L'armurier français Manurhin passe sous contrôle émirati
- Avec AFP
Le fabricant historique des pistolets de la Police a été racheté par un groupe émirati. Il avait cédé cette activité depuis plusieurs années mais restait le seul producteur français de machines de munitions.
La chambre commerciale du tribunal de grande instance de Mulhouse (Haut-Rhin) a décidé ce 1er août que le fabricant de machines de munitions Manurhin, ex-fleuron de l'armement français, serait repris par le groupe de défense des Emirats arabes unis Edic (Emirates Defense Industries Company), selon le greffe.
Fondé en 1919, Manurhin s'était rendu célèbre avec la fabrication des revolvers de la police nationale, activité aujourd'hui abandonnée au profit de la production de machines de cartoucherie. L'offre de reprise d'Edic prévoit de conserver 104 des 145 employés que comptait l'entreprise au moment de la mise en redressement judiciaire.
La France ne croit plus en son industrie
Trois autres groupes étaient candidats à la reprise de Manurhin : l'industriel de l'armement belge New Lachaussée, la PME française Odyssée Technologies et le groupe slovaque Delta Defence. Deux autres candidats, l'un tchèque et l'autre français, ont retiré leur offre en ne se présentant pas à l'audience.
«Le tribunal de Mulhouse, qui connaît l'unique cause de nos difficultés, s'est prononcé avec pragmatisme en faveur du projet financier le plus solide pour Manurhin », a commenté dans un communiqué le président du directoire, Rémy Thannberger.
«Edic reprend l'intégralité de notre carnet de commandes et le fait que plus des deux tiers des effectifs soient conservés à Mulhouse montre que nous avons su préserver le savoir-faire de l'entreprise, et surtout le transmettre à une nouvelle génération de collaborateurs prometteurs», a-t-il ajouté, regrettant que «la France ne croi[e] plus en son industrie».
Nous avons su préserver le savoir-faire de l'entreprise, et surtout le transmettre à une nouvelle génération de collaborateurs prometteurs
Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, s'est félicité de la décision du tribunal qui permet de maintenir «plus de 100 emplois industriels et de pérenniser un savoir-faire industriel exceptionnel». Seul fabricant français de machines de munitions, Manurhin était en redressement judiciaire depuis le 13 juin après avoir été placé pendant un an en procédure de sauvegarde. Il est actuellement détenu à 60% par des investisseurs alsaciens et sa direction. Celle-ci explique les difficultés du fabricant par l'impossibilité de financer son développement et d'avoir accès au crédit bancaire. Son chiffre d'affaires a chuté à 12,1 millions d'euros en 2017, soit moins de la moitié de 2016, alors que son carnet de commandes s'établit à 100 millions d'euros. En 2017 Manurhin a connu une perte nette 2017 de 16,7 millions d'euros.
Lire aussi : EPIC Fail : Fitch abaisse la notation de la SNCF à cause de la réforme ferroviaire