Guinée-Bissau : des officiers de l’armée prennent le pouvoir et arrêtent le président et l’ancien Premier ministre
© Anadolu Source: Gettyimages.ruLa situation demeure incertaine en Guinée-Bissau après l’annonce d’un putsch militaire. Des rapports de presse évoquent l’arrestation de l'ancien Premier ministre Domingos Simões Pereira. Les militaires ont suspendu le processus électoral et imposé un silence médiatique dans ce que certaines voix d’opposition qualifient de «coup d'État simulé».
En Guinée-Bissau, en milieu de journée du 26 novembre, après des tirs signalés près du palais présidentiel, un groupe d'officiers se réclamant du « Haut commandement militaire pour la restauration de l’ordre » a annoncé la prise de contrôle du pays « jusqu’à nouvel ordre ». Ils ont annulé les résultats de la présidentielle et des législatives, et suspendu les transmissions et les programmes dans les médias.
Le président Umaro Sissoco Embalo a confirmé lui-même son arrestation, tandis que des responsables du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) ont annoncé, sur les réseaux sociaux, l’arrestation de l’ancien Premier ministre, et figure majeure du même parti, Domingos Simões Pereira, dit DSP. Une arrestation qui reste, pour l'heure, non confirmée par les autorités.
« Camarades, nous vous informons que DSP a été arrêté aujourd’hui. Jusqu’à présent, il n’y a aucune information officielle sur le lieu où il a été conduit ni sur les circonstances spécifiques de son arrestation », a écrit Dionísio Pereira, membre du PAIGC, précisant plus tard que DSP et Otávio Lopes (un avocat) sont détenus dans les cellules du deuxième escadron à Bissau, et ajoutant que la situation « reste incertaine ».
Un coup d'État pour « garantir la sécurité » et « rétablir l’ordre »
Dans une déclaration lue au siège de l’état-major des forces armées par le général Denis N’Canha, la prise de pouvoir des militaires a été décidée « pour garantir la sécurité au niveau national et également rétablir l'ordre », indiquant la découverte d'un « plan visant à déstabiliser le pays avec l'implication des barons nationaux de la drogue », par les « renseignements généraux », qui « ont confirmé l'introduction d'armes dans le pays pour changer l'ordre constitutionnel ».
Selon RFI, la vie s’est arrêtée dans la capitale Bissau, où les rues ont été fermées, voire barricadées, avec la présence de militaires dans les rues et dans la périphérie de la ville, effectuant des contrôles des véhicules. Un couvre-feu a été décrété de 21 h 00 à 6 h 00, et un silence médiatique imposé, en plus de la fermeture de l’espace aérien.
Coup d'État « simulé » ?
Le Front populaire, une organisation de la société civile proche de l’opposition, parle d’un « coup d'État simulé » destiné à empêcher la publication des résultats électoraux, une interprétation partagée par l’ancien Premier ministre Aristides Gomes, qui a évoqué un « une mise en scène » : « Sinon, pourquoi arrêteraient-ils les chefs de l'opposition ? », s’est-il interrogé.
Pour sa part, Fernando Dias da Costa, candidat soutenu par l’opposition, continue de revendiquer sa victoire au premier tour et appelle les militaires à se tenir en retrait du processus électoral.