Boeing et Airbus affolent le salon aéronautique de Dubaï
On croyait le salon émirati plombé par l’absence, pour raisons politiques, de Qatar Airways. Mais, en trois jours, les deux rivaux américain et européen ont déjà engrangé 695 commandes pour un montant de près de 80 milliards d’euros.
En moins d’une semaine, le Dubaï Air show, qui se tient du 12 au 16 novembre dans la capitale économique des Emirats arabes unis (EAU) aura vu la commande de près de 700 appareils gros et moyens porteurs des constructeurs Boeing et Airbus. Un résultat inimaginable, quelques jours avant l’ouverture. Le salon semblait plombé par l’absence de la compagnie aérienne du Qatar, pour cause de conflit géopolitique entre le petit émirat dirigé par le clan Al Thani et ses voisins du Golfe. Mais les 695 appareils, dont les commandes restent à confirmer, représentent déjà la moitié des commandes annuelles cumulées en 2016 des deux géants mondiaux de l’aviation civile.
Le Dreamliner s’impose face au géant A380
Dès le 12 novembre, au lendemain de la visite d’Emmanuel Macron venu inaugurer dans la capitale politique des EAU le Louvre d’Abou Dhabi, la firme de Seattle avait grillé la politesse au conglomérat européen en signant avec Emirates une commande de 40 Dreamliners, le concurrent direct de l’A380. Mieux calibré pour les besoins de la première compagnie du Moyen-Orient avec ses 330 sièges en version standard contre 544 pour le A380, le 787-10 avait ajouté 15 milliards de dollars (13 milliards d’euros) au carnet de commandes de Boeing. Une mauvaise nouvelle pour Tom Enders, le patron allemand d’Airbus, empêtré en France et au Royaume-Uni dans des enquêtes pour des irrégularités liées à ses intermédiaires commerciaux.
Commande historique pour Airbus avec 430 appareils de la gamme neo
Mais, trois jours plus tard, Airbus répliquait avec la plus grosse commande de son histoire : 430 moyens courriers de la gamme A320 (273 A320neo et 157 A321neo) signée par l’américain Bill Frank dont le fonds d’investissement Indigo Partners contrôle la compagnie low-cost Frontier Airlines et une partie du mexicain Volaris. Ces appareils devraient également être exploités par JetSmart au Chili, et Wizz Air en Hongrie. Un succès personnel à 49,5 milliards de dollars (42 milliards d’euros) pour le super vendeur d’Airbus, l’Américain John Leahy, âgé de 67 ans et dont la retraire est annoncée pour 2018. C’est aussi une très bonne nouvelle pour les équipes commerciales dont les ventes semblaient marquer le pas en 2017, dans un contexte de réorganisation brutale.
Well, @flydubai, your spectacular #737MAX made jaws drop this week at the Dubai Airshow. How about 225 more? #DAS17https://t.co/4THrJEc6WJpic.twitter.com/toOsNIPyGh
— Boeing Airplanes (@BoeingAirplanes) 15 novembre 2017
Enfin, le même jour, c’est-à-dire le 15 novembre, Boeing répliquait avec la commande par Flydubai de 225 moyens courriers de la gamme 737 max. Avec ce nouvel engagement pour un prix catalogue de 27 milliards dollars (22,8 milliards d’euros), le montant cumulé des commandes remportées par les des deux concurrents a atteint, en trois jours, 91 milliards de dollars (environ 78 milliards d’euros).
Et ce n'est pas fini ! Car on attend encore des commandes d'Egyptair et de Scat, compagnie aérienne Kazakhe, qui toutes deux devraient choisir Boeing, le 16 novembre. Reste à conclure ces marchés et à négocier serré. En effet, les commandes fracassantes annoncées lors des salons aéronautiques ne sont pas toujours confirmées, même si sur les 225 737 max commandés par Flydubai, 175 seraient fermes. Enfin, les constructeurs vont devoir batailler pour limiter les remises exigées par les clients qui, dans le cadre de méga-commandes, peuvent dépasser 50% du prix catalogue. D’autant qu’une nouvelle concurrence, bien qu’encore timide, apparaît avec l’arrivée du chinois Comac C919. Ce concurrent direct des A320 et Boeing 737, revendique déjà plus de 700 commandes quelques mois à peine après ses premiers vols d’essais. Enfin, l’Irkout MS 21 russe, qui a lui aussi réalisé ses premiers vols d’essais plus tôt cette année pourrait venir jouer les trouble-fêtes, avec ses deux versions offrant des configurations de 130 à 200 sièges.
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