Madagascar : qui sont les figures majeures du nouveau pouvoir ?

Après plusieurs semaines de manifestations exigeant la démission du président Andry Rajoelina, le colonel Michael Randrianirina a annoncé la prise du pouvoir par l’armée et la mise en place d’un gouvernement de transition. En attendant, il dirige le pays aux côtés de Démosthène Pikulas et Mbina Mamelison.
À un moment où le président de la République de Madagascar, Andry Rajoelina, se trouve hors du pays, les militaires malgaches ont annoncé la prise du pouvoir à la suite du vote de destitution du président, effectué par l'Assemblée nationale. C’est désormais le Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques (CAPSAT) qui gère les affaires de l’île, jusqu’à la mise en place d’un gouvernement civil, prévu dans les jours à venir.
Les autorités militaires ont annoncé la dissolution du Sénat et de la Haute Cour constitutionnelle, tout en conservant l'Assemblée nationale. La Constitution sera abolie et un référendum sera organisé pour en rédiger une nouvelle. Un nouveau Premier ministre sera nommé avant la création d’un nouveau gouvernement. Les militaires ont également annoncé une période de transition de deux ans au maximum et la création d’un comité des forces de l'ordre et de l'armée chargé de mener le travail de la présidence malgache.
Michael Randrianirina, nouveau dirigeant de Madagascar
Michael Randrianirina, 51 ans, est colonel formé à l’Académie militaire d’Antsirabe (ACMIL). Il a commandé l’unité d’élite de l’armée qu’est le Corps d’appui à la protection des institutions (CAPSAT). Il a dirigé le bataillon d’infanterie de Tuléar, avant de devenir gouverneur de la région de l’Androy, d’où il est originaire, dans l’extrême sud de Madagascar, entre 2016 et 2018.
Connu pour ses positions critiques envers le pouvoir, qui lui ont valu une incarcération à la maison de force de Tsiafahy, au sud d’Antananarivo, entre novembre 2023 et février 2024, pour « incitation à la mutinerie militaire en vue d’un coup d’État », il a ensuite été condamné à un an de prison avec sursis pour « atteinte à la sûreté de l’État », mais a repris ses fonctions à sa sortie.
Démosthène Pikulas, nouveau chef d’état-major, et Nonos Mbina Mamelison à la tête de la gendarmerie
D’origine mixte (père grec et mère malgache), Démosthène Pikulas commandait jusqu'en 2021 un bataillon multimissions (BMM3) à Amboasary Atsimo, dans le sud de Madagascar. À ce poste, il dirigeait le Centre de coordination opérationnelle de lutte contre la sécheresse et la famine (Kere). À la tête de l'Académie militaire d'Antsirabe de 2019 à 2023, il a participé à des programmes de coopération militaire, notamment avec la Chine et la France.
Pour sa part, le général Nonos Mbina Mamelison est devenu le nouveau patron de la gendarmerie malgache depuis le 12 octobre dernier. Il a pour objectif de rétablir l’ordre dans les relations entre les différentes unités.
Pour rappel, les protestations ont commencé le 25 septembre à Madagascar sur fond de pénuries d'eau et d'électricité, avant d’évoluer plus tard en un mouvement contre la pauvreté et la corruption, exigeant la démission du président. Les heurts avec les forces de l’ordre ont fait au moins 22 morts et plus de 100 blessés, selon les chiffres de l'ONU, alors que le gouvernement malgache ne reconnaît qu’un bilan de 12 tués.