés concernés par les arrêts courts et itératifs. [...] Il y va de la pérennité du système, autant individuellement que collectivement».
Fliquer les médecins et les salariés : bonne idée ?
Invoquant un nécessaire «effort collectif», le président de la représentation patronale exige : «L'Assurance maladie doit d'abord faire respecter la loi.» Comment ? Notamment en vérifiant que «les assurés sociaux respectent bien les heures de sortie autorisées [et] envoient leurs arrêts de travail dans le délai de 48 heures», sans oublier de «valoriser le dispositif de contre-visite médicale à l'initiative de l'employeur».
Mais cela ne s'arrête pas là, le représentant du patronat n'est pas à court d'idées. Il souhaite également la création d'«un parcours de prescription unique» avec un seul médecin prescripteur d'arrêts pour chaque patient, afin d'empêcher les malandrins de faire le tour des cabinets médicaux en quête d'un arrêt. Une suggestion qui en dit peut-être plus long sur la vision du patron des patrons que sur la situation socio-médicale des salariés français.
Geoffroy Roux de Bézieux entend également lutter contre les arrêts de plus de six mois, car selon lui, ils «pèsent 44% de la dépense» d'indemnités journalières.
Si l'on imagine aisément les syndicats des salariés plutôt opposés aux idées du président du Medef, il n'est pas sûr non plus que le message passe du côté des représentants professionnels de la médecine, alors que les soignants sont confrontés à une situation de désertification médicale intense, avec des patientèles pléthoriques qui s'accroissent à chaque départ en retraite d'un confrère.
Ces médecins en surcharge étant par définition de «gros prescripteurs», tels que les qualifie Geoffroy Roux de Bézieux seront-ils plus susceptibles d'être contrôlés que les autres si la proposition du Medef devait être appliquée ?