Crédit Suisse entraîne les banques européennes dans sa chute
Les déclarations du président de la Banque nationale saoudienne, premier actionnaire de Credit Suisse, ont aggravé la dégringolade de l’action de l’établissement alpin. La panique s’est propagée aux principales banques européennes.
Les actions des banques européennes ont chuté dans le sillage de l’effondrement des cours de Crédit Suisse. Ainsi, vers 11h30 GMT ce 16 mars, BNP Paribas perdait 11,11%, Société Générale 11,01% et Commerzbank 10,08%, tandis que le titre Crédit Suisse subissait une nouvelle perte de plus de 20%. Affectés par ces baisses, les indices européens perdaient de 2,9% à Francfort à 3,85% à Milan.
Ces mouvements ont été provoqués en grande partie par les déclarations de l’actionnaire saoudien de Crédit Suisse qui a refusé d’augmenter sa participation légèrement inférieure à 10% dans la deuxième banque du pays.
La Banque nationale saoudienne est devenue le premier actionnaire de Crédit Suisse lors d'une augmentation de capital en novembre 2022, lancée pour financer une lourde restructuration de la banque. Interrogé par Bloomberg TV quant à savoir si l'établissement saoudien pourrait investir davantage, son président, Ammar al-Khudairy, a clairement exclu cette option. «La réponse est : absolument pas», a-t-il déclaré, invoquant «plusieurs raisons en plus des plus simples, qui sont réglementaires et statutaires».
Pour sa part, le président de Credit suisse, Axel Lehmann, a affirmé lors d'une conférence pour le secteur bancaire en Arabie saoudite que l'établissement qu'il dirige n'avait pas besoin d'aide gouvernementale. Ça n'est «pas un sujet», a-t-il déclaré lors. «Nous avons de solides ratios financiers, un bilan solide», a-t-il insisté, assurant que la banque avait «le médicament » dont elle a besoin.
Quant au patron de la banque nationale saoudienne il a expliqué : «Nous détenons actuellement 9,8% de la banque. Si nous dépassons 10%, une série de nouvelles règles entrent en vigueur [et] nous ne sommes pas enclins à entrer dans un nouveau régime réglementaire.» Au regard du droit suisse, la Finma, l'autorité de surveillance des marchés, doit se prononcer si un actionnaire d'une grande banque dépasse le seuil de 10%.
Le franchissement de ce seuil de 10% dans la deuxième plus grande banque de Suisse pourrait susciter des remous dans le pays alpin alors que les actionnaires ont déjà vu leur participation diluée lors de l'augmentation de capital et ne cessent de voir la valeur de leur placement s'effondrer.
83% de chute du cours en deux ans
Le 15 mars, l'action a perdu en séance jusqu'à 23,6% touchant un nouveau point bas historique à 1,707 franc suisse. Le titre a perdu plus de 83% de sa valeur depuis mars 2021 et la faillite de la société financière britannique Greensill, qui avait marqué le début d'une série de scandales qui ont fragilisé la banque. Certains actionnaires ont fini par jeter l'éponge à l'image de la société d'investissement américaine Harris Associates, longtemps son plus gros actionnaire, qui avait révélé la semaine passée avoir entièrement vendu sa participation dans la banque.
Début février, Credit Suisse avait dévoilé une perte nette de 7,3 milliards de francs suisses [près de 7,4 milliards d'euros] pour l'exercice 2022 sur fond de retraits massifs de fonds de la part de ses clients et prévenu s'attendre encore à une perte avant impôts «substantielle» en 2023.
Les marchés sont fébriles à l'égard de Crédit Suisse après les secousses déclenchées par la faillite de la banque américaine SVB, la banque helvétique étant considérée comme le maillon faible du secteur en Suisse.