Afrique : lancement d'une plateforme panafricaine d'échange de devises locales

Afrique : lancement d'une plateforme panafricaine d'échange de devises locales© Facebook / African Export Import Bank - Afreximbank
Kanayo Awani, vice-présidente exécutive d'Afreximbank, qui porte le projet PAPSS.
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Malgré une volonté croissante d'intégration régionale, les échanges commerciaux intra-africains restent entravés par la dépendance aux devises étrangères. Cette situation génère des milliards de dollars de surcoûts pour les entreprises du continent. Pour y remédier, une plateforme inédite vient d'être lancée : l’African Currency Marketplace.

Sur le continent africain, une transaction commerciale entre deux pays voisins peut paradoxalement transiter par des places financières éloignées. Cette dépendance aux devises étrangères dans des échanges pourtant régionaux est l’un des paradoxes qui freinent le commerce intra-africain.

Pour y répondre, le continent s’appuie sur des solutions endogènes. La plus avancée d’entre elles, le PAPSS, système panafricain de paiement et de règlement, vient de franchir un nouveau cap avec le lancement, fin juin 2025, du PAPSS African Currency Marketplace (PACM), annoncé en marge des assemblées annuelles d’Afreximbank à Abuja (Nigeria).

Une alternative aux devises étrangères

Mis en œuvre par Afreximbank, le PAPSS a été lancé en 2022 pour permettre des paiements transfrontaliers instantanés en monnaies locales. Plus de 150 banques dans 17 pays y sont déjà connectées. Le système contourne les correspondants bancaires étrangers, en permettant aux acheteurs et aux vendeurs de recevoir les paiements dans leurs devises respectives.

Selon les données d’Afreximbank, les surcoûts générés par le recours aux devises étrangères pour des transactions entre pays africains atteindraient environ 5 milliards de dollars par an, en frais bancaires, délais et pertes de change. Une charge qui nuit directement à la compétitivité des entreprises locales.

La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) estime, elle, que le commerce en Afrique coûte 50 % plus cher que la moyenne mondiale, en partie à cause des obstacles monétaires. Malgré les efforts d'intégration, 84 % du commerce africain se fait encore avec des pays extérieurs plutôt qu’entre États du continent, selon le groupe MCB. Et la majorité des banques africaines restent dépendantes de réseaux bancaires étrangers pour effectuer des virements transfrontaliers.

Une place de marché sécurisée pour les devises africaines

Jusqu’ici, le PAPSS ne permettait pas la convertibilité directe entre toutes les devises locales. Cette limite vient d’être levée avec le lancement de l’African Currency Marketplace (PACM). Cette place de marché électronique offre désormais aux entreprises la possibilité d’échanger directement des devises africaines sur un carnet d’ordres sécurisé, fondé sur une blockchain privée réservée aux institutions autorisées.

Plus de 80 entreprises ont participé à une phase pilote impliquant 12 paires de devises, selon les données communiquées par Afreximbank. Objectif : créer un unique bassin de liquidités à l’échelle continentale, selon Mike Ogbalu, directeur général du PAPSS.

Libérer des capitaux et réduire les coûts

Au-delà de la réduction des coûts, l’initiative vise à débloquer des fonds immobilisés dans des pays où les conversions de devises sont limitées. En 2024, selon l’Association internationale du transport aérien (IATA), plus de 800 millions de dollars de revenus générés localement par des compagnies aériennes étaient gelés dans une douzaine de pays africains.
Grâce au PACM, une entreprise comme Kenya Airways peut désormais convertir ses recettes libellées en nairas nigérians directement en shillings kényans, sans passer par une monnaie tierce. Plusieurs entreprises, comme ZEP-RE ou Access View Africa, ont déjà salué une solution « attendue de longue date ».

Une étape vers l’intégration continentale

Pour ses concepteurs, la mise en place de cette infrastructure marque une avancée majeure dans la construction d’un marché financier africain intégré, en phase avec les ambitions de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). « Il ne s’agit pas seulement d’innovation technologique, mais d’un pas concret vers une vision continentale », a déclaré Ernest Mbenkum, fondateur d’Interstellar, l’entreprise technologique qui a développé la plateforme.

Selon Afreximbank, l’outil pourrait également renforcer la souveraineté monétaire du continent, tout en suscitant l’intérêt de partenaires extérieurs. Le défi reste toutefois d’élargir son adoption : davantage d’États et d’institutions financières doivent rejoindre le système pour assurer l’interopérabilité avec d’autres réseaux régionaux et en faire un véritable standard africain.

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