Sénégal : la souveraineté africaine au cœur des débats de la deuxième journée du Forum Invest in Sénégal

Un panel de haut niveau a eu lieu lors de la deuxième journée du forum d’investissement au Sénégal, réunissant les chefs de gouvernements du pays hôte, du Burkina Faso et du Niger. Les débats ont porté sur la renaissance continentale et la quête de souveraineté dans divers secteurs.
Pendant la seconde journée de la deuxième édition du Forum Invest In Sénégal qui se tient les 7 et 8 octobre à Diamniadio, les Premiers ministres du Sénégal, du Burkina Faso et du Niger ont participé à un panel de haut niveau placé sous le thème « Renaissance : résilience, innovation, transformation ». Les débats ont porté sur la souveraineté et la renaissance africaine dans plusieurs secteurs allant de la langue et de la culture à la gestion des ressources économiques et naturelles, en passant par la question monétaire.
Miser sur les langues nationales et réformer la monnaie ouest-africaine, selon Ousmane Sonko
Pour le Premier ministre sénégalais, la politique culturelle est extrêmement importante en matière de développement. La question de la langue et de la culture est devenue un élément de rivalité entre Afrique anglophone, francophone ou arabophone, d’où la nécessité de scruter cet élément de division au sein du continent.
Sur la question monétaire, Ousmane Sonko a interpellé les chefs d’État de la sous-région, dénonçant l’inaction persistante autour de la réforme du franc CFA. Il en a appelé au courage politique des dirigeants de l’Afrique de l’Ouest pour agir. « Prenons un exemple très simple, la monnaie pour la zone Afrique de l’Ouest. Et je demande à nos autorités – on a deux présidents de la République ici présents dans la salle – il nous faut avancer sur ces questions qui ont été résolues partout ailleurs dans le monde », a-t-il exhorté. Ousmane Sonko a remis la question de la souveraineté monétaire ouest-africaine au centre du débat en pointant le retard structurel du continent dans la gestion autonome de ses politiques économiques, en comparaison avec d’autres régions du monde qui ont réussi à moderniser leur système financier.
Il a conclu son propos en affirmant : « Il est temps que nos autorités prennent leurs responsabilités pour faire la réforme, autrement les peuples le feront à leur place ».
Rimtalba Jean-Emmanuel Ouédraogo appelle à briser les chaînes du néocolonialisme
Pour le Premier ministre burkinabè, la souveraineté sous sa forme économique, militaire ou sous toute autre forme, ne s’octroie pas. Elle est conquise dans un « esprit de sacrifice » et une disposition à « mener le combat pour briser toutes les chaînes », faute de quoi les richesses africaines ne profiteront pas aux populations, mais plutôt à ce qu’il a qualifié de « maître », se référant à l’ancien colonisateur.
Selon Rimtalba Jean-Emmanuel Ouédraogo, l’autre combat à mener est celui de la reconquête des identités africaines. Dans cette perspective, il a expliqué la perte d’identité de la jeunesse africaine par la méconnaissance de son histoire et le remplacement des modèles et des héros nationaux par ceux importés d’ailleurs. Cette perte de repères explique, selon lui, le désir d’immigration de la jeunesse africaine.
L’AES, un choix d’autonomie, selon Ali Mahaman Lamine Zeine
Dans son intervention, le Premier ministre nigérien a parlé de la création de l’Alliance des États du Sahel (AES), avec le Mali et le Burkina Faso, comme d'une initiative fondée sur une aspiration collective à l’autonomie, et non sur un repli isolationniste. Selon lui, cette alliance repose sur une volonté résolue de rompre avec les chaînes de dépendance historiques afin de valoriser les ressources naturelles abondantes dont le continent a été doté.
« Parce que Dieu nous a dotés de ressources, nous pouvons nous prendre en charge », a-t-il déclaré, affirmant l’ouverture de son pays aux investisseurs internationaux, à condition que les partenariats soient équitables et durables, rappelant la fin de l’ère de l’exploitation unilatérale des États d’Afrique, où l’on pouvait prélever les ressources sans contrepartie.