Algérie : les importations de semences françaises en net recul
© NurPhoto Source: Gettyimages.ruLa forte pression internationale et la fermeture des marchés russe, ukrainien et algérien aux semences françaises ont lourdement pénalisé le secteur agricole dans le pays, qui voit son excédent commercial chuter à des niveaux inédits depuis 40 ans.
Après les céréales, le lait en poudre et le bétail, c’est au tour des exportations de semences d’annoncer ce que l’économiste et historien Nicolas Baverez qualifiait de « Requiem pour l’agriculture française » dans une chronique du Figaro publiée le 23 novembre. La perte des marchés russe et ukrainien, ainsi que celle du marché algérien en matière de semences, fait passer l’agriculture hexagonale « du lent déclin à l’effondrement ».
En témoigne, selon Nicolas Baverez, la chute de l’excédent commercial de « 93 % sur les huit premiers mois de l’année, réduit à 350 millions d’euros contre 4,5 milliards en 2024 à la même date », risquant d’être nul, voire négatif en 2025 (étant déficitaire de 158 millions à la fin septembre), et ce pour la première fois depuis 40 ans.
« Une campagne semencière sous pression internationale »
L’agriculture française connaît une période difficile en 2024-2025, selon l’Union française des semenciers (UFS), qui a indiqué, en matière de semences, que « si le maïs et les céréales progressent, la filière doit composer avec la fermeture de marchés comme la Russie, l’Ukraine ou l’Algérie, désormais de plus en plus autonomes et protectionnistes ».
Le site spécialisé souligne une « campagne semencière sous pression internationale », marquée par des marchés qui se ferment et une concurrence accrue, en particulier avec la fermeture progressive des marchés russe et ukrainien, qui absorbaient 7 % des exportations françaises de semences en 2023-2024.
Les semences, un domaine stratégique en Russie et en Algérie
Pour le gouvernement russe, la production de semences constitue un secteur stratégique, d’où les « investissements massifs, des programmes de recherche financés et une fermeture quasi totale aux produits étrangers », évoqués par l’UFS, qui a également indiqué que « l’objectif russe était d’atteindre 75 % d’autonomie semencière en 2030. Il est déjà dépassé ». Pour sa part, AgroMatin fait état d’une « même dynamique en Algérie, où des lots français sont désormais refoulés pour des raisons politiques ».
L’Algérie a œuvré pour le développement de sa filière de production de semences depuis 1995, en investissant notamment dans 22 stations d’usinage de semences de céréales et dans le lancement d’un nouveau programme d’acquisition de 20 nouvelles stations dotées de technologies de pointe. Le pays fournit aussi des efforts pour développer la production de semences locales de pommes de terre, ce qui a permis de réduire les importations de 140 000 t à 50 000 t en 2020 et a ramené la facture des importations à 70 millions de dollars, selon le Centre national de contrôle et de certification des semences et plants (CNCC) en Algérie.