Afrique du Sud : une petite enclave afrikaner va lancer son bitcoin local
- Avec AFP
Depuis plus de deux décennies, la petite ville d'Orania défie les autorités sud-africaines. Après avoir adopté leurs propres billets de banque, ses 1 400 habitants envisagent désormais de se doter de leur propre monnaie électronique.
Née pendant les années tumultueuses de la fin de l'apartheid, la ville d'Orania (centre), composée à 97% de blancs, pourrait être la première du pays à utiliser une version locale du fameux bitcoin.
Inventée en 2009 par un ou plusieurs informaticiens se cachant sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto, cette crypto-monnaie auto-régulée s'échange sur internet dans un volume qui atteint des milliards de dollars, selon les experts, tout en préservant l'anonymat de ses propriétaires.
Si tout se passe bien, Orania devrait rapidement rejoindre le club des utilisateurs de monnaie virtuelle, avec l'«e-ora», la version électronique de la devise ora qui est utilisée dans la ville.
«Notre idée, c'est de faire une version électronique de l'ora physique qui existe déjà et de la lui substituer», explique Dawie Roodt, chef économiste à Efficient Group.
Mandaté par la ville pour réduire le coût d'utilisation de sa monnaie en papier, ce cabinet de conseil financier a abouti à la conclusion qu'il fallait tout simplement la numériser.
Dans le meilleur des cas, Orania devrait se doter de sa monnaie électronique à la mi-août. Au pire dans quelques mois.
L'«e-ora», une monnaie très locale
Avant même d'être en circulation, l'«e-ora» a déjà fait des adeptes dans les rangs de la population.
«Je suis jeune, j'ai l'habitude de faire l'essentiel de mes opérations bancaires en ligne et j'en connais les avantages. Alors si je peux aller un peu plus loin sur cette voie et créer ma propre économie, c'est plus que bienvenu», s'enthousiasme James Kemp, 35 ans, l'un des membres du Mouvement Orania qui a fondé la ville.
Aujourd'hui, les habitants d'Orania peuvent échanger leurs rands sud-africains pour des billets libellés en «ora», au taux de un pour un à l'équivalent de la «banque centrale» de la ville.
La ville finance cette devise en plaçant sur des comptes rémunérés les rands sud-africains contre lesquels ils sont échangés.
Les «billets» ont la forme d'un coupon ou d'un bon, estampillé au recto de l'emblème de la ville et d'une date d'expiration et, au verso, d'un espace publicitaire réservé aux entreprises locales. Ils sont souvent achetés en guise de souvenirs par les visiteurs.
Le Mouvement Orania a été lancé dans les années 1990 après la chute de l'apartheid avec pour objectif de protéger la culture et la langue des Afrikaners blancs face à la majorité sud-africaine noire.
La ville a été fondée au début des années 1990 dans un morceau du désert du Karoo, sur une superficie de 8 000 hectares. Elle dispose de sa propre autorité et d'un drapeau. Ses nouveaux résidents sont tous cooptés après un entretien serré avec les autorités municipales. La majorité de sa population active travaille dans l'agriculture ou le commerce.
Lire aussi : A Moscou, un restaurant accepte désormais les paiements en Bitcoin