Plan social chez Tati : Thomas Hollande, avocat des salariés, dénonce un effet de la loi Macron
Le fils de François Hollande, par ailleurs avocat des salariés de Tati et Fabio Lucci dont les emplois sont menacés par un plan social, a taclé le futur président. Selon lui, la loi Macron «pousse des groupes à abandonner leurs filiales».
Si Emmanuel Macron sait d'avance qu'il devra faire face à de nombreuses oppositions sur le plan social, sans doute ne s'attendait-il pas à ce que l'une des premières attaques en la matière provienne du fils de François Hollande, Thomas Hollande. Samedi 13 avril, ce dernier a interpellé le nouveau président au nom des salariés des enseignes Tati et Fabio Lucci, dont il est l'avocat.
Rappelant que le nouveau président avait dit qu'il s'investirait sur les dossiers sociaux, Thomas Hollande a établi une comparaison avec le cas de Whirlpool, très médiatisé dans l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle : «Whirlpool, ce sont 290 salariés : dans le dossier Tati, il y a plus de 1 700 salariés.» L'avocat s'exprimait lors d'un rassemblement organisé à Paris par plusieurs syndicats, dont la CFDT, la CGT ou la CFTC du groupe Eram, propriétaire de la filiale Agora Distribution qui possède Tati et Fabio Lucci.
A moins de 24 heures de la cérémonie de passation de pouvoir entre François Hollande et Emmanuel Macron à l'Elysée, Thomas Hollande a directement mis en cause les effets de la loi Macron dans le dossier Tati. «Dès que le nouveau gouvernement sera nommé, on l'interpellera sur ce dossier, surtout que c'est la loi Macron qui a supprimé l'obligation pour les groupes de financer les plans de sauvegarde de l'emploi de leurs filiales en redressement judiciaire», a-t-il lancé.
La loi Macron et «la régression sociale» dénoncées
En effet, selon l'avocat de Tati, la loi Macron, adoptée en 2016 par recours au 49.3 dans un climat social tendu, «pousse des groupes à abandonner leurs filiales et à les mettre en redressement judiciaire pour ne pas assumer leurs responsabilités». Concrètement, la loi portant le nom du futur président de la République a modifié les règles de financement des plans de sauvegarde de l'emploi, qui devaient jusque là être financés «au regard des moyens du groupe». Cette obligation a été supprimée dans le cas ou une filiale se trouve en redressement judiciaire, comme c'est le cas dans le dossier Tati.
«J'ai le sentiment qu'aujourd’hui, il y a véritablement une régression sociale et une protection de plus en plus faible des salariés : le rapport de force entre les employeurs et les employés est de plus en plus déséquilibré», explique Thomas Hollande au Parisien. «On espère bien que le nouveau gouvernement va se mobiliser et faire pression sur le groupe Eram pour éviter les licenciements.»
Le groupe Agora Distribution, placé en redressement judiciaire le 4 mai dernier par le tribunal de Bobigny, compte 140 magasins et 1 754 salariés travaillant dans plusieurs enseignes (Tati, Fabio Lucci, Gigastore...). Les différentes propositions de reprise seront examinées le 29 mai par le juge.