Blocage des raffineries : Total va «réviser sérieusement» ses projets d'investissements en France

Le blocage total ou partiel des cinq raffineries opérées par Total en France va conduire le groupe français à «réviser sérieusement» les investissements qu'il avait prévus pour restructurer le secteur, a prévenu le 24 mai son PDG, Patrick Pouyanné.
«C'est quelque part une forme de rupture du pacte qui lie à la fois nos employés et notre entreprise», a estimé Patrick Pouyanné, grand patron de Total, en marge de l'assemblée générale des actionnaires, à propos du blocages des raffineries de pétrole situées sur le territoire français. «Cela va nous conduire à réviser sérieusement les plans d'investissements que nous avons pour l'ensemble de ces sites en France. Si nos collègues veulent prendre en otage, pour une cause qui est étrangère à l'entreprise, un outil industriel, il faut qu'on se pose la question de savoir si c'est là que nous devons investir», a-t-il ajouté devant les journalistes.
En 2015, en France, Total avait poursuivi la restructuration de son activité de raffinage, incluant 600 millions d'investissements pour moderniser le site de Donges (Loire-Atlantique) et reconvertir celui de La Mède (Bouches-du-Rhône), moyennant la suppression sur ce dernier de 180 postes.
«Cela veut dire que nous allons regarder, notamment sur le plan de Donges, qui était un plan d'investissement lourd, si nous devons effectivement investir 500 millions d'euros. Je ne dis pas que nous ne le ferons pas, je vous dis simplement que nous devrons tirer des leçons de ce qui se passe et réviser ces plans», a-t-il précisé.
Concernant les stations-service Total, le PDG a assuré que son groupe mettait tout en œuvre pour assurer leur approvisionnement.
«J'en appelle justement à la responsabilité de nos clients pour qu'ils ne se précipitent pas en créant des ruptures artificielles, comme c'est en train de se passer dans des régions qui en fait, fondamentalement, n'ont pas de problème d'approvisionnement», a-t-il dit.
75 % des raffineries françaises bloquées
Six raffineries sur les huit que compte la France étaient touchées le 23 mai, contre quatre la veille. Ces blocages provoquent depuis plusieurs jours des difficultés d'approvisionnement des stations-service, poussant les automobilistes à se ruer aux pompes.
Selon le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, «autour de 20% des stations sont fermées ou en grande difficulté» sur les 12 000 que compte le pays.
Le blocage des raffineries de pétrole, en lien avec le mouvement de contestation du projet de loi travail, s'est encore durci le 24 mai, avec une intervention policière musclée pour débloquer le site pétrolier de Fos-sur-Mer dans le Sud-Est, tandis que les stations-services avaient des difficultés d'approvisionnement croissantes.